
De 1995 à 1999, Paola Yacoub a été l’architecte du site des fouilles archéologiques de l’institut Français d’Archéologie du Proche Orient. Il s’agissait d’une fouille d’urgence. Les bâtiments du centre-ville avaient été détruits ou endommagés lors de la guerre civile de 1975 à 1990. Le centre-ville de Beyrouth est vite devenu une zone interdite, minée, entourée de snippers durant toutes ces années. Les futurs aménageurs ont fait en sorte que la plupart des bâtiments encore épargnés soient aussi démolis. Ne restait qu’un no mans land. Avant que la construction du nouveau centre-ville ne commence, des fouilles archéologiques ont été entreprises sur toute la zone. Plusieurs équipes libanaises et internationales ont participé à ce projet.

Paola Yacoub travaillait pour l’Institut français d’archéologie du Proche Orient sur le site Bey 002. Ces fouilles ont été menées sous forte tension. Sous la pression des aménageurs,dans un contexte géopolitique, militaire difficile, l’armée syrienne occupait une grande partie du Liban dont Beyrouth. Ainsi le site était gardé à tour de rôle par des soldats libanais et syriens. La contribution archéologique du site BEY002 a été importante. 6 époques se sont superposées sur ce sol : ottomane, byzantine, romaines impériale et républicaine, hellénistique et perse. Entre autres, ces fouilles ont mis à jour des relations jusque là inconnues que la ville de Beyrouth entretenait avec Délos en Grèce.

Plusieurs fragments de statuettes perses, féminines et masculines, du type cavalier, ont été trouvés. Paola Yacoub était chargée de relever les différentes strates au fur et à mesure qu’elles émergeaient. Pour faciliter la lecture de ses relevés, elle a créé un code graphique inédit : elle a affecté une couleur à chaque strate au fur et à mesure qu’elles étaient découvertes. En 2014, un carton pour un tapis destiné au Manufacture des Gobelins a été réalisé à partir d’un de ces relevés. Il représente un sol byzantin pris en tenaille entre deux murs. Il s'agit probablement d'habitations. Ce relevé exprime, par les couleurs, ces stratifications superposées. Il donne ainsi à voir plusieurs millénaires de métissage et de migration des cultures. Recopié sur le tapis, ce motif archéologique repose de nouveau sur le sol.Il y ouvre l'abime des civilisations antiques qui y sont superposées.

Tapis réalisé en 1683 jours de tissage.
4m,82 x 3,54m
20 kilos de laine
53 couleurs
Chef de pièce : Samira Chikoune, puis Dominique Monte, puis Marie-Hélène Blanchard
Liciers : Fatima Benahmed ; Amaria Messaoudi ; Benoît Jorba ; Morgane Pognard ; Embarka Noureddine







































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