Suite à la réforme territoriale, le Limousin est, depuis le 1er janvier 2016, intégré à la Nouvelle-Aquitaine, aussi ce Bilan scientifique régional est-il le dernier publié sous cette forme. L’activité de l’année 2016 aura été réalisée dans le nouveau cadre administratif et il paraît donc légitime que son édition soit désormais incorporée à celle du bilan archéologique de la Nouvelle-Aquitaine, sous une forme qui reste à définir. L’année 2015 est marquée par une certaine stabilité des effectifs et de la répartition des tâches dans le service, avant un inévitable renouvellement partiel en 2016.
Le bilan de 2015 témoigne de la poursuite d’une légère progression du nombre d’opérations. Concernant l’archéologie préventive, les dossiers reçus par le service (525) sont pour plus des trois quarts des permis de construire ou des autorisations d’aménager. Les études d’impact et aménagements de bourgs représentent néanmoins 16 % des dossiers traités. Le reste (6 %) est constitué de travaux sur monuments historiques et d’études de bâti. L’INRAP a réalisé 39 diagnostics. Huit fouilles préventives, le plus souvent liées aux résultats de diagnostics antérieurs, ont été commencées ou achevées en 2015, toutes par des opérateurs privés. On notera des opérations de suivi de travaux d’aménagement qui ont apporté un lot d’informations importantes malgré leur faible surface : par exemple, à Guéret, les opérations précédant l’une l’enterrement de conteneurs à poubelles, l’autre la mise en place d’un réseau de chaleur ont notamment permis de redéfinir les espaces sépulcraux médiévaux et modernes.
Si, comme on peut s’y attendre, les opérations préventives apparaissent plus nombreuses dans les agglomérations et leur périphérie (Limoges, Saint-Junien, Guéret et Brive-la-Gaillarde), les cartes révèlent une relativement bonne répartition géographique des opérations archéologiques sur le territoire régional. Les interventions en amont de réaménagements de bourgs ou avant travaux sur des édifices protégés au titre des monuments historiques y contribuent, mais c’est aussi largement le fait des opérations programmées. En effet, des secteurs ruraux, y compris la Montagne limousine, font l’objet de prospections, de sondages et de fouilles autorisés et subventionnés par la DRAC (service régional de l’archéologie). Toutes ces opérations permettent de connaître de nouveaux sites et de mieux cerner et interpréter des sites déjà répertoriés. On citera notamment, pour la période antique, les apports de l’équipe du Projet Collectif de Recherche sur la moyenne Montagne limousine, dirigé par un enseignant de l’Université de Clermont-Ferrand, sans oublier les recherches menées sur la Protohistoire à la limite de l’Auvergne. Toutes ces opérations programmées ont vocation a être poursuivies dans la mesure où le responsable peut continuer à assurer les recherches et leur publication.
D’un point de vue chronologique, le Paléolithique reste très faiblement représenté, avec une concentration exclusive dans le bassin de Brive. La Protohistoire fait l’objet d’opérations plus nombreuses, aussi bien dans le cadre préventif que programmé, notamment, pour ce dernier, sur des sites d’éperon ou des promontoires. L’Antiquité constitue plus du quart des opérations, dont on retient, parmi des types d’occupations variés, la mise au jour d’ateliers artisanaux lors de diagnostics. Enfin, le Moyen Âge est nettement prépondérant, puisque la moitié des sites étudiés livre des éléments de cette période. Parmi ceux-ci, le haut Moyen Âge est remarquablement présent, essentiellement sur des édifices religieux ou des espaces funéraires. Plusieurs investigations témoignent d’une attention particulière portée à la transition entre le monde antique et les débuts du millénaire médiéval. Les autres opérations portant sur le Moyen Âge se partagent entre des sites religieux, prieuré, abbaye, églises et leur cimetière, et des sites fortifiés, mottes castrales, enceintes de bourgs et maisons fortes.
La conservation des sites et des objets exceptionnels est une préoccupation importante qui s’est manifestée en 2015 par la présentation devant les commissions concernées pour une protection au titre des monuments historiques des objets du dépôt guerrier de Tintignac, du site du Champ du Palais à Bugeat, de celui des Jaillants à Pradines, de La Mazière à Gourdon-Murat. Parallèlement, la donation des collections de l’association Fondation Marius Vazeilles à la commune de Meymac en garantit la pérennité et la valorisation sur le long terme.
Martine FABIOUX
Chef du Département architecture et patrimoine
DRAC Limousin (jusqu’au 31 décembre 2015)
Hélène MOUSSET,
Conservatrice régionale adjointe de l’archéologie
DRAC Nouvelle-Aquitaine, site de Limoges (depuis le 1er juin 2016)
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