Pavillon-s témoins est un rendez-vous annuel et estival avec, cette année, de nombreux spectacles, pouvez-vous nous présenter ce projet ?
La première édition des Pavillons témoins a eu lieu du 8 au 29 juillet 2023 à La Grand’Mare dans les Hauts-de-Rouen et dans quatre communes formant la Boucle de Roumare : Val-de-la-Haye, Hautot-sur-Seine, Sahurs et Saint-Pierre-de-Manneville.
La deuxième édition se déroule à nouveau à la Grand’Mare du 26 juin au 20 juillet 2024, dans la boucle de Roumare du 24 juin au 12 juillet 2024, ainsi que dans une troisième commune : Franqueville-Saint-Pierre du 24 juin au 13 juillet 2024.
Par ailleurs, cette deuxième saison des Pavillon-s témoins est l’occasion de renforcer la présence des arts vivants avec un programme de performances et temps forts.
Tous les évènements proposés sont gratuits.
Ce projet est pensé avec des artistes qui sont d’ores et déjà intéressés dans leur pratique par la question de l’espace public et de la relation aux habitants.
Certaines équipes artistiques participant aux Pavillon-s témoins sont déjà implantées sur le territoire de la Métropole, ce qui permet de renforcer la pérennité et la visibilité de leur travail.
Les projets artistiques sont travaillés en pertinence avec la singularité des territoires. Pour cela, chaque équipe artistique visite en amont les différentes communes et/ou quartiers dans lesquels elles interviennent, afin de travailler à la préfiguration de leur projet et à sa cohérence avec les lieux et les habitants.
Treize équipes artistiques, de différents champs disciplinaires participent aux Pavillon-s témoins 2024 : Alice Baude, Camille Bazbaz, le Collectif Embuscade, Laure Delamotte-Legrand, Hubert Michel, la Compagnie Li(luio) / Camille Mutel, Stéphane Norbert, bi-p / Mickaël Phelippeau, la compagnie PARC / Pierre Pontvianne, la Presque Compagnie / Charlotte Rousseau, Nicolas Simarik, le premier épisode / Yoann Thommerel et Emmanuelle Vo-Dinh.
Vous participez à l’Été culturel pour la seconde année. Quelle est l'importance pour Pavillon-s de s’associer à cette manifestation nationale ?
L’été culturel, porté par le ministère de la Culture rejoint les problématiques qu’Emmanuelle Vo-Dinh et moi-même avons travaillé dans la conception des Pavillon-s témoins :
- apprendre à connaître avec la précieuse complicité et le soutien de la Métropole Rouen Normandie et de la Ville de Rouen des territoires qui même s’ils font partie d’une Métropole, ne bénéficient pas ou peu de projets artistiques et y nouer des relations de confiance ;
- travailler ce projet en grande proximité avec les équipes municipales des villages et petites villes et initier de nouvelles synergies ;
- repérer et proposer à des équipes artistiques de travailler à des projets pensés pour « faire partie du paysage » de ces territoires où ils sont habituellement peu ou pas présents ;
- donner la possibilité aux habitants et habitantes d'y prendre part s’ils ou elles le souhaitent. ;
- impliquer dans ce projet toutes les forces vives des territoires (habitants, associations, bibliothèques, commerces de proximité, travailleurs sociaux, écoles, centres de loisirs…) ;
- soutenir financièrement et humainement les processus de création des artistes prenant part aux Pavillon-s témoins et ayant accepté les règles du jeu du projet (présence d’au moins 2 semaines, liens directs avec les habitants, base de soutien financier identique pour tous les artistes, sobriété technique afin de se fondre dans le paysage, réactivité pour s’adapter aux éventuelles intempéries climatiques…) ;
- accompagner et soutenir des projets artistiques (portés par des artistes de différentes générations et de différents champs disciplinaires, normands ou non). dont les processus de création sont pensés spécifiquement pour et/ou avec des habitants ;
- mettre en place une équipe de stagiaires indemnisés, issus de différentes formations (école d’art, métiers de la culture, sciences-politiques) afin de découvrir, d’accompagner et éventuellement assister les artistes dans leurs projets.
Pour toutes ces raisons la consolidation et la pérennité de l’Été culturel me semblent essentiels.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples de certains des projets artistiques menés cette année dans le cadre des Pavillon-s témoins?
Correspondances de Laure-Delamotte-Legrand, - du 24 juin au 19 juillet dans la Boucle de Roumare, à Franqueville-Saint-Pierre et à la Grand'Mare.
Laure Delamotte-Legrand est à la fois plasticienne, vidéaste et scénographe. Son projet Correspondances traverse les trois territoires des Pavillon-s témoins par le biais de la photographie et engage une correspondance visuelle entre des habitants qui ne se croisent habituellement pas. Les photographies créés avec les citoyens et citoyennes sont des doubles portraits personne et lieu. À l’issue de chaque séance, le cliché est imprimé pour devenir carte postale. Celle-ci est offerte à la personne suivante qui y répond par une nouvelle photographie, créant ainsi une mosaïque de correspondances sensibles entre habitants.
Ces Correspondances sont ensuite mises en scène afin d’être partagées avec les habitants de chaque territoire en clôture, pour chaque territoire, des Pavillon-s témoins.
Le Cabinet de curiosités sonores de Stéphane Norbert, dans la Boucle de Roumare du 1er au 5 juillet.
Stéphane Norbert est musicien, percussionniste, batteur, compositeur et directeur de So Loops.
Avec Le Cabinet de curiosités sonores, Stéphane Norbert a réuni des personnes musiciennes ou non-musiciennes autour d’un projet sonore, percussif et surprenant. Celles-ci se sont réunies tous les soirs d’une semaine pour préparer l’événement et ont transformé une salle du château de Hautot-sur-Seine en salon de musique expérimentale. Les participants, de tous les âges, ont pu jouer de différents instruments à percussions, plus ou moins conventionnels (tambours, cymbales, tuyaux, verres accordés, balles de ping-pong, ballons de basket, feuilles plastiques, percussions corporelles …). Un concert expérimental, véritable bain sonore, a ainsi pris forme : assis au centre de la pièce et entouré de tous les protagonistes, le public a été invité a pu vivre un concert surprise spatialisé.
œ - matière de la Cie PARC / Pierre Pontvianne, à la Grand ‘Mare du 8 au 12 juillet
Pierre Pontvianne est chorégraphe, il a fondé la Compagnie Parc à Saint-Étienne en 2004. La compagnie PARC a créé la pièce œ en 2023 pour des plateaux. Avec œ-matière, Pierre Pontvianne souhaite donner d’autres vies à la matière créée pour ce spectacle et investir différents endroits de la cité. Pour les Pavillon-s témoins, Grand-Mare (l’équipe artistique de œ) a travaillé à différentes déclinaisons possibles des matières et cellules chorégraphiques de la création de 2023 dans l’espace public ou en intérieur. Des surgissements chorégraphiques ont ainsi été proposés dans le quotidien des habitants de la Grand’Mare et ont donné lieu à des échanges nourris avec eux.
Pour l’équipe artistique, ce processus permet à la fois d’explorer d’autres vies possibles d’un spectacle et de rencontrer des publics ne fréquentant pas les salles de spectacle.
« oe-matière donne une nouvelle occasion de toucher du doigt la fugacité et la force des liens qui dessinent et creusent les vides que nous laissons, ces liens qui nous traversent et font de nous, finalement, des passeurs. »
Comme l’explique Pierre Pontvianne,
Anthologie poétique incomplète du plateau Est d'Alice Baude, à Franqueville-Saint-Pierre du 8 au 13 juillet.
Alice Baude est artiste plasticienne, poète et performeuse. Avec l’Anthologie poétique incomplète du plateau Est, Alice Baude nous a proposé d’approcher le territoire de Franqueville-Saint-Pierre dans une dimension poétique vivante : écrire et faire écrire pour créer une édition poétique artisanale rassemblant les textes écrits par les habitants.
Alice aime composer, sur commande, des poèmes pour les gens, sur les thèmes de leurs choix. En échange, elle leur a demandé de lui déposer, dans une boîte aux lettres, un texte (trouvé dans un livre avec les références, un texte d’eux ou de quelqu’un qu’ils connaissent).
L’ensemble des textes récoltés ont été assemblés dans l’Anthologie poétique incomplète du plateau Est, qui a été imprimée à 150 exemplaires et partagée avec les habitants le samedi 13 juillet.
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