Des découvertes exceptionnelles sous les fondations
La campagne de fouilles, basée sur dix sondages de petite taille (4 m² chacun), visait à garantir la préservation du patrimoine historique tout en permettant l’installation de micro-pieux nécessaires au futur aménagement. Malgré des contraintes liées à des interventions modernes, telles que la présence de dalles en béton armé, les découvertes réalisées offrent une vision fascinante des différentes strates historiques du site.
Un imposant mur de fortifications
L’une des découvertes majeures concerne un large mur orienté nord-sud, situé dans la partie ouest de la fouille. Cette structure pourrait correspondre à une portion de l’enceinte de l’Antiquité tardive, appelée castrum, datant des IIIe-IVe siècles. Ce mur avait été partiellement observé dans les années 1950 lors de travaux sur le mur nord de l’église, mais les fouilles ont permis une étude plus approfondie de cette défense, qui protégeait autrefois Rouen des invasions.
Les traces d’une église antérieure
Dans les parties nord et est des sondages, les archéologues ont identifié plusieurs phases de constructions successives. Ces vestiges incluent des sols et des maçonneries qui témoignent de l’évolution de l’église à travers les siècles. Une structure, interprétée comme une marche ou un seuil, pourrait indiquer l’emplacement d’une entrée latérale décalée pour s’adapter à la proximité des fortifications. L’étude détaillée de ces maçonneries pourrait permettre de reconstituer une esquisse du plan de l’église antérieure, renforçant ainsi la compréhension de son évolution architecturale. Toutefois, rien ne vient encore relier ces vestiges à la première mention de l’église en 1006 (charte de Richard II, duc de Normandie, confirmant la dépendance de Saint-Pierre-du-Châtel à l’abbaye de Fécamp).
Une utilisation funéraire marquée
Les fouilles ont également révèlé une occupation funéraire importante, avec la découverte de sépultures en place et d’ossements isolés perturbés. Les sépultures, datées principalement de l’époque moderne, montrent une diversité de pratiques : cercueils cloués, formes trapézoïdales, et parfois linceuls maintenus par des épingles. Bien que les sépultures d’enfants soient rares, une trentaine de sépultures adultes, masculines et féminines, ont été documentées jusqu’à présent. Ces observations offrent des indications précieuses sur les usages religieux et sociaux à différentes périodes et sur la population rouennaise.
Un projet alliant modernité et respect du patrimoine
Les résultats de cette fouille viennent enrichir la compréhension historique et architecturale de Saint-Pierre-du-Châtel, tout en s’intégrant harmonieusement dans le projet de reconversion. Porté par Babel Architectes, il prévoit de transformer l’ancienne église en un lieu moderne et convivial, tout en valorisant ses caractéristiques historiques. La terrasse panoramique qui surplombera les quais de Seine promet d’offrir aux visiteurs une expérience unique, entre passé et présent.
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Une plongée dans l’histoire de Rouen
Au-delà de leur valeur scientifique, les découvertes réalisées à Saint-Pierre-du-Châtel offrent une nouvelle opportunité de raconter l’histoire de Rouen, ville à la croisée des héritages normand et européen. Ces vestiges, qu’il s’agisse du castrum, des phases successives de l’église ou des sépultures, rappellent le rôle central de Rouen dans l’histoire militaire, religieuse et urbaine.
Les résultats finaux de ces fouilles, une fois analysés, seront partagés avec le public, permettant à chacun de découvrir cette richesse historique insoupçonnée. Rouen continue ainsi de se dévoiler comme une ville où chaque pierre recèle un fragment d’histoire.
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