Le Festival de Royaumont, véritable phare de la scène artistique, propose un voyage fascinant à travers les époques et les genres. Durant 10 jours, 20 rendez-vous programmés où se croisent des artistes confirmés et des talents émergents. Une invitation à redécouvrir la musique ancienne et la création contemporaine, où la recherche chorégraphique se mêle à des dialogues transculturels, reflétant l'essence même de ce haut lieu culturel.
À l’aube de son départ en 2025, Francis Maréchal, directeur général de la Fondation Royaumont, dévoile avec enthousiasme une programmation foisonnante, marquant le soixantième anniversaire de la Fondation. Dans son éditorial intitulé "Le triomphe du Temps", il revient sur les débuts de son engagement, évoquant une époque où l’enseignement du chant en France peinait à produire des voix de qualité.
"Au début des années 80, il m’est apparu que l’enseignement du chant ne produisait plus de chanteurs de bon niveau en France. Que du côté du répertoire, on ne se trouvait qu’aux prémices du renouveau de l’interprétation de la musique baroque et que les musiques du Moyen Âge étaient tout simplement un continent oublié, à peine enseigné, à l’écart de la recherche. Quant à la création musicale… Grandes étaient les réticences des compositeurs à écrire des œuvres pour la voix", confie-t-il. Ces observations ont alors posé les bases d’un nouveau projet pour la Fondation. Un projet qui, tout en évoluant au fil des ans, reste ancré dans ses orientations fondatrices, enrichies par d’autres disciplines, comme la danse, introduite en 1995 sous l’impulsion de Susan Buirge.
Cette édition est marquée par la rencontre entre artistes reconnus et jeunes talents, offrant des interprétations inédites des grands classiques tout en mettant en avant des créations contemporaines. Francis Maréchal rend hommage aux "grands anciens" tout en saluant la créativité de la nouvelle génération : "Le retour de Jocelyn Mienniel associé au poète et traducteur Olivier Cadiot, un des acteurs majeurs du Centre de Poésie & Traductions que j’avais créé en 1984 avec Bernard Noël, offriront une relecture étonnante du chef d’œuvre de Gustav Mahler, "Le Chant de la Terre". L’opéra "Madame Butterfly" de Puccini sera quant à lui revisité par huit jeunes compositeurs" apportant une nouvelle perspective à cette œuvre emblématique. Les chanteurs des Cris de Paris, accueillis en résidence de 2010 à 2012 "deviendront danseurs sous la houlette de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain dans une nouvelle version de "Tumulus", spectacle "incubé" à Royaumont : le ton sera donné dès le week-end d’ouverture !" se réjouit Francis Maréchal.
Le directeur général rappelle l'importance de figures incontournables telles que Vincent Dumestre, luthiste et chef d’orchestre, qui avec son ensemble, le Poème Harmonique, a marqué les esprits avec une interprétation phénoménale du "Bourgeois gentilhomme" à l’abbaye de Royaumont. Philippe Herreweghe, autre pilier de l’histoire de la Fondation, revient cette année pour la première fois avec l’Orchestre des Champs-Élysées : "Pour nous offrir la première version de la 8e symphonie d’Anton Bruckner, un monument du répertoire symphonique".
La Danse investira "les différents espaces de l’abbaye avec une déambulation conçue par Thomas Lebrun, tandis que les jeunes chorégraphes Chloé Zamboni, Alexis Jestin et Leïla Ka jalonneront les week-ends du festival. Naïssam Jalal, en résidence à Royaumont, nous offrira le fruit des rencontres faites lors de ses récents voyages en Inde."
Les créations des tout jeunes ensembles ApotropaïK et Arborescence, témoignent de cet esprit de transmission qui anime la Fondation. Sous la direction de Francis Maréchal, le Festival de Royaumont tisse un lien subtil entre tradition et modernité, célébrant à la fois l’héritage du passé et l’audace des réinterprétations contemporaines.
"vous retrouver une dernière fois à l’occasion de cette édition du soixantenaire de la Fondation Royaumont, ma passion"
Le Festival se termine par deux concerts dédiés à Georg Friedrich Händel, avec un hommage à son contemporain Domenico Scarlatti. Le claveciniste Francesco Corti, passé par les Musiciens du Louvre de Marc Minkowski, les Talens Lyriques de Christophe Rousset ou le Concert des Nations de Jordi Savall, William Christie, pionnier de l’interprétation du répertoire baroque, ainsi que les Arts Florissants et les jeunes talents du Jardin des Voix et de la Fondation, préparent déjà les prochains rendez-vous musicaux à l'abbaye.
"La conclusion de ce festival hors normes sera apportée par les Arts florissants dirigés par William Christie, qui enseigna à Royaumont dès 1980, y révélant avec René Jacobs la première génération de chanteurs spécialisés dans le répertoire baroque ! Associant lauréats du "Jardin des Voix" et de la Fondation Royaumont, William Christie et Georg-Friedrich Händel célébreront avec nous Le Triomphe du Temps et de la Désillusion".
Pour cette dernière édition sous sa direction, Francis Maréchal exprime son attachement profond à la Fondation Royaumont : "J’espère de tout cœur vous retrouver une dernière fois à l’occasion de cette édition du soixantenaire de la Fondation Royaumont, ma passion".
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