Après plus d’un an de travaux, le musée de l’Hôtel-Dieu a rouvert ses portes lors d’un week-end gratuit, les 16 et 17 février. Le bâtiment qui a bénéficié d’une première réhabilitation, propose également une toute nouvelle muséographie mettant en valeur les œuvres d’un grand peintre néo-impressionniste, Maximilien Luce, et les richesses du patrimoine local.
Visuels accompagnant la réouverture du Musée © Ville de Mantes-la-Jolie |
Un kit pédagogique facilite la découverte des œuvres du musée par les enfants © Ville de Mantes-la-Jolie
|
Visuels accompagnant la réouverture du Musée © Ville de Mantes-la-Jolie |
Le musée de l’Hôtel-Dieu se situe dans l’ancien Hôtel- Dieu de Mantes-la-Jolie qui existait à cet emplacement depuis le XIVe siècle mais dont le bâtiment date de 1675. Les travaux de rénovation menés par Stefan Manciulescu, Architecte en Chef des Monuments Historiques, ont redonné au monument son lustre ancien. Les murs ont été nettoyés et restaurés et les menuiseries ont retrouvé une teinte grise typique des édifices religieux de l’époque.
Détails de la réfection du bâtiment
Partie muséographie-scénographie
Les travaux de restauration se poursuivent en 2019, notamment sur la belle façade de style classique de la chapelle. Ils visent à la fois à remettre en état certains éléments et à rétablir le caractère esthétique de l’architecture. Le coût total du projet est de 1 352 832€, financés en partie par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), la Région Île-de-France et le Département des Yvelines. |
une muséographie centrée sur
Maximilien Luce
Le musée de l’Hôtel-Dieu conserve un ensemble patrimonial remarquable : le dépôt lapidaire de la Collégiale Notre-Dame, comprenant de nombreuses sculptures médiévales mais aussi le fonds Maximilien Luce, légué en 1971 par son fils, Frédéric, à la Ville de Mantes-la-Jolie. Il s’agit de la plus grande collection dédiée à l’artiste en France.
Celle-ci sera désormais visible de façon permanente au premier étage du musée, dans un parcours consacré à la découverte de sa vie et de son œuvre. Le cabinet d’architecture Ardeto et la scénographe Catalina Defta ont créé une nouvelle muséographie. La chapelle proprement dite est mise en valeur, les murs en pierre ayant été restaurés et les baies dégagées. Les tableaux de Luce y sont présentées dans des conditions optimales.
Jean-Baptiste Camille Corot, "La Fuite en Egypte", vers 1850, Dépôt de la ville de Rosny-sur-Seine, restauré grâce au soutien de la Sauvegarde de l’Art français © RMN-Grand Palais / Philipp Bernard |
"La Gare de l’Est sous la neige", huile sur toile, 1917, 162 x 130 cm © Ville de Mantes-la-Jolie |
Les aménagements offrent un nouveau confort de visite. Ils garantissent et améliorent la conservation des œuvres puisque de nouveaux systèmes d’éclairage et de stores ont été installés. Le plan s’adapte à la configuration rectangulaire et allongée de la salle, ancienne nef de la chapelle. Il propose une mise en abyme : au centre, une "boîte" accueille le cabinet d’arts graphiques qui présente les dessins et estampes. C’est le coeur du parcours car Luce a d’abord eu une formation de graveur sur bois et a toute sa vie été un grand dessinateur et illustrateur de presse, notamment anarchiste. Le visiteur est amené à tourner autour de la boîte pour découvrir de façon chrono-thématique les œuvres peintes de Luce. D’abord celles de sa première période, lorsqu’il était encore élève dans les ateliers parisiens de grands maîtres, puis celles de sa période néo-impressionniste usant de la touche pointilliste et des teintes violettes qui lui sont chères.
Puis, deux salles abordent deux thèmes importants : le monde ouvrier et la peinture d’histoire, avec les toiles illustrant la Commune et la Première Guerre mondiale. Les derniers espaces sont consacrés aux paysages qu’il a peints lors de ses voyages en Hollande, en Bretagne ou en Normandie. Enfin, le parcours se termine sur les œuvres que Luce a réalisées à la fin de sa vie dans le Mantois et à Rolleboise.
Des dépôts exceptionnels À l’occasion de cette réouverture, les visiteurs ont pu admirer deux toiles exceptionnelles. Un "autoportrait" de Maximilien Luce, dépôt du Musée départemental Maurice-Denis de Saint-Germain-en-Laye et "La Fuite en Égypte" de Jean-Baptiste Camille Corot, dépôt de la ville de Rosny-sur-Seine. Maximilien Luce, "Autoportrait", vers 1910, huile sur toile, dépôt du musée Départemental Maurice-Denis de Saint-Germain-en-Laye, dépôt 2018, inv. PMD984.16.1 - © RMN-Grand Palais/ Benoît Touchard |
une institution touristique
Le Musée de l’Hôtel-Dieu se positionne comme une institution culturelle centrale de la Communauté Urbaine GPS&O. Seul musée de Beaux-Arts du territoire, il se trouve sur la route des peintres impressionnistes, à quelques kilomètres de Giverny, Pontoise et Paris et permet de découvrir un grand peintre néo-impressionniste. Situé dans le cœur historique de la ville et à quelques pas du quai croisière, le musée a vocation à séduire les visiteurs de région parisienne mais aussi plus largement, les touristes venus de France et de l’étranger de plus en plus nombreux à saisir le potentiel culturel de la région.
Biographie Maximilien Luce fut un homme au caractère entier et bien trempé, vivant et peignant selon ses idéaux. Son autoportrait dévoile, derrière son distinctif chapeau et ses lunettes rondes, un homme au regard franc et direct. La simplicité de sa pose est bien celle d’un artiste fuyant les hommages et mondanités. Luce fut aussi un humaniste, un camarade fidèle et généreux qui a entretenu des amitiés vraies et passionnantes avec ses contemporains. La carrière de Luce s’inscrivit dans la lignée des impressionnistes et trouva son épanouissement lors de la fugace mais intense aventure Néo-impressionniste, qui le fit découvrir et lui apporta la reconnaissance dont il jouit encore aujourd’hui. Luce fréquenta les plus grands artistes de son temps et reçut les soutiens de grands critiques tels Félix Fénéon, Jules Christophe, Gustave Geoffroy ou encore Gustave Kahn. À partir des années 1920, sa carrière s’historise, notamment grâce à Adolphe Tabarant qui rédigea sa première biographie. Il figura alors dans les grandes expositions rétrospectives telles "Trente ans d’Art Indépendant" en 1926, à Paris ou "Seurat et ses contemporains" à Londres en 1937. Si sa fortune critique fut complète de son vivant et les hommages posthumes unanimes, l’ensemble de son œuvre, si riche et varié, est pourtant méconnu. Grâce à la donation faite par son fils Frédéric Luce à la Ville de Mantes-la-Jolie, en 1971 et la perspicacité de Jean Agamemnon, le premier conservateur de la collection, le musée de l’Hôtel-Dieu invite aujourd’hui à la découverte des multiples facettes de l'œuvre de Luce. |
"Mantes et ses musées"
Exposition temporaire du 16 février au 29 avril 2019
La rénovation menée cette année sur le bâtiment de l’Hôtel-Dieu et de ses espaces d’exposition fut l’occasion d’explorer à la fois l’histoire du monument et des collections du musée de l’Hôtel-Dieu qu’il abrite. L’identité et l’histoire du musée actuel résulte en réalité d’une riche tradition muséale.
Dès le milieu du XIXe siècle, une sensibilité patrimoniale émergea à Mantes-la-Jolie autour de la collégiale Notre- Dame et de sa préservation. Simultanément aux travaux de restauration menés sur le monument, Alphonse Durand, architecte mantais, chargé en 1851 des travaux de la tour nord, retrouva et veilla à sauvegarder les sculptures de la Collégiale détruites par les révolutionnaires en créant un dépôt lapidaire dans les tribunes, genèse d’un futur musée. En 1906, alors que la ville de Mantes-la-Jolie était peuplée de 8 000 habitants, elle comptait deux musées : le musée Mesnil et le musée Duhamel. Composés de collections très différentes, mais complémentaires, ils coexistaient dans le square Brieussel-Bourgeois. La présence de ces deux institutions, dans une France au paysage muséal encore jeune et en croissance, était due à la générosité de deux collectionneurs très attachés à la ville de Mantes. Le point commun de ces deux musées, s’inscrivant dans la continuité des lois de Jules Ferry et du modèle muséal de la Troisième République, était le désir profond d’offrir à tous un accès à la connaissance et à la délectation esthétique.
Cette aventure des premiers musées mantais prit fin à la Seconde Guerre mondiale, lorsque ces lieux furent d’abord fermés puis endommagés et pillés, mais trouvèrent un héritier avec le musée de l’Hôtel-Dieu, ouvert en juin 1996, après une longue campagne de rénovation. Labellisé Musée de France, il rassemble aujourd’hui les collections de ces anciens musées auxquelles sont venus s’ajouter les dépôts de la Collégiale classés Monuments historiques et la collection Maximilien Luce, offerte à la ville en 1971.
Informations pratiques
Musée de l’Hôtel-Dieu 1, rue Thiers - 78200 Mantes-la-Jolie Tél. : 01 34 78 86 60
Horaires : Lundi, jeudi : 9h-12h ; 14h-18h. Mercredi, vendredi, samedi, dimanche : 14h-18h. Fermé le mardi.
Prochaines expositions temporaires : "Maximilien Luce et Léo Gausson, pionniers du néoimpressionnisme" du 27 mai au 16 août 2019.
.
Partager la page