Cette opération est menée conjointement et de manière inédite par trois opérateurs publics : le Bureau du patrimoine archéologique du Département de la Seine-Saint-Denis, l’Unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
près de 200 sépultures fouillées
Les archéologues travaillent actuellement à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique. Ils exhument une occupation funéraire très dense (près de 200 sépultures sont fouillées), dès la fin du Ve siècle avec des vestiges mérovingiens et carolingiens, pour certains antérieurs à la construction de l’édifice. Les inhumations perdurent jusqu’à la fin de l’époque médiévale. Les recherches permettent de suivre l’évolution de l’ensemble architectural, sur près d’un millénaire, de comprendre l’implantation des différents cimetières et d’en caractériser la population.
© Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis
les espaces funéraires
Une soixantaine de sarcophages en plâtre, principalement de l’époque mérovingienne (Ve-VIIe siècles) et dans un état de conservation exceptionnel, sont dégagés à ce jour (leur nombre final pourrait approcher la centaine). Les sarcophages mérovingiens sont organisés en rangées successives et une galerie funéraire a pu être mise en évidence. Les cuves de plâtre portent de nombreux décors moulés sur les parois. Ces sépultures sont organisées en secteurs. Parfois, les défunts présentent des restes métalliques issus de vêtements. Cette répartition et ces caractéristiques révèlent assurément des distinctions sociales et la présence d’une aristocratie et d’une population monastique.
© Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis
Les sépultures postérieures (du VIIIe au XIVe siècle) ne bénéficient pas d’autant d’aménagements. Généralement emmaillotés dans des draps funéraires, sans vêtements, les corps sont déposés dans de petites fosses sépulcrales. Parfois des coffrages de bois ou des tombes maçonnées y ont été aménagés. On voit dans cette phase l’apparition autour du XIe siècle des premières plates-tombes, ces dalles funéraires typiques du Moyen Âge qui couvrent la tombe au niveau du sol.
© Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis
La basilique, devenue nécropole royale dès les origines de la royauté française
Construite sur l'emplacement d'un cimetière, lieu de sépulture de saint Denis, évêque missionnaire, martyrisé vers 250, la basilique est devenue une nécropole royale dès les origines de la royauté française puisque la reine Arégonde, bru de Clovis Ier, y repose, tout comme les sépultures de 43 rois, 32 reines et 10 serviteurs de la monarchie, depuis Dagobert Ier jusqu'à Louis XVIII.
© Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis
L’abbé Suger y apporte de profondes modifications au XIIe siècle, dont le massif occidental et le chevet, faisant de ce chef-d’œuvre architectural une œuvre majeur de l’art gothique. Elle est achevée au XIIIe siècle sous le règne de Saint Louis. Propriété de l’État, la basilique fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste en 1862. Elle est élevée en 1966 au rang de cathédrale.
© Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis
Aux origines de la cathédrale basilique
L’ensemble bâti carolingien (VIIIe – Xe siècles) mis au jour reste à interpréter. Mal conservé, il est recoupé et parfois recouvert par la construction, datant de 1137 à 1140, du massif occidental commanditée par l’abbé Suger.
© Emmanuelle Collado, INRAP
Cet ouvrage révolutionne l’histoire de l’architecture : il est le premier pas vers la naissance du style gothique qui apparaît clairement dans son chevet édifié entre 1140 et 1144. La fouille appréhende désormais finement ce chantier de construction : les vestiges dégagés, constitués de niveaux des déchets de taille de pierre, de trous de poteaux des échafaudages, de tranchées de fondations et de remplois architecturaux, font échos à l’organisation des maçonneries, les marques des ouvriers, les boulins d’échafaudage et les traces de reprises visibles dans les élévations.
- Aménagement Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France
- Contrôle scientifique Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
- Recherche archéologique Bureau du patrimoine archéologique du Département de la Seine-Saint-Denis, Unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis, Inrap
- Responsable de recherches archéologiques (RRA) Ivan Lafarge, Seine-Saint-Denis
- Responsable de secteur, adjoint au RRA Cyrille Le Forestier, Inrap
Créée en 1982, l’Unité municipale d’archéologie de Saint-Denis a d’abord réalisé les importantes fouilles de sauvetage commandées par la rénovation du Quartier Basilique avant que son action ne soit étendue, dans les années 1990, à l’ensemble du territoire communal. Près de 300 opérations archéologiques ont ainsi révélé l’évolution du territoire depuis le Néolithique, et notamment le développement de la ville médiévale autour de l’abbaye fondée à l’époque mérovingienne auprès de la tombe de Denis. D’importantes collections archéologiques, qui pour l’époque médiévale prennent rang à l’échelle européenne, ont été constituées à la faveur de ces fouilles. La valorisation de ces découvertes auprès des habitants et usagers du territoire est au cœur des missions de l’Unité municipale d’archéologie mais également du Musée d’Art et d’Histoire Paul Eluard dont deux salles sont consacrées à l’archéologie.
L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
Image d'en-tête © Emmanuelle Collado, INRAP
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