Le château de Saint-Ouen a été érigé entre 1821 et 1823 pour Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla. C’est une commande privée de Louis XVIII, en remplacement du château de Boisfranc, ruiné, le lieu même où il signa la Déclaration de Saint-Ouen le 2 mai 1814. Ce document prépare la Charte constitutionnelle du 4 juin et ouvre la période de la Restauration. Un lien étroit unit ainsi le château, témoin de la vie privée du roi, et la Déclaration de Saint-Ouen, un des moments clefs de son accession au trône.
Façade du château de Saint-Ouen © María Fernanda Sánchez-Paredes
L’architecte choisi est Jean-Jacques-Marie Huvé, fils de Jean-Jacques Huvé. Il devint plus tard architecte de l’église de la Madeleine, à la mort de Pierre-Alexandre Vignon, et du château de Compiègne entre autre. Il s’entoura d’artistes reconnus pour élaborer le décor intérieur et le mobilier, tels que François Gérard, Pierre-Antoine Bellangé et Lucien-François Feuchère. L’architecture néo-classique, sobre et soignée, est d’une qualité exceptionnelle. Par son vocabulaire, ses proportions et la rationalité de sa conception, le château de Saint-Ouen prend pour modèle le Petit Trianon de Versailles et les folies du siècle précédent, en mêlant épuration et raffinement.
La salle à manger © María Fernanda Sánchez-Paredes
Le château a d’abord fait l’objet d’une protection mixte au titre des monuments historiques : inscrit en totalité en 1961, les salles du rez-de-chaussée, qui ont conservé leur décor d’origine, sont quant à elles classées en 1965. Cette protection intervint pendant une campagne de restauration à l’initiative de la commune, propriétaire à la suite de l’entreprise Alstom. Aujourd’hui objet d’une reconnaissance plus importante, le château a été classé en totalité le 9 mai 2019.
Amours dans le salon © María Fernanda Sánchez-Paredes
Mobilier du château de Saint-Ouen présenté au château de Maisons-Laffitte © Jérôme Bohl
Un musée municipal y fut implanté en 1965, qui a fermé en 2005 ; il est actuellement en attente d’un nouveau projet. Ce nouveau souffle pourrait provenir du mobilier commandé par Louis XVIII, en grande partie conservé par les descendants de la comtesse du Cayla. Depuis plusieurs années, l’État s’attèle progressivement à son acquisition et nourrit le projet que cet ensemble mobilier d’origine puisse rejoindre l’édifice et le décor pour lesquels il a été conçu. C’est dans cette optique qu’une convention a été signée le 18 octobre 2017 entre la commune de Saint-Ouen-sur-Seine et le Centre des monuments nationaux, qui accueille ces objets au château de Maisons-Laffitte et entreprend leur restauration.
Article sur l’acquisition et la restauration du mobilier dans la revue Monumental :
Sébastien Boudry, Judith Kagan, "L’acquisition par l’État d’une collection royale provenant du château de Saint-Ouen et sa présentation au château de Maisons-Laffitte", Monumental, 2018-2, p. 120-121.
Partager la page