Un site archéologique unique
La coupe archéologique de Saint-Acheul est un véritable livre ouvert sur 450 000 ans d’histoire géologique et climatique. Située dans la vallée de la Somme, au Jardin archéologique de Saint-Acheul (JASA), cette impressionnante stratigraphie longue de 60 mètres environ, permet d’observer les traces du temps long à travers ses couches sédimentaires, qui racontent l’évolution du paysage depuis la préhistoire.
Ce site exceptionnel est classé monument historique depuis 1947, et sa protection reste au cœur des préoccupations de l’État et des collectivités locales.
"Ce site, protégé depuis des décennies avec le soutien constant des services de l'État, est bien plus qu'une curiosité géologique. Il est un monument vivant, révélant la lente accumulation des sédiments, le travail de l'eau, du vent, et des éléments au fil des millénaires. Cette coupe nous raconte l'histoire de la vallée de la Somme, berceau internationalement reconnu de la Préhistoire. Elle est une archive naturelle du climat et des évolutions géologiques qui ont façonné notre monde."
Hilaire Multon, directeur régional des affaires culturelles des Hauts-de-France
Une valorisation culturelle et scientifique renforcée
L’installation d’un auvent et la création de dispositifs pédagogiques marquent une nouvelle étape dans la transmission de l’histoire de ce site aux visiteurs, qu’ils soient passionnés de sciences ou simplement curieux. L’auvent vise en effet à protéger la coupe des infiltrations et des intempéries, garantissant ainsi sa préservation face aux caprices du temps.
Les travaux inaugurés, sous la maitrise d’œuvre de Richard Duplat, architecte en chef des monuments historiques et sous la conduite d’opération de la Conservation régionale des Monuments historiques, en lien avec l’UDAP de la Somme et du Service régional de l'Archéologie, témoignent de cette volonté de préserver la coupe pour les générations futures.
Les travaux de protection et de valorisation, démarrés en avril 2023, ont mobilisé un budget de 690 000 euros pour l’Etat, depuis la mission diagnostique avec étude d’évaluation en 2019, jusqu’aux panneaux pédagogiques livrés en octobre 2024. Ce ne sont pas moins de huit entreprises qui ont œuvré sur cet ouvrage, avec un arrêt de chantier fin 2023, causé par des intempéries.
Un projet éducatif au cœur de la transmission
Ce projet s’inscrit dans la dynamique plus large de la région, particulièrement engagée dans la protection et la transmission du patrimoine préhistorique. Hilaire Multon a rappelé à ce titre les récentes découvertes faites dans la vallée de la Somme, telles que les célèbres Vénus d’Amiens-Renancourt, et a expliqué la nécessité d'enrichir l'appareil pédagogique autour de la coupe :
"Pareille à une vaste partition ouverte, la coupe de Saint-Acheul nous offre à déchiffrer les pages d'une histoire qui doit être lue et comprise par tous et toutes. C'est pourquoi les dispositifs que nous inaugurons aujourd'hui sont essentiels : les panneaux pédagogiques qui entourent désormais la coupe de Saint-Acheul offrent un outil formidable pour partager cette histoire avec le plus grand nombre. Ils permettent de traduire ces strates millénaires en récits accessibles et captivants."
Les nouveaux dispositifs pédagogiques, incluant des panneaux explicatifs autour du site, visent à rendre cette histoire géologique accessible à tous, notamment aux plus jeunes. Les panneaux dévoilés ce jour permettent de déchiffrer les strates millénaires de la coupe. L’ambition pour l’avenir sera de développer des outils numériques, tels que la réalité augmentée, pour permettre aux visiteurs et visiteuses d’interagir avec le site et d’en approfondir leur compréhension.
Le fruit d'un travail collaboratif entre les services de la DRAC et Amiens Métropole
L'inauguration a réuni plusieurs acteurs majeurs du patrimoine et de la culture, parmi lesquels Alain Gest, président d'Amiens Métropole, Pierre Savreux, vice-président chargé de la culture, Richard Duplat, architecte en chef des monuments historiques, ainsi qu'Hilaire Multon, directeur régional des affaires culturelles des Hauts-de-France. Tous ont salué la qualité du travail accompli et l’importance de la valorisation scientifique du site pour le grand public.
Grâce à la collaboration des services de la DRAC, d'Amiens Métropole et l'intervention de 8 entreprises, ce site unique continuera de livrer ses secrets aux générations futures.
Cette inauguration marque une nouvelle étape dans la valorisation de la coupe de Saint-Acheul, qui reste un témoin essentiel de notre histoire et un outil de transmission incontournable pour les générations à venir.
Informations pratiques : JASA - Jardin archéologique de Saint-Acheul
- 10, rue raymond Gourdain, 80000 Amiens
- téléphone : 03.22.97.10.61
- ouvert du lundi au vendredi
- de 9h à 12h30 et de 14h à 17h
- Réservation en ligne en cliquant ici
De surprenants "monuments historiques"
Un site comme la coupe de Saint-Acheul, bien qu’impressionnant par sa nature géologique, fait partie d’une grande diversité de sites et d’objets classés ou inscrits au titre des monuments historiques dans les Hauts-de-France et au-delà. Loin de se limiter aux bâtiments emblématiques ou remarquables, la protection "Monument historique" concerne également des monuments ou des objets plus inattendus, témoins d'une histoire et d’un patrimoine exceptionnellement variés.
De nombreux sites uniques et parfois insolites bénéficient de cette protection. Par exemple, des bateaux comme la Duchesse Anne, un trois-mâts de 1901, amarré à Dunkerque, constituent un joyau du patrimoine maritime. Ce navire-école allemand, classé au titre des monuments historiques en 1982, témoigne de la tradition navale de la région et des échanges maritimes avec l’Europe du Nord.
Un autre exemple surprenant est la ferme du Parc de Compiègne, classée au titre des monuments historiques en 1942. Cette bâtisse exceptionnelle n’est autre que la ferme impériale de Napoléon III, qui fut l’un des premiers grands projets agricoles modernes, mêlant recherche scientifique et exploitation agricole dans un même lieu.
Dans la région, des orgues historiques bénéficient aussi d'une protection. À l’exemple de l'orgue de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer, l’un des plus anciens et prestigieux instruments de France. Cet orgue, dont les origines remontent au XVIIIe siècle, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques pour son importance musicale et patrimoniale.
Les vestiges archéologiques, comme le château de Boves dans la Somme ou les carrières souterraines de Naours, ajoutent une dimension historique particulière. Le château de Boves, bien qu’en ruine, offre un témoignage précieux de l’architecture défensive médiévale, tandis que les carrières de Naours révèlent une autre face de l’histoire régionale : celle des souterrains utilisés comme refuges pendant les guerres.
Des objets plus surprenants, comme le phare de Calais, construit en 1848 et inscrit au titre des monuments historiques, montrent également la diversité du patrimoine protégé. Ce phare, haut de 53 mètres, a longtemps guidé les marins dans le détroit le plus fréquenté au monde, et sa protection rappelle l’importance des ouvrages maritimes dans l’histoire de la région.
Un autre exemple fascinant est la Caverne de la Vieille Église à Bouvines. Ce monument historique, une ancienne cave troglodytique, illustre un mode de vie rural singulier qui a marqué le paysage des Hauts-de-France. De même, la Poupée de l'Abbaye de Saint-Vaast à Arras, représentant une religieuse géante, est un objet classé au titre des monuments historiques.
Les vestiges de la Seconde Guerre mondiale sont également présents dans la région, comme en témoigne le Blockhaus de la plage de Wissant. Récemment classé, ce monument historique offre un aperçu poignant de l'histoire militaire et stratégique de la région.
Enfin, le Moulin de la Pannecière à Hénin-Beaumont, un moulin à vent classé, rappelle l'importance de l'industrie et de l'agriculture dans l'histoire locale.
Ces quelques exemples mettent en lumière la diversité des monuments historiques dans les Hauts-de-France, chacun ayant son propre récit à raconter. Ils illustrent non seulement le riche héritage architectural et culturel de la région, mais également l'importance de les préserver.
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