Au-delà des travaux spectaculaires sur les couvertures et les parties hautes de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, un chantier tout aussi essentiel se joue discrètement à l’intérieur de l’édifice. La DRAC Hauts-de-France met un point d’honneur à préserver et à restaurer les objets d’art qui habitent cette cathédrale gothique emblématique, préparant ainsi un éclat renouvelé pour son 800e anniversaire.
Les grilles de la chapelle Saint-Vincent : une métamorphose annoncée
Après les grilles des chapelles Saint-Denis, Sainte-Jeanne d’Arc et du Sacré-Cœur, c’est au tour des grilles de la chapelle Saint-Vincent, datant du XVIIIᵉ siècle, de bénéficier d’une restauration approfondie. Ces ouvrages en fer forgé, témoins du renouvellement décoratif voulu par les chanoines de l’époque, présentent aujourd’hui des signes d’oxydation et des pertes d’éléments ornementaux.
La restauration inclura un traitement des parties corrodées, une restitution minutieuse des décors disparus, ainsi qu’une mise en peinture et dorure pour redonner tout leur lustre à ces grilles majestueuses. Une fois réinstallées, elles contribueront à redéployer l’harmonie visuelle de l’espace sacral.
Les restaurateurs au cœur de l’action
Les travaux de restauration des objets d’art mobilisent des spécialistes aux savoir-faire rares : doreurs, peintres-restaurateurs et ferronniers. Chaque intervention est une alliance de tradition et innovation, de gestes artisanaux et de matériaux modernes. Le retour à l’éclat initial de ces œuvres d’art est le fruit d’un patient travail, parfois long de plusieurs mois, qui contribue à la transmission de ce patrimoine unique aux générations futures.
En célébrant les 800 ans de la cathédrale Saint-Pierre, ce chantier des objets d'art rappelle que l’histoire n’est jamais figée, mais qu’elle se réécrit avec chaque geste d’attention porté à ce legs précieux.
Autels et tableaux : résurgence des couleurs
Dans la chapelle Saint-Denis, l’autel secondaire en bois taillé, peint et doré, fera l’objet d’une rénovation complète. Encrassé par le temps, l’éclat de son imitation de marbre et de ses dorures à la feuille s’est estompé. L’intervention comprendra un dépoussiérage minutieux, la consolidation des surfaces peintes et la restitution des parties sculptées manquantes. Un traitement final à la feuille d’or 24 carats viendra couronner cette renaissance artistique.
À la chapelle Sainte-Jeanne d’Arc, un moment attendu depuis près de trois décennies se profile : le tableau de la Crucifixion (XVIIIᵉ siècle) quittera son emplacement temporaire pour retrouver sa place originelle : au-dessus de l’autel. L’œuvre sera nettoyée et restaurée pour révéler toute la richesse de sa palette d’origine.
Trésors oubliés : les cadres et tableaux du XVIIIᵉ siècle
Dans le Trésor de la cathédrale, deux cadres ovales en chêne ornementés, marqués par les motifs raffinés du XVIIIᵉ siècle, bénéficieront d’une rénovation complète. Leur restauration inclura le nettoyage, la consolidation et une nouvelle dorure à la feuille.
Les deux tableaux qu’ils encadrent, une Vierge à l’Enfant et une Adoration des Anges, feront l’objet d’un travail tout aussi minutieux : décrassage des couches picturales, tension des toiles et application d’un vernis protecteur viendront réinsuffler vie et lumière à ces chefs-d’œuvre anonymes.
La renaissance du tableau de Tiersonnier
En point d’orgue de ce chantier, la restauration spectaculaire d’un tableau de Louis-Simon Tiersonnier, exécuté en 1758 et représentant une scène de baptême. Victime de dégradations importantes, l’œuvre a été totalement restaurée : un nouveau châssis a remplacé l’ancien, vermoulu, et la toile a été défroissée et renforcée. La couche picturale, auparavant altérée par un vernis jauni, a été nettoyée, révélant des détails jusque-là oubliés. Ce joyau pourra à nouveau être admiré dans toute sa splendeur, témoignages vibrants de la richesse patrimoniale de la cathédrale.
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