Loin de se limiter à une simple extension de stockage, les nouvelles réserves du musée Condé constituent une réalisation qui marque une avancée considérable pour la conservation de ce patrimoine d'exception, une nouvelle étape vers une gestion patrimoniale durable et adaptée aux défis contemporains.
Auparavant, la situation des réserves du musée Condé était préoccupante. Le manque d’espace, la dispersion des locaux, tant dans le château d’Enghien que dans divers espaces du château, rendaient la gestion des collections difficile. Les œuvres, témoins de notre histoire, étaient confrontées à des conditions de conservation inadaptées, menaçant ainsi leur préservation à long terme.
Pour préserver les œuvres tout en respectant l’environnement, ces nouvelles réserves répondent aux défis posés par la gestion des collections historiques dans un cadre architectural complexe et s’inscrivent dans une démarche durable. Grâce à ces nouveaux espaces de 500 m², non seulement les œuvres bénéficieront de conditions de conservation optimales, mais elles seront également plus accessibles, facilitant ainsi le travail des équipes et le suivi des collections.
En privilégiant une isolation en matériaux naturels, tels que le chaux-chanvre, ces nouveaux espaces ne nécessitent aucun système de climatisation mécanique. Une gestion fine des conditions environnementales (température et hygrométrie) permet de créer un environnement optimal pour les œuvres, tout en réduisant l'impact écologique du bâtiment.
"Nous faisons ici le choix de l’inertie climatique, de l’utilisation de matériaux à faible impact écologique, tout en respectant l’intégrité du bâti historique. Ces réserves représentent une parfaite illustration des évolutions récentes dans le domaine de la conservation préventive, en alliant performance écologique, efficience et respect du patrimoine."
Hilaire Multon, directeur régional des affaires culturelles des Hauts-de-France, samedi 5 octobre 2024, inauguration des nouvelles réserves du musée Condé
Des réserves, lieu de soin et d’avenir
Les réserves d’un musée sont souvent invisibles, mais elles constituent pourtant des lieux essentiels pour le soin des œuvres. Dans ces espaces dédiés, loin des regards du public, le temps prend une autre dimension. Le temps qui passe et le temps qu’il fait sont contrôlés avec soin, chaque détail étant pensé pour préserver les œuvres des effets de l’humidité, de la température, ou de la lumière.
En ce sens, les nouvelles réserves du musée Condé ne sont pas seulement un lieu de stockage. Elles symbolisent un engagement profond et durable en faveur de la protection du patrimoine, tout en intégrant une dimension écologique innovante. Cette approche résonne avec les défis actuels, notamment la sobriété énergétique et le développement durable, des objectifs pleinement intégrés dans ce projet exemplaire.
Un engagement régional pour la conservation
Les Hauts-de-France, région riche en musées et en patrimoine, se distinguent également par la création de nombreuses réserves muséales. Le centre de conservation du Louvre à Liévin et les réserves visitables du Louvre-Lens en sont des exemples emblématiques. Plus récemment, les projets de réserves des musées de Creil et de la Porte du Hainaut ont également vu le jour. D’autres initiatives sont en cours à Dunkerque et à Maubeuge, témoignant de la prise de conscience de l’importance de ces équipements pour la préservation du patrimoine régional.
Ce dynamisme témoigne de la volonté des acteurs culturels et des institutions de la région de garantir une gestion patrimoniale exemplaire, respectueuse des œuvres, mais aussi de l'environnement. En inaugurant les réserves du musée Condé, c'est donc une démarche plus large, régionale et nationale, qui est célébrée, celle d'une conservation patrimoniale tournée vers l'avenir.
Un partenariat avec EPICO pour renforcer la conservation
Le domaine de Chantilly est également un acteur majeur de la recherche et de l’innovation dans le domaine de la conservation. Depuis 2023, il participe au programme EPICO (European Protocol in Preventive Conservation), en partenariat avec le château de Versailles et d’autres demeures historiques européennes. Ce programme, fondé sur une approche scientifique et collaborative, vise à évaluer et améliorer les conditions de conservation des œuvres dans des cadres architecturaux anciens et souvent contraignants.
En tant que partenaire d’EPICO, le domaine de Chantilly bénéficie de méthodes et d’outils innovants qui lui permettent de répondre aux enjeux actuels de la conservation préventive, tout en s’adaptant aux exigences contemporaines. L’inauguration des réserves est ainsi une étape clé dans cette démarche de recherche continue et d’adaptation face aux défis du temps et du climat.
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