Fondé par Henri Matisse le 8 novembre 1952, dans sa ville natale du Cateau-Cambrésis, le musée est né d’un geste profondément généreux de Henri Matisse, qui offrit 82 œuvres issues de sa collection personnelle. Installé à l’origine dans la salle des mariages de l’Hôtel de Ville, le musée a connu une évolution spectaculaire. Dès 1982, il prend ses quartiers dans le palais Fénelon, ancienne résidence des archevêques de Cambrai, offrant un cadre prestigieux et adapté à des collections croissantes. Outre la donation initiale de Matisse, le musée a vu ses collections s’étoffer grâce à des contributions d’illustres artistes tels qu’Auguste Herbin, natif de Quiévy, et Geneviève Claisse, élève d’Herbin. La donation exceptionnelle de la collection Tériade en 2000 a ajouté des œuvres majeures de Giacometti, Picasso, Chagall et Léger. Ces enrichissements reflètent un dialogue artistique riche et continu entre les figures majeures de l’art moderne et le musée.

Un musée modernisé

Le musée, situé dans l’ancien palais Fénelon, accueille désormais ses visiteurs avec une scénographie repensée et une médiation numérique enrichie. Les nouveaux espaces comprennent un plateau muséographique de 300 m², ainsi que trois salles consacrées aux différentes techniques de l’artiste : gravure, sculpture et papiers découpés. 

Des travaux d’agrandissement pour un musée du XXI^e siècle

L’extension du musée au sein du marché couvert mitoyen constitue une étape importante dans le développement du musée Matisse, permettant d’élargir l’offre culturelle et d’offrir un nouvel espace d’exposition. Ce lieu historique, réhabilité avec soin, accueille désormais des œuvres qui dialoguent avec l’architecture du site tout en renforçant la vocation contemporaine du musée. 

L’espace agrandi permet d’offrir une présentation plus vaste et dynamique des collections, dans un cadre aéré. Cette extension marque également un prolongement de l’offre muséographique, favorisant l’intégration du musée dans son environnement urbain et créant un lien visuel et fonctionnel avec la ville, tout en préservant l’esprit historique du marché couvert.

Sous la direction de l’agence Bernard Desmoulins, la métamorphose du musée répond à trois objectifs majeurs :

1. Accroître l’accès aux œuvres de Matisse et aux grands formats
   Les nouveaux espaces permettent de présenter des chefs-d’œuvre majeurs tels que Fenêtre à Tahiti ou les séries Océanie.
2. Améliorer les conditions d’accueil
   Un nouvel accès dédié aux groupes scolaires, des espaces d’accueil modernisés et une librairie-boutique reconfigurée rendent la visite plus fluide et agréable.
3. Renforcer la mission pédagogique
   Quatre grands ateliers pédagogiques, trois salles thématiques consacrées aux techniques de Matisse, et des outils numériques innovants – tels qu’une visite virtuelle de la chapelle de Vence – enrichissent l’expérience éducative.

L'extension de 1 000 m² porte la superficie totale du musée à 5 500 m², avec une scénographie signée par l'agence Sceno.

Financé par le Département du Nord avec le soutien de l’État, et des mécènes, ce projet témoigne d’un engagement collectif pour préserver et transmettre un patrimoine artistique exceptionnel.

Des collections magnifiées

La réouverture offre aux visiteurs une immersion inédite dans l’univers de Matisse, avec des espaces conçus pour mettre en valeur l’ampleur et la profondeur de son œuvre. Une salle immersive et des espaces multimédias viennent compléter ce parcours unique.

Grâce à un prêt exceptionnel du musée Matisse de Nice, la réunion des deux "Fenêtre à Tahiti" est un temps fort qui honore la carrière et la vision universelle de cet artiste emblématique. Les "Fenêtre[s] à Tahiti" offrent en effet un éclairage fascinant sur l’une des périodes les plus singulières de l’artiste. Réalisées lors de son séjour en Polynésie française, ces œuvres traduisent l’émerveillement de Matisse face à la lumière éclatante et aux couleurs vibrantes de l’océan Pacifique. La fenêtre est un motif récurrent chez Matisse : « [u]ne fenêtre, c’est la première ouverture vers le monde extérieur, mais aussi un miroir où se reflète l’âme. » Ici, elle forme un cadre à travers lequel Matisse capte l’essence des paysages tropicaux et la vitalité de la culture tahitienne. Leur accrochage au sein du musée illustre comment l’artiste a su transposer l'exotisme et la sérénité de ces paysages dans une œuvre intensément picturale. Ces toiles témoignent aussi de l’influence majeure de ce voyage sur la maturité de son œuvre, faisant des "Fenêtre à Tahiti" un point d’entrée captivant dans l’univers matissien.

Une transformation majeure de la présentation des collections du musée départemental Henri Matisse réside dans la présentation des "Nu de dos". La sculpture en haut relief en bronze, qui occupait jusque-là la cour du musée, a été déplacée à l’intérieur du musée rejoignant désormais les quatre plâtres originaux pour une exposition aux regards unifiée et protégée. Ce nouvel accrochage permet de redécouvrir ce travail en haut relief monumental dans des conditions optimales, en soulignant l’évolution du motif. Les visiteurs peuvent ainsi appréhender de manière directe le dialogue entre les matériaux – le plâtre de travail et le bronze – et les nuances de texture et de forme qui reflètent les recherches sculpturales de l’artiste. 

Monumental et extrêmement fragile, le plafond dessiné à Nice en 1950 par Matisse grâce à un fusain monté sur une perche de bambou est de nouveau présenté aux publics. L'œuvre réalisée sur un plafond de l’hôtel Regina où Matisse avait son appartement représente les trois petits-enfants de l'artiste, Jacqueline, Claude et Gérard, qui étaient venus fêter ses quatre-vingt ans : « J’essaie de me les représenter et quand j’y parviens, je me sens mieux. Alors, je les ai dessinés au plafond pour les avoir sous les yeux, surtout pendant la nuit. Ainsi, je me sens moins seul ». L'œuvre faite d'un trait de fusain léger, transposée sur toile, transportée roulée, a fait l'objet d'une restauration en 2020 et se trouve désormais présentée en fin de parcours, avant les deux salles dédiées à la chapelle de Vence. 

Une salle du musée reste totalement inchangée, et pour cause : l'extraordinaire cabinet d'art graphique fut composé par Matisse même, qui choisit chacune des pièces qui y sont présentées. 

La réouverture du musée offre enfin une occasion exceptionnelle de redécouvrir les collections emblématiques qui en font un lieu incontournable pour l'art moderne car le musée ne se contente pas de célébrer Matisse : il honore également Auguste Herbin, natif du Cambrésis et pionnier de l’abstraction géométrique, qui a offert 24 œuvres abstraites à la ville en 1956. Ces œuvres constituent une deuxième collection majeure du musée, soulignant le dialogue entre deux figures majeures de l’art moderne : sa recherche sur la couleur et la forme trouve un écho profond dans le parcours du musée. Les créations de Geneviève Claisse, nièce et héritière artistique d’Herbin, complètent ce panorama avec une approche épurée et lumineuse qui dialogue avec les grands courants de son époque. Enfin, les fonds Tériade, éditeur visionnaire, révèlent les liens intimes entre art et littérature au XXᵉ siècle, notamment à travers des collaborations avec des maîtres tels que Matisse, Picasso ou Chagall. 

Une exposition exceptionnelle : "Henri Matisse. Comment j’ai fait mes livres"

Pour marquer sa réouverture, le musée présente une exposition inédite dédiée au travail de Matisse sur les livres illustrés. Elle présente 14 ouvrages illustrés par Matisse,  enrichis d’éditions rares et de couvertures réalisées pour la revue Verve, d'ouvrages venus de collections privées et publiques, mettant en lumière la manière dont l’artiste a travaillé la composition, les illustrations et la typographie, de cet art de conjuguer texte et image. 

L'exposition témoigne de la polyvalence de l'artiste, qui, en véritable artisan du livre, a su conjuguer texte et image avec une virtuosité rare. Henri Matisse a réalisé un travail important d’illustrations de textes littéraires, dont certains grands classiques de la littérature française ou mondiale : Mallarmé, Baudelaire, Ronsard, Joyce…

Un musée transformé pour une expérience inédite

Après plusieurs mois de travaux, le Musée Matisse, créé en 1952 par Henri Matisse lui-même, dévoile une métamorphose spectaculaire. Sous la direction de l’architecte Bernard Desmoulins, les rénovations ont permis d’ajouter 1 000 m², portant la surface totale à 5 500 m². Ces nouveaux espaces offrent des conditions idéales pour exposer les chefs-d’œuvre du maître et de ses contemporains, tout en améliorant l’accueil des publics.

L’extension du musée intègre un hall d’accueil pour les groupes, quatre nouveaux ateliers pédagogiques, et des outils numériques innovants pour une expérience immersive.

Parmi les nouveautés, une fresque chronologique interactive et une visite virtuelle de la chapelle de Vence permettent de mieux comprendre l’œuvre de Matisse. 

Enfin, des efforts sont faits pour adapter la médiation culturelle : textes simplifiés, animations interactives, et accompagnement personnalisé, permettant à chacun de découvrir les œuvres de Matisse selon ses besoins spécifiques.

« Ce musée rénové est, pour tous et toutes, une fenêtre ouverte sur le monde de couleurs de Matisse, une rencontre avec le beau  »

^{Bertrand Gaume, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord, lors de l’inauguration, le 22 novembre 2024.}

Un musée plus accessible

Pour les visiteurs en situation de handicap moteur, l’ensemble des espaces est équipé d’ascenseurs et de rampes, assurant une circulation fluide dans les salles.

Trois œuvres tactiles, réalisées spécifiquement pour les personnes en situation de handicap visuel, illustrent l’engagement du musée pour une accessibilité renforcée. Des supports en braille et des audioguides en audiodescription sont disponibles pour les personnes déficientes visuelles, tandis que des visites guidées et ateliers en Langue des Signes Française (LSF) sont régulièrement organisés pour le public sourd ou malentendant. Le musée propose également des parcours multisensoriels, combinant objets tactiles, échantillons de matériaux, et récits sonores, afin d’offrir une expérience enrichissante et inclusive.

Ces dispositifs reflètent la volonté du musée de garantir une accessibilité universelle et de partager l’art de manière équitable.