Une transformation d’envergure pour un projet ambitieux
Depuis son inauguration en 2012, la Galerie du Temps s’est imposée comme l’un des lieux emblématiques du Louvre-Lens. Réunissant des œuvres majeures des collections du Louvre, elle propose un voyage à travers 5 000 ans d’histoire, dans une présentation fluide et accessible.
Pour la première fois depuis son ouverture, la totalité des œuvres présentées a été remplacée, donnant naissance à un parcours inédit. Cette refonte d’envergure a impliqué un vaste chantier scientifique et technique, mobilisant une équipe pluridisciplinaire composée de conservateurs et conservatrices, scénographes, restaurateurs et restauratrices, techniciens et techniciennes, médiateurs et médiatrices, sans oublier les habitantes et habitants !
Un soutien de l’État pour une ambition partagée
« En offrant à toutes les générations, un voyage sensible et intelligible dans l’histoire de l’art et dans les civilisations, la Galerie du temps propose au coeur du bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais une autre manière d’agir pour la démocratie culturelle. Le projet bénéficie du soutien du ministère de la Culture et du ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, à travers le Fonds national de l’aménagement et de développement du territoire. »
Bertrand Gaume, préfet des Hauts-de-France, préfet du Nord
Le projet de renouvellement de la Galerie du Temps s’inscrit dans une vision commune et ambitieuse pour le Louvre-Lens, un musée au service des habitants et rayonnant bien au-delà de son territoire. Depuis 2020, l’État accompagne le musée à travers une convention pluriannuelle qui structure la mise en œuvre des axes stratégiques de son Projet Scientifique et Culturel. Ce soutien, de 300 000 euros par an sur la période 2020-2024, soit un total de 1,5 million d’euros, permet de consolider son fonctionnement, ses actions éducatives et culturelles, ainsi que son rôle dans l’attractivité du bassin minier.
S’agissant spécifiquement de la Galerie du temps, ce renouvellement ambitieux a également bénéficié d’un accompagnement important de l’État pour le financement des travaux. Dans le cadre du Contrat de Plan État-Région 2021-2027, une subvention d’investissement de 600 000 euros a été dédiée à cette opération, témoignant de l’engagement à long terme de l’État pour faire de cette galerie un espace toujours plus innovant et accessible.
Une scénographie repensée pour magnifier les œuvres
La nouvelle scénographie conserve l’essence même de la Galerie du Temps : un espace ouvert, baigné de lumière, où les œuvres dialoguent dans un continuum historique. Cependant, plusieurs améliorations ont été apportées pour enrichir l’expérience des visiteurs :
- Chaque œuvre bénéficie d’un espace dédié favorisant une rencontre intime, tandis que la présentation générale met en lumière les continuités et les ruptures entre les époques.
- Le parcours, pensé pour être exploré dans les deux sens, offre ainsi une richesse de points de vue et une pluralité de récits.
- Grâce à l’utilisation de nouvelles technologies d’éclairage, chaque œuvre bénéficie désormais d’une présentation optimisée, jouant sur les contrastes et les nuances de lumière.
Conçue par l’Atelier AtoY, la nouvelle scénographie de la Galerie du Temps préserve l’esprit de fluidité initié par l’agence SANAA, en collaboration avec l’équipe muséale dirigée par Henri Loyrette et le Studio Adrien Gardère. Aujourd'hui, elle s’adapte toutefois à l’intégration des 250 nouvelles œuvres, tout en s’appuyant sur plus de dix ans d’expérience et d’échanges avec les visiteurs.
Bonne pratique : un chantier durable et solidaire
Le réemploi du mobilier scénographique de la Galerie du Temps : une collaboration sous le signe de la durabilité et de la solidarité entre musées
À l’occasion du renouvellement de la Galerie du Temps, le Louvre-Lens, Musenor et la Région Hauts-de-France se sont unis pour promouvoir le réemploi de mobilier scénographique au bénéfice des établissements culturels de la région.
Depuis son ouverture, le Louvre-Lens s’inscrit dans une dynamique d’éco-conception et de réemploi. Dans ce cadre, les éléments muséographiques de la Galerie du temps ont été mis à disposition des structures muséales et patrimoniales régionales. Cette initiative, soutenue par Musenor, l’association des professionnels des musées des Hauts-de-France, et par la Région, reflète une démarche responsable et solidaire, s’appuyant sur l’entraide entre musées tout en répondant aux défis environnementaux.
- 15 structures culturelles des Hauts-de-France, telles que le Centre historique minier de Lewarde, le Château-musée de Boulogne-sur-Mer, ou encore le Forum antique de Bavay, ont participé à ce projet.
- 94 éléments muséographiques, soit près de 70 % du mobilier, ont trouvé une seconde vie dans ces établissements ou au sein du Louvre-Lens lui-même.
Pour faciliter ce processus, une plateforme de réservation en ligne a été mise en place par Musenor, suivie d’une journée « d’aller-voir » le 4 juin 2024, permettant aux bénéficiaires de découvrir le mobilier, poser leurs questions et finaliser leurs choix.
Ce projet exemplaire illustre l’engagement collectif des acteurs culturels régionaux en faveur de la durabilité et du partage des ressources.
Une nouvelle sélection d’œuvres et d'objets : dialogue des cultures et des époques
La nouvelle sélection de la Galerie du Temps présente environ 250 œuvres issues des collections du Louvre, mais également d’autres musées partenaires, élargissant ainsi le champ des perspectives offertes.
« Révolutionnaire dans son écriture, la Galerie du temps modélise une autre manière d’agir pour la démocratisation culturelle : la gratuité permet à chacun et chacune d’y pénétrer sans calcul ni billet, la participation des publics y est activée perpétuellement, l’histoire de l’art y est partagée avec intelligence. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, la nouvelle Galerie du temps offrira demain encore, à toutes les générations, un voyage sensible, intelligible, initiatique dans l’histoire de l’art et dans les civilisations, sans égal dans le monde. »
Hilaire Multon, directeur régional des affaires culturelles des Hauts-de-France
Des chefs-d’œuvre incontournables du musée du Louvre
Parmi les œuvres majeures, on retrouve "Les Saisons" de Giuseppe Arcimboldo (1573), une série fascinante où les visages humains sont composés de fruits et légumes. "Amour et Psyché", une sculpture en marbre d’Antonio Canova (1797), impressionne par sa grâce et son raffinement. Le "Portrait d’un artiste dans son atelier" de Théodore Géricault (1820) capte le regard par son intensité dramatique.
Outre ces chefs-d’œuvre, la galerie met en lumière des pièces rarement exposées, comme un jeu d’échecs en cristal de roche datant du XVe siècle ou une stèle iranienne récemment reconstituée grâce aux avancées de la restauration. Ces œuvres enrichissent la diversité des représentations culturelles et permettent une exploration plus profonde de l’histoire de l’humanité.
Quelques œuvres emblématiques des collections du musée du Louvre de la nouvelle Galerie du temps :
- Buste du dieu Amon, vers 1330-1321 avant J.-C.
- Tête féminine du type de "l'Aphrodite de Cnide" dite "Tête de Kaufmann", vers 150 avant J.-C.
- Statue dite « Poséidon Jameson », vers 150-125 avant J.-C.
- Allée des sphinx, Sérapéum de Memphis (Saqqara, Égypte), 380-362 avant J.-C.
- La Suppliante Barberini, 1er siècle avant J.-C.
- Triptyque : scènes de la vie et de la Vierge, vers 1315-1335
- Hiver, Printemps, Été, Automne de Giuseppe Arcimboldo, 1573
- Réunion d’amis d'Eustache Le Sueur, vers 1640
- Le Bénédicité de Jean Siméon Chardin, 1740
- Portrait de Luis María de Cistué y Martínez (1788-1842) de Francisco de Goya, 1791
- Amour et Psyché d'Antonio Canova, 1797
- Le rêve du Bonheur de Constance Mayer-Lamartinière, 1819
- Portrait d’un artiste dans son atelier de Théodore Géricault, 1820
Une extension du temps et de l'espace : des œuvres invitées au cœur de la Galerie du Temps
Dans cette nouvelle version de la Galerie du Temps, le musée du Louvre a souhaité offrir une ouverture géographique et chronologique, invitant des œuvres de grands musées nationaux et des créations d’artistes contemporains. Ce dialogue inédit entre les collections du Louvre et ces œuvres « invitées » permet de relier les civilisations et les époques, élargissant ainsi le parcours chronologique du 3e millénaire avant J.-C. au 19e siècle.
Des œuvres et des objets prêtés par le musée du quai Branly – Jacques Chirac, du musée Guimet et du musée d'Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye viennent enrichir cette rencontre entre cultures. Par exemple, une sculpture de Chen Mi Zang, le Roi-gardien de l’Ouest, prêtée par le musée Guimet, illustre l’influence de l'art népalais sur l'art tibétain, avec sa représentation en armure et ses incrustations de pierres semi-précieuses. De même, le Bloc du Roc-de-Sers, un artefact datant de l'époque solutréenne (entre – 26 000 et – 23 000 ans environ), provenant du musée d’Archéologie nationale, plonge le visiteur dans les premières périodes de l'humanité, aux origines de l’art préhistorique.
Un autre point de rencontre fascinant est la statue Ikenga, prêtée par le musée du quai Branly. Cette œuvre, provenant de la culture Igbo du Nigeria, représente un puissant symbole de force et de protection. Elle trouve un écho particulier dans le parcours de la Galerie du Temps, où elle dialogue avec d’autres représentations de la puissance humaine et divine, à l'instar du buste de Buffon par Augustin Pajou, illustrant un rapport complexe de l'homme à la nature. Ces œuvres invitées enrichissent le « fleuve du temps », ouvrant la voie à une exploration inédite de l’histoire et de la diversité culturelle mondiale.
Un regard contemporain sur des enjeux universels
L’exposition intègre également des œuvres récentes, offrant un dialogue audacieux entre passé et présent. Loin de chercher à imposer une lecture rigide, cette approche fluide permet aux œuvres classiques de se déployer dans des perspectives nouvelles, sous l’œil aiguisé des artistes d’aujourd’hui. Des artistes comme Kapwani Kiwanga, Zanele Muholi ou Eva Nielsen , en confrontant des récits antiques à la modernité, offrent des ponts entre l’histoire et notre monde d’aujourd’hui. Ces œuvres ne se contentent pas d’évoquer le passé, elles l’interrogent, l’éclairent à travers des prismes contemporains : les créations contemporaines abordent des thématiques comme la représentation des femmes, la diversité culturelle ou encore les défis environnementaux, résonnant ainsi avec les préoccupations actuelles.
Cette démarche s'inscrit dans une volonté de décloisonner l'histoire de l'art et de la réinterroger par une expérience plus fluide et ouverte, où chaque œuvre, ancienne ou contemporaine, devient un vecteur de réflexion. L’objectif est d’inviter le spectateur à une interaction plus libre, où les frontières temporelles se dissolvent au profit d’un regard pluriel, mouvant, qui interroge tout autant le passé que le présent.
La présence des artistes contemporain dans un espace dédié aux collections du Louvre fait écho à une démarche que le Louvre-Lens avait déjà amorcée à travers des installations précédentes, comme celle de Pascal Convert avec "Le Panoramique de la Falaise de Bamiyân" ou la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker en 2021. Ces interventions avaient démontré la capacité du musée à repenser la hiérarchie entre les époques et à nourrir une lecture enrichie, qui met en lumière la polysémie des œuvres historiques tout en les ancrant dans un discours vivant.
Les œuvres contemporaines de la Galerie du temps
- Simone Fattal (née en 1942 à Damas, Syrie), L’ange vengeur, 2021
- Giulia Andreani (née en 1985 à Venise, Italie), Les Cafus (Europe et Cadmos), 2024
- Jean Claracq (né en 1991 à Bayonne, France), Monument 1, 2024
- Kent Monkman (né en 1965 à St. Marys en Ontario, Canada), avec The Pariah (Le paria), 2020
- Zanele Muholi (né.e en 1972 à Umlazi, Afrique du Sud), Muholi V, 2022
- Eva Nielsen (née en 1983 aux Lilas, France), Doline, 2023
Un musée toujours plus accessible
Depuis sa création, le Louvre-Lens s’engage pour l’inclusion et l’accessibilité. Avec cette nouvelle version de la Galerie du Temps, cet engagement se renforce encore davantage. Le musée maintient la gratuité de l’accès à la Galerie du Temps, affirmant sa volonté de rendre la culture accessible à tous, sans barrière financière.
Une co-création inédite au service de la médiation culturelle
Dans une démarche résolument participative, les 213 cartels illustrés de la Galerie du Temps ont été co-conçus avec des habitants et partenaires du territoire, réunissant des participants âgés de 7 à 97 ans. Issus de divers horizons – voisins du musée, étudiants, associations de solidarité, acteurs de la santé ou des arts vivants – ces 200 participants ont investi plus de 2 200 heures d’ateliers, entre avril et juillet 2024, aux côtés de l’équipe de médiation du Louvre-Lens.
Organisés en 20 groupes thématiques, correspondant à des clés de lecture des œuvres (comme le vivant, les récits, les émotions ou les savoir-faire), ils ont pris part à toutes les étapes de conception des cartels. Leur travail s’est articulé autour de la découverte des œuvres sur documents, la collecte et le tri des informations dans les dossiers, la sélection des points d’intérêt à valoriser, ainsi que l’écriture des textes, leur mise en image par l’illustratrice Alexie Hiles et leur maquettage par Cyril Cohen. Cette approche a permis une pluralité de regards et de sensibilités, enrichissant chaque cartel.
Les cartels résultants offrent une expérience unique de médiation. Chacun propose un double support : un texte pour transmettre une lecture approfondie de l’œuvre, et une illustration invitant à explorer autrement les thématiques abordées. Ils encouragent non seulement à observer les œuvres, mais aussi à les écouter, imaginer, imiter, dessiner, écrire ou même danser.
En donnant voix aux publics du territoire, cette initiative illustre l’importance du partage d’expertises et d’histoires personnelles dans la création d’un musée accessible et vivant. Ce projet d’envergure, s’étendant sur quatre mois, témoigne d’une médiation culturelle engagée, favorisant l’appropriation des œuvres par tous.
Un parcours adapté à tous les publics
En 2024, ce projet ambitieux de renouvellement redéfinit les codes de la médiation culturelle : nouvelles œuvres, éclairages repensés, dispositifs numériques immersifs et supports pédagogiques accessibles enrichissent un parcours conçu pour tous les publics. Les dispositifs numériques, les visites guidées, et les supports pédagogiques ont été enrichis pour s’adresser à une large diversité de visiteurs : familles, scolaires, amateurs d’art, mais aussi personnes en situation de handicap.
Fidèle à sa mission d’inclusion, le Louvre-Lens poursuit son engagement pour l’accessibilité universelle : tarif gratuit pour la Galerie du Temps, visites guidées adaptées aux familles et aux publics scolaires, et collaborations avec les associations locales. Cette nouvelle version renforce la vocation du musée : être un lieu de rencontre et d’échange pour tous.
Un rayonnement culturel et territorial accru
Le Louvre-Lens, au cœur du Bassin minier
Symbole du renouveau culturel et économique du Bassin minier, le Louvre-Lens joue un rôle moteur dans la transformation de ce territoire.
Situé à Lens, dans une région marquée par l’histoire industrielle, il valorise le patrimoine local tout en s’ouvrant au monde. Depuis son ouverture, le musée a attiré des millions de visiteurs, contribuant au rayonnement de la région Hauts-de-France bien au-delà des frontières nationales.
Un engagement pour l’avenir
Le renouvellement de la Galerie du Temps s’inscrit dans une ambition plus large : celle de renforcer l’attractivité du musée tout en répondant aux enjeux du XXIe siècle, tels que la transition écologique et la valorisation du patrimoine immatériel.
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