Le monument funéraire du cardinal Charles de Hémard de Denonville (1493-1540) s’impose dans la Cathédrale Notre-Dame d'Amiens par l’ampleur de ses dimensions : 5,53 m de hauteur et 2,15 m de largeur. Il fut élevé en 1543, trois ans après la mort du prélat, alors que touche à sa fin le règne de François Ier. Charles de Hémard de Denonville était un important personnage du royaume. Entre autres prestigieuses fonctions, il fut nommé ambassadeur à Rome, siégea au Conseil du roi et devint évêque de Mâcon puis d’Amiens (1538-1540).
Classé au titre des monuments historiques en 1862, il est l’une des rares contributions de la Renaissance conservées dans la cathédrale. Son sculpteur, l’amiénois Mathieu Laignel, intervint avant 1520 sur le tombeau des cardinaux d’Amboise à la cathédrale de Rouen puis réalisa vers 1545 l’essentiel du monument funéraire de François de Lannoy et Marie d’Hangest-Genlis, dans l’église de Folleville (Somme).
Les principaux matériaux employés sont la pierre calcaire et le marbre rehaussés de polychromie. A mi-hauteur sont personnifiées, en faible relief, les quatre vertus cardinales : la Justice, la Tempérance, la Prudence, la Force. Au-dessus, se détache l'effigie du cardinal en prière, surmontée d’un médaillon enserrant une représentation du chef de saint Jean Baptiste. Enfin, en couronnement, s’élèvent trois statuettes figurant les vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité.
La restauration
Cette intervention sur le monument s’insère dans le programme de restauration des monuments de la cathédrale d’Amiens. L’étude préalable, menée en 2021, avait mis en évidence les traces de multiples interventions sur le monument dont aucune n’est documentée. L’état de conservation de l’œuvre en était alors très altéré.
La restauration a alors consisté essentiellement en un nettoyage, une reprise des anciennes restaurations dommageables pour la conservation de l’œuvre, des consolidations, un complément des éléments manquants dans la mesure où ceux-ci sont renseignés, et des retouches colorées dans un souci d’harmonisation.
Les traitements apportés par la restauration sont donc curatifs et préventifs ; ils visent de manière globale à assurer la transmission du monument aux générations futures, mais aussi à contribuer à ce que, grâce à une meilleure lisibilité, ce monument retrouve sa place dans l’histoire de l’art.
Cette intervention a été dirigée par Anita Oger-Leurent, conservatrice des Monuments historiques à la DRAC Hauts-de-France. L’opération a été réalisée par Christine Bazireau, restauratrice de patrimoine sculpté, mandataire d’une équipe qui a réuni cinq autres restaurateurs et artisans d’art, ainsi que l’entreprise Charpentier PM pour les installations de chantier et les travaux de maçonnerie, avec l’accompagnement technique et scientifique du Conseil départemental de la Somme.
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