Le samedi 14 octobre 2023, la bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne, le Mémorial de l’Internement et de la Déportation de Compiègne et la médiathèque Till l’Espiègle de Villeneuve d’Ascq ont reçu la plaque du label "Architecture Contemporaine Remarquable ».
Cette distinction du ministère de la Culture vise à valoriser les ensembles les plus significatifs de la production architecturale des XXe et XXIe siècles. Elle succède, depuis la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, au label « Patrimoine du XXe siècle » créé en 1999.
Le but est d’identifier et signaler les édifices et ensembles qui, parmi les réalisations architecturales, sont autant de témoins matériels de l’évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle de notre société.
La médiathèque Till l'Espiègle, Villeneuve d'Ascq
La médiathèque Till l'Espiègle à Villeneuve d'Ascq, conçue par les architectes Martine et Philippe Deslandes en 1984, se distingue par son intégration harmonieuse dans le paysage environnant, combinant des espaces intérieurs chaleureux à une architecture extérieure originale.
Une véritable signature architecturale s’imprime sur la médiathèque Till-l’Espiègle. Martine et Philippe Deslandes y appliquent les principales caractéristiques de leur style et notamment la juxtaposition et l’étalement des volumes, qui permettent la création de grandes superficies tout en conservant un niveau d’élévation raisonnable, à taille humaine et qui n’écrase pas de sa masse le visiteur ou le simple passant.
Comme toutes les villes nouvelles, Villeneuve-d’Ascq fait figure de laboratoire d’architecture, où s’expérimentent des réalisations aussi diverses que la CARSAT de Serge Mesnil et Jacques Delrue (1980), édifice monumental aux bâtiments modulaires multiples situé dans le sud-ouest de l’agglomération, ou le LAM de Roland Simounet et son étagement de boîtes habillées de brique rouge. Le quartier de l’Hôtel-de-ville, où est élevée la médiathèque Till-l’Espiègle, n’est pas le premier à sortir de terre. Il succède par exemple à ses voisins immédiats situés, respectivement, à l’est et au nord de ses limites : le Triolo et le Pont-de-Bois (quartier de l’université) commencés en 1971.
Pour l’intérêt du projet dans le cadre du développement de la ville nouvelle, en vertu de l’importance du programme culturel permettant l’accès à la lecture pour tous, à proximité immédiate de la Rose-des-Vents, pour l’originalité comme la discrétion du bâtiment, adapté à son cadre urbain et paysager, ainsi qu’au regard de la Qualité des espaces intérieurs offrant un cadre chaleureux, la Commission régionale du Patrimoine et de l’Architecture (CRPA) a décidé l’octroi du label architecture contemporaine remarquable.
La Bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne
La Bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne témoigne d'une politique architecturale qui allie la préservation du patrimoine historique à sa réhabilitation moderne pour répondre aux besoins contemporains. Deux architectes, Jean-Pierre Paquet après la Seconde Guerre mondiale et Patrick Mauger au début des années 2000, se sont attachés, à cinquante ans d'écart, à restaurer l’ancien et à en évoquer les parties disparues, se réappropriant leurs volumes et proposant une réécriture contemporaine.
Après la Seconde Guerre mondiale, Jean-Pierre Paquet assure une continuité entre les pierres de taille préservées des pignons du réfectoire et les parements de la façade principale. Il intègre également dans son édifice le cellier protégé au titre des monuments historiques, malgré les problèmes structurels que sa conservation engendre. Dans le même état d’esprit, au début des années 2000, Patrick Mauger met encore davantage le cellier en valeur, recréé le volume de la salle capitulaire et intègre à la bibliothèque l’aile Sud de l’ancien cloître.
L’intégration des vestiges de l’ancienne abbaye Saint-Corneille de Compiègne dans un édifice contemporain pour une réaffectation du lieu préfigure les grands chantiers de transformation d’abbayes en auberge de jeunesse (ex : Buisson-de-Cadouin, Dordogne), en hôtel (ex : Belval, Pas-de-Calais), en espace muséal (ex : Annecy-le-Vieux, Haute-Savoie) ou encore en mairie (ex : Saint-Ferme, Gironde) etc.
Mémorial de l'Internement et de la Déportation, Compiègne
Le Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne est une architecture singulière, qui a pour particularité d’associer la création d’une architecture contemporaine à la réhabilitation et la reconversion de bâtiments anciens, qui portent l’histoire du lieu. Cette longue histoire du site et ses différentes affectations offrent une densité particulière à la création de Jean-Jacques Raynaud.
L’intervention de Jean-Jacques Raynaud, sobre et digne dans son esthétique, avec une portée symbolique prégnante, s’inscrit dans les codes de l’architecture mémorielle de la Seconde Guerre mondiale. La sensation prédominante de vide et de solitude, résultant de dispositifs spatiaux spécifiques, convoque la mémoire du visiteur par l’expérience physique et émotionnelle. Les publics ne sont plus des spectateurs face à un monument commémoratif mais deviennent protagonistes de la réactivation d’une mémoire individuelle et collective.
Ces trois exemples reflètent la richesse et la diversité de l'architecture contemporaine en Hauts-de-France. Ils rappellent que l'architecture ne se limite pas à la construction de bâtiments, mais qu'elle est un véritable témoin d’histoire, de culture et d’évolution. Ces réalisations illustrent comment l'architecture peut s'intégrer de manière harmonieuse dans des contextes historiques ou paysagers tout en apportant des éléments novateurs et modernes.
Le label « Architecture contemporaine remarquable » en Hauts-de-France
Le label « Architecture contemporaine remarquable » vise à reconnaître et valoriser les ensembles (immeubles, ensembles architecturaux, ouvrages d’art ou aménagements) les plus significatifs de la production architecturale des 100 dernières années.
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