Au cœur du château royal de Blois, classé Monument historique depuis 1840, s'est tenue une journée importante pour la région Centre-Val de Loire. Une Commission de la DRAC (la Commission scientifique régionale d'acquisition), essentielle à la protection du patrimoine, a examiné 65 dossiers, représentant 984 objets destinés à rejoindre les collections de huit musées de France. Mais pourquoi est-ce si important ? Cette réunion vise à vérifier l’intérêt de ces objets, leur capacité à intégrer les collections mais aussi leur provenance, un enjeu essentiel au regard de l’impératif de restitution des œuvres spoliées. Ce moment d’échanges approfondis entre spécialistes précède une « relocalisation » de ces trésors nationaux dans les différents musées. Car l’enrichissement de ces collections vise à permettre au plus grand nombre l’accès aux arts et à la culture, dans tous les territoires de France, l’une des missions premières du ministère.
Les projets d'acquisition en Centre-Val de Loire reflètent la diversité des spécialités muséales de la région. Des collections d'art ancien d’un musée des beaux-arts aux spécimens naturels d’un Muséum d'histoire naturelle, en passant par les fonds contemporains pour compléter les collections d’un musée, chaque établissement développe sa politique d'enrichissement selon sa mission spécifique.
La richesse et la diversité des propositions d'acquisition examinées lors de cette session illustrent parfaitement l'éclectisme des collections régionales. Parmi les œuvres présentées figuraient notamment deux portraits peints en 1889 de Ferdinand Pitard, témoignant de l'art du portrait de la fin du XIXe siècle. La photographie contemporaine était représentée par une œuvre de Bernard Descamps de 1979 immortalisant le côteau Sainte-Radegonde à Chinon, révélant l'attachement des artistes aux paysages emblématiques de la région.
L'art graphique ancien occupait une place de choix avec un dessin à l'encre et lavis de Jacques Androuet du Cerceau vers 1550, architecte et dessinateur de la Renaissance française, ainsi que le second album d'Italie dit "Meuricoffre" d'Antoine Jean Gros, précieux témoignage des voyages d'étude des artistes néoclassiques. L'art contemporain régional était honoré par un dessin à l'encre de Chine d'Olivier Debré de 1991, figure majeure de l'abstraction lyrique liée à la Touraine.
Les arts décoratifs n'étaient pas en reste avec une collection de céramiques en terre cuite des XIXe et XXe siècles, ainsi qu'un plat en majolique de Deruta représentant saint François recevant les stigmates. La création contemporaine était également présente avec des œuvres graphiques et peintes de Nathalie Godin, démontrant la continuité de la création artistique régionale.
Cette diversité permet à la région de couvrir un large spectre patrimonial : beaux-arts, arts décoratifs, histoire locale, sciences naturelles, techniques et innovations. Les acquisitions récentes témoignent également d'une volonté d'ouverture vers des domaines moins traditionnels, intégrant par exemple les arts numériques ou les créations contemporaines issues de la diversité culturelle.
Comment fonctionne la Commission scientifique régionale d'acquisition ?
Concrètement, que fait cette commission ? Depuis 2002, tout projet d’acquisition d’un bien culturel, acheté ou offert, doit recevoir l'aval d'une commission scientifique avant d'intégrer les collections publiques. Cela permet de garantir la cohérence et la qualité scientifique des enrichissements muséaux. Le processus est alors minutieusement orchestré par la DRAC. Chacun des 64 musées de France de la région doit d'abord soumettre son dossier au référent scientifique du service des musées de France, avant transmission à la DRAC. Véritable pierre angulaire de la politique culturelle territoriale, elle joue alors un rôle déterminant dans l'accompagnement des musées régionaux labellisés « musée de France » : elle coordonne les avis de la commission, garantissant ainsi que chaque acquisition réponde aux plus hauts standards de qualité. Cette mission va bien au-delà de la simple validation administrative : la DRAC accompagne les musées dans leurs projets, les conseille dans leurs choix stratégiques et veille à la cohérence des collections à l'échelle régionale.
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