Le Carré Saint-Vincent
Inauguré dans les années soixante-dix en remplacement du théâtre municipal, le Carré-Saint-Vincent, désormais dénommé "Théâtre d'Orléans", abrite plusieurs institutions et associations culturelles, dont le CDN d'Orléans depuis 1993.
Mais l’histoire du théâtre et de l’action culturelle à Orléans commence bien avant, au milieu des années soixante.
Mis à jour le
1965, novembre
Olivier Katian qui vient de lancer à Versailles le Théâtre des Quatre-Vents offre de l’installer à Orléans, avec, au-delà de l’idée d’une troupe municipalisée, le projet d’un véritable centre d’animation.
Dans un premier temps, la Ville s’en tient à l’action théâtrale. C’est ainsi que la troupe est intronisée sous le titre de « Comédie d’Orléans ».
1967
En mars, une cinquantaine de personne réunies par M. Hauchecorne, conservateur de la bibliothèque d’Orléans, décident de travailler à l’implantation d’une action culturelle permanente et à la construction d’une maison de la culture.
La salle de l’Étape étant inadaptée ses projets de conquête et de novation porté par Olivier Katian, la ville lui offre provisoirement de s’installer dans la Maison de Jeanne d’Arc réaménagée.
A propos du théâtre municipal
Situé sur la place de l’Etape, alors dite « place de l’Etape aux vins », l’ancien théâtre municipal d’Orléans est à l’origine une église. En 1792, l’église Saint-Michel devient la propriété de l’architecte Lebrun qui la retire du culte et la transforme en salle de spectacles. Mais le lieu, long rectangle étroit, mal entretenu de surcroît, se prête mal à la présentation de spectacles. Quant aux spectacles eux-mêmes, souvent de piètre qualité, ils sont boudés par le public. En 1818, le théâtre est fermé pour d’indispensables restaurations.
Le théâtre connaît une renaissance avec l’arrivée, en 1848, d'Alfred Harmant. Homme de théâtre reconnu, celui-ci propose une programmation de qualité et finance sur ses propres deniers la rénovation du théâtre et la reconstruction de la salle «à l'italienne» . Le nouveau théâtre municipal ouvre ses portes le 12 octobre 1850.
Après le départ d’Alfred Harmant, en 1852, une douzaine de directeurs se succèdent sans pouvoir maintenir le prestige du théâtre municipal. » Celui-ci retrouve les faveurs du public à la Belle-époque grâce au succès grandissant de l’opérette. Le théâtre survit dans le contexte difficile de la guerre, accueille quelques noms prestigieux (Sarah Bernhard, Albert Brasseur, Aristide Bruand) mais ne survivra finalement pas à la modernisation des salles de spectacles.
La dernière représentation est donnée en 1974 et le théâtre cède la place, cinq ans plus tard, au «centre municipal».
1973, janvier
Le nom de Maison de la culture est abandonné au profit de Centre d’animation culturelle d’Orléans et du Loiret, le sigle MCO est toutefois conservé.
Assisté par l’auteur Louis Guilloux (conseiller culturel de 1968 à 1971), Olivier Katian constitue progressivement une équipe de permanents composée d’artistes, animateurs, techniciens, administratifs.
Les architectes : MM. Sonrel et Duthilleul
Surface au sol : 3 000 m²
Surfaces utiles : MCO : 4 000 m²
Théâtre : 2 600 m²
Coût de la construction : 19 714 000 F (participation de l’État 5 205 000 F
Coût de l’équipement : 2 060 000 F dont État 512 000 F
Répartition des coûts de fonctionnement :
Ville : 44 %
État (secrétariat à la Culture) : 33 %
Département : 22 %
La construction
Le projet se construit en concertation entre les futurs utilisateurs, les maîtres d’oeuvre et les
représentants de la Ville.
Ainsi, à l’initiative de la MCO, certains locaux, non prévus, sont ajoutés : pavillon des enfants, discothèque, vidéothèque, ateliers de construction.
2 mai 1973 : première pierre (maire : M. René Thinat)
Juillet 1973 : les fondations
Novembre 1973 : Construction de l’hexagone et de la cage de scène du théâtre
Mai 1974, le volume de l’établissement se précise
Janvier 1975 : derniers aménagements intérieurs
24 janvier 1975 : ouverture
7 février 1975 : visite inaugurale
En mai 1975, après sept années de préfiguration, le Carré Saint-Vincent est inauguré par Michel Guy, Secrétaire d'État à la Culture.
Construit sur la place qui accueillait autrefois cirques et fêtes, le nouvel équipement abrite le centre d'animation culturelle d'Orléans-Loiret dirigé par Olivier Katian et le nouveau théâtre municipal.
Les salles :
. L’hexagone : salle transformable (100 à 300 spectateurs) avec gradins et sièges démontables.
. Le studio : petite salle de conférences ou de projections
. Le Théâtre municipal mis à la disposition de la MCO pour ses spectacles à grande audience (1000 spectateurs)
Le nouvel équipement met en oeuvre les 5 grandes orientations définit dès ses débuts par la MCO :
- offrir des prestations en permanence.
C’est notamment le cas des expositions, secteur très important du nouvel équipement. L’entrée est libre à toute heure d’ouverture.
- oeuvrer pour l’avenir privilégiant l’action en faveur de la jeunesse.
Le jeune public trouve dans le « Pavillon des enfants » diverses activités ainsi que des livres et des disques. Des animations sont également proposées au sein des établissements scolaires. Des spectacles jeune public sont également présentés en tournée départementale.
- favoriser la création
Un équilibre entre création contemporaine et oeuvres du patrimoine culturel est recherché dans la programmation.
- établir une programmation autour de thèmes
- inscrire son action dans un contexte culturel global.
Cela se traduit par une coopération avec l’éducation nationale, les autres établissements culturels de la ville, les groupes et associations, les comités de quartier.
Chiffres clés 1976
48 000 spectateurs pour les 246 programmations dans le bâtiment et 52 représentations et 134 animations en décentralisation.
8 000 adhérents : 61 % résidant à Orléans, 5 % à La Source, 24 % dans l’agglomération, 15 % au-delà.
Le centre d'animation culturelle d'Orléans-Loiret et le nouveau théâtre municipal connaissent plusieurs transformations institutionnelles.
Géré directement par la ville jusqu’en 1986, le lieu est ensuite confié en contrat d’affermage à une Société Anonyme la Société d’Exploitation du Théâtre d’Orléans (SETO).
En 1989, l’association Carré Saint-Vincent devient gestionnaire du lieu et reçoit le label Scène Nationale en 1993.
A partir de 1985, un Centre Chorégraphique, qui deviendra National en 1995, s’y installe avant d’intégrer ses propres locaux en 2001, rue du Bourdon Blanc.
Parallèlement, le Centre d’Art Dramatique d’Orléans (CADO), formé en 1988, se consacre à une programmation théâtrale.
Enfin un Centre Dramatique National s’installe en 1993 pour la création et la diffusion du théâtre contemporain.
Plusieurs associations de la ville sont par ailleurs accueillies pour leurs activités.
Au début des années 1990, l’architecte François Deslaugiers (1934-2009) remporte le concours organisé pour étendre le théâtre d’Orléans, extension rendue nécessaire par l’arrivée dans les lieux du Centre Chorégraphique National et du Centre Dramatique National. Il conçoit une façade résolument contemporaine, animée de lumière et de reflets. C’est également lui qui imagine la salle «Jean-Louis Barrault» avec son plan incliné argenté, sa galerie de verre et son auvent et la salle «Antoine Vitez » entièrement repensée à partir de la structure préexistante afin d’offrir un cadre plus intime, propice à la création.
François Chaslin, critique d’architecture, rendant hommage à l’architecte récemment décédé, décrit ainsi l’architecture du nouveau bâtiment :
«[…] la nouvelle salle du théâtre d'Orléans (1992-1994), grand volume saillant, aux angles arrondis à la façon de certains projets de salles de Nouvel, couvert d'une visière tournée vers le vieux mail, avec un ventre d'inox qui se réfléchit dans un bassin. Il est flanqué d'une belle passerelle aérienne qui sert de coursive et de foyer, gros tube de verre cintré, discrètement porté sur deux consoles qui le détachent du bâtiment et le rapprochent des platanes.»
Le Théâtre d'Orléans comprend actuellement trois salles de diffusion :
. Salle Jean-Louis Barrault : 550 places en gradins ; 40 places en loges latérales
. Salle Pierre-Aimé Touchard : 920 places en gradins
. Salle Antoine Vitez : 213 places en gradins.
A ces trois salles, il faut ajouter :
. le "Kid", petite salle utilisée pour des projections, lectures, ateliers, rencontres avec les publics,
. la salle de répétition du CDNO qui sert occasionnellement à la présentation de petites formes, . le balcon et le hall dans lesquels se tiennent certains concerts (notamment de jazz).
Articles :
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