L’année 2023 marque les 220 ans de la mort de Toussaint Louverture. Figure de résistance et artisan de l’abolition, cet ancien esclave a permis à la colonie de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti) de devenir la première République noire dans le monde. C’est en Bourgogne-Franche-Comté que cet homme de courage s’est éteint en 1803 dans le Fort de Joux, dans le Doubs. À cette occasion, le musée de Pontarlier le met à l’honneur dans de cadre de l’exposition « Black and Fort, une constellation multimedia ».
Une figure de l’abolition de l’esclavage
Né esclave en 1743 près du Cap Français, il est affranchi en 1776. Il grimpe rapidement les échelons de la société : en 1789, il est instruit, enrichi et possède même quelques esclaves.
Il se rallie à l’insurrection des esclaves de Saint Domingue en 1791 et s’impose en peu d’années comme chef d’une armée formée d’anciens esclaves, dont le rôle est décisif dans la guerre franco-britannique. Toussaint rejoint alors les troupes françaises lorsque le commissaire de la République Sonthonax décide la liberté générale dans l’île, et provoque le vote par la convention du décret d’abolition de l’esclavage dans les territoires français, en 1794. Le général Toussaint Louverture se proclame gouverneur général de Saint Domingue en 1801.
Le Premier consul Bonaparte, voyant la colonie échapper à son contrôle, exige sa soumission par une expédition militaire. Toussaint est traîtreusement fait prisonnier en 1802, et transféré au Fort de Joux, dans le Doubs.
Le Fort de Joux, un lieu de mémoire
À son arrivée au château en 1802, Toussaint Louverture est déjà âgé. Il souffre de blessures de guerre et de maladie respiratoire. Toussaint Louverture est tenu au secret : il ne peut pas recevoir de visite et n’a pas le droit de sortir. Après 7 mois de détention, il meurt le 7 avril 1803.
L’enfermement et la mort de Toussaint Louverture au château de Joux, ont rapidement positionné le site comme un haut lieu de la mémoire de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. Classé monument historique depuis 1996, il conserve le souvenir de ce prisonnier exceptionnel : une stèle est érigée en 1954 au pied du château, dédiée à la mémoire du général.
« Black and Fort, une constellation multimedia »
Le musée de Pontarlier, en lien avec le Fort de Joux, offre aux visiteurs la possibilité de marcher sur les pas de Toussaint Louverture à travers cette exposition de l’artiste contemporaine Claire Angelini. Conçue comme une œuvre ouverte, elle retrace quelques moments du trajet du général. En croisant archives photographiques et états des lieux contemporains du fort, elle met en lumière une nouvelle cartographie de l’île d’Haïti, éclatée en cinq fragments photographiques.
Cette exposition est également l’occasion de mettre en avant l’évolution des idées d’émancipation dans l’histoire du cinéma en revenant sur l’esquisse de film sur Toussaint Louverture de Sergueï Eisenstein.
Figure de résistance et artisan de l'abolition, Toussaint Louverture est cette année mis à l’honneur par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage dans le cadre d’une commémoration numérique. Suivez-la avec le #PatrimoineDechaines
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