Un projet partagé dans un échange de compétences
La restauration de l’ensemble abbatial de la Chaise-Dieu, sous maîtrise d’ouvrage du syndicat mixte de travaux (commune, communauté de communes et Conseil départemental) s’inscrit dans un large projet initié en 2007 pour la reconstitution de l’unité foncière du lieu. Les travaux accompagnés scientifiquement, techniquement et financièrement par l’État ont réuni cet ensemble dispersé par l’histoire et dans un état préoccupant.
L’étude de la totalité du bâti, confiée à l’architecte du patrimoine Richard Goulois, a notamment permis de redécouvrir l’ancienne chapelle du Collège. Le projet concerté de requalification de cet espace offre aujourd’hui un nouvel écrin aux 14 tapisseries restaurées.
Genèse de la restauration des tapisseries
La restauration des tapisseries de la Chaise-Dieu, non prévue initialement, s’est imposée dans les travaux. En 2012, le syndicat mixte et l’État proposent l’étude de trois des quatorze pièces. Dirigée par deux restauratrices textile, Montaine Bongrand et Susanne Bouret, l’étude démontre l’urgence de la dépose et de la restauration de l’ensemble.
En 2013, la DRAC signe avec le syndicat mixte de travaux une convention d’assistance à maîtrise d’ouvrage et désigne Marie-Blanche Potte, conservatrice des monuments historiques, comme interlocutrice unique pour le contrôle technique et scientifique des interventions sur les tapisseries.
Une restauration minutieuse révèle une œuvre remarquable
La tenture de chœur de la Chaise-Dieu constitue un ensemble exceptionnel de tapisseries flamandes réalisées au début du XVIe siècle en fils de laine, lin, soie et fils métalliques. Commandées par l’Abbé de Saint-Nectaire en 1501, elles étaient initialement destinées à une accroche événementielle, lors de temps liturgiques. Accroché en permanence dans l’église abbatiale dès 1927, cet ensemble souffre de l’humidité, de l’exposition à la lumière, de l’empoussièrement et de l’effondrement de sa structure.
Après plus d’un demi-siècle d’alerte sur l’état de conservation de la tenture, l’étude réalisée en 2012 convainc la commune propriétaire, l’affectataire et l’ensemble des partenaires financiers de l’absolue nécessité de déposer les tapisseries.
En mai 2013, elles partent en restauration dans les ateliers Chevalier à Colombes (Hauts-de-Seine). Cette intervention minutieuse permet aujourd’hui la mise en valeur d’un trésor qui existait mais qui n’était pas visible.
Quatre étapes de restauration :
- phase préparatoire : retrait des galons teintés avant nettoyage, dérestauration, tests de résistance au nettoyage
- phase de nettoyage : par vaporisation d’eau sur table réservée à cet effet
- phase de restauration : consolidation des tapisseries par l’apport de tissus de support et l’application de différents points de couture de fils mercerisés
- phase de doublage des tapisseries, afin qu’elles puissent à nouveau être accrochées
Un espace d’accueil requalifié pour une présentation monumentale
Le décrochage, intervenu dans le contexte global du vaste chantier de restauration de l’abbaye, a été accompagné d’un programme architectural destiné à accueillir les tapisseries à leur retour. La redécouverte de la chapelle du Collège par Richard Goulois offre l’opportunité d’un espace parfaitement adapté au ré-accrochage des 14 tapisseries. Restauré dans un esprit de lisibilité de l’existant, le lieu allie interventions contemporaines et conditions optimales de conservation et de valorisation de l’œuvre textile.
Afin de livrer un bâti à l’atmosphère stable, l’architecte a engagé un dialogue constant avec les restauratrices pour déterminer chaque point précis de conservation préventive.
Le nouvel accrochage
Depuis le 11 juillet 2019, le nouvel accrochage à hauteur d’homme et l’éclairage subtil des tapisseries permettent aux visiteurs d’apprécier les détails de chaque scène, des visages aux costumes, de la botanique à l’architecture, du message moral à l’anecdote.
Montant de la restauration : 300 000 € (part État : 50%) - Durée de l’intervention : 6 ans - Temps passé : 4 600 heures
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