1.1344 - Saint-Just Palmieri
le 13e arrondissement au nord-est de la ville
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1344, p 35. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Saint-Just Palmieri et Garderie
rue Amédée Palmieri et rue Lionel Terray, quartier des Chutes Lavie 13014
Lambert 3 : latitude 3.0480 ; longitude 43.3218
Accès : bus 81 : rond-point Prado - Canebière - La Rose
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, 13004, 04 91 12 71 00
programme : Ensemble de 187 logements programme d'attribution d'Immeubles Sans Affectation Immédiate.
Maître d'ouvrage : ministère de la Reconstruction et du Logement.
Ensemble de 9 immeubles. Équipements prévus en première tranche.
dates, auteurs : Avis favorable du ministère 1946,
1e tranche (Palmieri) : 1947-1950. 2e tranche (Garderie) : 1956-1959.
R. M. Mauger, F. Lioger, Borrely, A. Caron, L. Chambion, Ch. Favele, G. Gensollen, Gouirand, architectes.
L. Arnaud, sculpteur.
Entreprises La Concorde, SNCT, Balcchi et Careghi.
site : Entre Saint-Just et les Chutes Lavie, à l'est de la dérivation de Longchamp du canal de Marseille. Pente vers l'est en direction du lit majeur du Jarret. Altitude entre 67,00 et 58,70 m. Secteur d'habitation discontinue E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Implantation de part et d'autre de la rocade, alignement discontinu des bâtiments en épis. Le plan d'origine envisageait l'avenue comme un boulevard urbain, aisément franchissable. Bâtiments orientés selon les points cardinaux. Espaces différenciés, parfois ouverts sur l'avenue Fleming. Épannelage : tour R+14, autres R+4 sur caves.
bâti : Constructions en maçonneries traditionnelles, murs et refend central, façades en pierres et enduits aux étages pour la première tranche. Terrasses en pied d'immeubles. Entrées ornées de sculptures. Les tranches suivantes, plus proches des barres courantes, sans ornement. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 10 (34.574),165 W 193, 12 O 112, 7 ETP 213-215
Technique et Architecture, 1946
Contexte :
Lors de la période de la Reconstruction (1946-1954), la priorité du financement des logements était le relogement des habitants qui avaient perdu leur bien au titre des dommages de guerre, organisés au sein d'associations syndicales. La seconde voie comprenait ceux dont les biens étaient touchés par des mesures d'urbanisme. Compte tenu des lenteurs de ces procédures, dès 1944, le principe des Immeubles Sans Affectation Immédiate (ISAI) est mis en place par l'administration sans participation financière ou pratique des sinistrés. Avec les ISAI, pré-financés entièrement par l'État (à valoir sur les dommages de guerre futurs), l'administration française a construit pour la première fois des immeubles de logements.
Les directives du ministère de la Reconstruction imposèrent des surfaces pour chaque type d'appartement ainsi que certaines normes en matière de confort. Les ISAI seront aussi un des premiers moyens d'expérimenter des formes nouvelles de logement ainsi au Havre avec A. Perret, à Maubeuge avec A. Lurçat et à Marseille où Le Corbusier réalise la Cité Radieuse sous forme d'ISAI. En 1956, un rapport de la Cour des Comptes conclut que l'État n'avait pas pour vocation d'encaisser des loyers et chargea le Service des Domaines de procéder à la mise en vente de ces logements.
Le projet initial qui comprenait une dizaine de bâtiments dont une tour de 16 étages, composait avec la future avenue Alexandre Fleming, et totalisait moins de 300 logements. Il ne rassemblait pas moins de 10 architectes dont R.M. Mauger, F. Lioger, Borrely, A. Caron, L. Chambion, Ch. Favele, G. Gensollen, Gouirand. On peut se poser la question du nombre important d'hommes de l'art pour un tel programme. Sans doute faut-il le rapprocher des revendications des architectes marseillais qui demandaient leur participation à la Cité Radieuse, opération au montage similaire à celui de Saint-Just.
Seule la première tranche de 122 logements sera réalisée entre 1948 et 1950 selon ce plan, sous l'appellation de Saint-Just Palmieri. Après le rachat par l'Office Public d'HLM Départemental, une seconde tranche, Saint-Just Garderie, conçue par R.M. Mauger, seul, sera mise en œuvre par les entreprises La Concorde, SNCT, Balicchi et Careghi, entre 1956 et 1960.
Description :
Malgré les revirements de l'opération, le plan de masse demeurera inchangé. Organisé de part et d'autre du CVO72, aujourd'hui avenue Fleming, traité alors plus en cours qu'en rocade urbaine. La disposition des bâtiments selon les points cardinaux, dessine un alignement en dent de scie donnant un caractère ouvert et antiperspectif au plan d'ensemble. À l'origine une tour de 16 étages était prévue sur l'îlot nord, tour qui était accompagnée d'un "centre d'achat". Au sud, dans la maille en redent des immeubles de quatre étages, devait être construite une garderie d'enfant qui ne sera pas réalisée. Ces programmes à caractère social, alliés aux généreux espaces entre les bâtiments, traités en jardins d'enfants ou en jeux de boules, et parfois ouverts sur la voie centrale, montrent une conception plutôt urbaine et aérée du projet initial. Le maintien du plan après 1956 ne tient qu'à la reconduite de l'architecte R.M. Maugée.
Pour les immeubles, la différence entre les deux périodes du projet est plus tranchée. Les premières constructions, quatre immeubles de la partie sud sont d'une facture néoclassique. Les soubassements de pierre froide se concluent par un bandeau saillant, au-dessus duquel le plein corps de façade est réalisé en enduit avec un dessin de joints tirés au fer. Elle est percée par des fenêtres à encadrement saillant. Sur les façades au sud, la partie supérieure du cadre se prolonge en auvent horizontal en une sorte de pare soleil. Les étages sont répétitifs et la façade est couronnée par une petite corniche à double ressaut proche de celles de Perret. Sur la toiture terrasse des superstructures en retrait, très vitrées, abritent des séchoirs, autre signe d'un caractère social marqué.
Les entrées d'immeubles, plaquées d'élégantes pierres marbrières grises, sont ornées de groupes sculptés sur le thème de la famille, des enfants. Réalisées en pierre de Calissanne, elles sont signées Louis Arnaud ; leur état actuel appelle un nettoyage restauratif et une protection. La structure est faite de murs maçonnés, avec façade porteuse et refend central qui donne des immeubles d'une épaisseur n'excédant guère les huit mètres.
La seconde tranche est plus dans la norme de l'après Reconstruction. Le plan de masse persiste mais sans la tour. Le centre d'achat et la garderie ne sont plus que des formes en pointillés sur les plans.
La conception des plans reste proche avec des parties communes moins importantes et pas de séchoir en terrasse. Ce sont les loggias qui ont ce rôle, elles sont équipées de ventelles horizontales en béton. Les entrées ne sont ornées que d'un simple auvent, seuls quelques pignons sont encore en appareil cyclopéen de pierre.
Il reste quelques traces des aménagements extérieurs, petite rotonde, pavés en bordures de pierres froides bouchardées, trottoirs à degrés, dallés de pierres avec réserves pour les arbres. Sans doute les aménagements superficiels devraient-ils reprendre cette écriture, particulièrement soignée.
Auteurs :
Albert Carron, architecte
1961, immeuble d'habitation, Chutes Lavie, Marseille,
1962, ensemble immobilier, Les Caillols, Marseille,
1962, HLM Châteauneuf-les-Martigues,
1963, ensemble immobilier à Tarascon,
1964, immeuble d'habitation, Les Réformés, Marseille.
Louis Chambion, Charles Favel, architectes
1954, immeuble d'habitation, Sainte-Marguerite, Marseille,
1954, ensemble immobilier, Saint-Louis, Marseille,
1956-62, immeuble d'habitation, Sainte-Marguerite, Marseille,
1957-59, HLM, La Conception Marseille,
1964, immeuble d'habitation, Martigues.
Guy Gensollen, architecte
1960, immeuble d'habitation, Sainte-Marguerite, Marseille,
1963, immeuble d'habitation, Saint-Gabriel, Marseille.
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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