Martigues - Ensemble collectif Notre-Dame-des-Marins et école maternelle Di Lorto
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Martigues
- appellation : Ensemble collectif Notre-Dame-des-Marins et école maternelle Di Lorto
- adresse : quartier Notre-Dame-des-Marins
- auteurs : Michel ECOCHARD (architecte-urbaniste), Atelier DELTA (architectes)
- date : 1967-1972
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 16 novembre 2006
A la fin des années 1950, le maire de Martigues, Francis Turcan, initie une campagne de création de logements sociaux dans sa commune, afin de loger les nombreux travailleurs embauchés sur le site industriel de Fos-sur-Mer. En parallèle, l’Etat propose la création d’une ZUP de 500 logements à Martigues. L’architecte-urbaniste Michel Ecochard, connu pour ses réalisations au Maroc et au Liban, est retenu. Pressentant le développement futur de la ville de Martigues, ce dernier conçoit un véritable boulevard urbain, la Voie V1, baptisée depuis voie Francis Turcan. Cette voie, monumentale pour l’époque, permet de relier la ZUP à l’échangeur nord du viaduc autoroutier de Fos-Marseille et débouche sur la route d’Istres et l’étang de Berre.
Les terrains choisis sont situés au nord de la ville, sur le versant sud de la colline dominée par la chapelle Notre-Dame-de-Miséricorde, dite "Notre-Dame-des-Marins". Afin d’augmenter la surface constructible, 150 expropriations sont effectuées, la plupart à l’amiable. Le plan proposé par Michel Ecochard tient compte de la déclivité naturelle et du site arboré. Il s’associe d’ailleurs à cet effet avec le paysagiste Jacques Sgard. Le plan témoigne également d’un patient travail de réflexion et d’une collaboration constante avec la municipalité : les immeubles ne comportent pas plus de 10 étages, les espaces publics sont soignés et une école maternelle est construite. Au total, 94 chambres de célibataires et 737 logements HLM sont réalisés. La construction de ces derniers est confiée par l’office départemental HLM des Bouches-du-Rhône à l’atelier Delta (interviennent notamment ici Pierre Averous et Raymond Perrachon).
Héritiers de Le Corbusier, les architectes tentent d’améliorer le concept des appartements en duplex en créant des demi-niveaux à l’intérieur des logements afin de proposer plus de confort aux habitants. Cette nouvelle conception, ainsi que le travail des espaces de circulation et la réflexion sur la volumétrie des façades ont créé de nombreuses contraintes constructives mais apportent à l’ensemble une richesse architecturale et plastique indéniable.
Le quartier est équipé d’un groupe scolaire, Les Capucins, dont l’école maternelle, due à Michel Ecochard, s’inscrit dans la pente de la colline avec une composition presque vernaculaire qui utilise les "courbes de niveau" avec une extrême sensibilité. Une rue intérieure courbe part de l’espace commun au niveau de l’entrée et relie les classes des grands et des petits. L’organisation de chaque classe avec son atelier, sa salle de repos pour les petits ou la cour-jardin pour les grands, la générosité des surfaces, des volumes sont les principales caractéristiques du projet. Le cadrage des vues larges sur la ville, créé par les ouvertures, resserrées au nord sur le quartier, donne à chaque personne adulte ou enfant une perception très riche de son environnement. On observe çà et là des clins d’œil, comme des balcons vitrés pour communiquer d’une classe à l’autre. En parement, Michel Ecochard a choisi la brique rouge issue des tuileries de Marseille à Saint-Henri.
La maîtrise du projet d’ensemble se retrouve dans la qualité de l’aménagement paysager extérieur. Il est composé de soubassements courbes en pierre calcaire et de talus plantés à l’origine de lavandes. Il constitue une véritable transition entre le traitement rigoureux des cours et le cheminement piéton qui longe les immeubles en limite du territoire scolaire. L’école maternelle inaugurée sous le nom de Di Lorto garde encore aujourd’hui toute sa modernité d’usage.
- Rédacteurs : Eve Roy, drac paca crmh, Sophie Bertran de Balanda et Jérôme Mortier, ville de Martigues, 2007
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