18.Mouans Sartoux - Lotissement de 5 maisons à Castellaras-le-Neuf
références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture domestique, villas
rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo, Raffaella Telese / Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteur, date : Jacques Couëlle, architecte , 1965
protection, label : édifice non protégé, label patrimoine du XXe siècle (CRPS du 28 novembre 2000)
Historique :
En 1958 la banque Seligman et le promoteur Pierre Beckhardt proposent à Jacques Couëlle de créer un village autour du château de Castellaras, qu'il a construit trente ans plus tôt (1926) pour un riche américain amateur d'art (M. Schley). Naît ainsi le Hameau de Castellaras qui voit la réalisation en cinq ans d'environ 90 maisons, résidences secondaires de luxe. Une fois achevée cette opération (1964), le même promoteur propose à Couëlle de poursuivre sa création en concevant un nouveau lotissement de 50 maisons supplémentaires.
Après les études de conception, il ne pourra construire que 5 maisons-sculptures prototypes (probablement par manque de clientèle et "résistance" de la commune, s'inquiétant de l'ampleur du projet).
Description :
Le projet de Lotissement de Castellaras le Neuf est l'occasion pour Jacques Couëlle de poursuivre, après l'expérience du hameau de Castellaras le vieux, ses recherches sur "l'habitat de l'instinct" et sur "l'architecture paysage".
La commande de maisons de vacances de luxe se prête bien à la mise au point d'une façon d'habiter non conventionnelle et d'une architecture du dépaysement aux formes organiques inspirées par le monde de la nature (végétal et animal).
Ces thèmes, chers au courant de l'architecture sculpture dont Jacques Couëlle est l'un des principaux représentants, sont poussés ici jusqu'au mimétisme et à la dissimulation dans le site naturel. Pour éviter la dégradation du paysage, l'architecte adapte les volumes et les plans des 5 maisons à la pente naturelle du terrain. Les deux niveaux d'habitation se décalent et s'appuient sur les courbes de niveaux sans émerger du sol et le terrain planté se prolonge sans solution de continuité sur le toit jardin. Quand elle n'est pas recouverte par la végétation, la toiture en évoque la couleur. Elle se prolonge, "s'écoule", sur les façades pour favoriser la descente des eaux pluviales dans un mouvement plastique de grand impact lyrique. Vu du contrebas, les volumes et les élévations rappellent par leur finition et leurs formes sculpturales, issues d'un emploi savant du béton projeté, des rochers érodés ou evoquent des fourmilières géantes. Les petites ouvertures aux contours irréguliers qui caractérisent les façades amplifient cette similitude.
En retrait par rapport au plan de façade, ces percements sont protégés par des "stalactites", des "branches d'arbustes" ou bien par des "ronces épineuses" en béton ou en fer forgé. L'élégance sculpturale de ces détails et la présence d'autres oeuvres d'artistes à l'intérieur des maisons (fresques, sculptures, portes et gardes corps sculptés en fer forgé...), soulignent le standing de l'opération et marquent la différence avec un habitat spontané. Les plans des 5 maisons sont tous différents, en cohérence avec le principe cher à Jaques Couëlle de personnalisation de l'habitat par rapport aux exigences et aux tempéraments des usagers. On y retrouve néanmoins des éléments communs : une disposition concentrique des pièces ("maison escargot") autour d'un patio qui est proposé comme lieu privilégié de convergences des vues et des ouvertures de la maison ; la présence d'une cheminée, foyer de la maison ; la distribution à l'étage par deux escaliers qui dynamisent la perception de l'espace et évoquent aussi à l'intérieur l'idée de parcours creusé, de galeries de fourmilières ; les vitres colorées qui filtrent et modulent la lumière naturelle pour créer une atmosphère plus intimiste.
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