Seul le prononcé fait foi
Mesdames les ministres, chère Valérie LETARD, chère Juliette MEADEL
Monsieur le Ministre, Cher Franck Riester,
Mesdames et messieurs les préfets,
Mesdames et messieurs les Maires,
Mesdames et messieurs les maîtres d’ouvrages, les bailleurs,
Madame la Présidente de l’USH, chère Emmanuelle COSSE,
Monsieur le Président de la Cité de l’architecture et du patrimoine, cher Julien BARGETON
Mesdames et messieurs directrices et directeurs d’administration centrale et des services déconcentrés,
Monsieur le directeur général du GIP EPAU,
Mesdames et messieurs les architectes, urbanistes, paysagistes, concepteurs et acteurs engagés à nos côtés dans cette démarche ou candidats à cette consultation,
Mesdames et messieurs, Chers amis,
Nous sommes réunis ce matin dans cette belle Cité de l’architecture et du patrimoine pour partager un nouveau temps fort du programme « Quartier de demain ». Une initiative inédite voulue par le Président et annoncée en juin 2023 lors d’un déplacement à Marseille.
Bien trop souvent, les quartiers populaires sont vus comme des lieux en marge, voués à l’échec et à la relégation. Je ne peux pas l’accepter.
A la fois comme ministre de la Culture, mais aussi à titre personnel, parce que j’y ai vécu, parce que je les connais : je refuse cette stigmatisation, je refuse cette fatalité.
Ces quartiers sont aussi des terreaux fertiles de création, d’entrepreneuriat, d’initiative culturelle. C’est la raison pour laquelle le moment qui nous réunit doit être l’occasion de jeter les bases de leur transformation profonde.
La plupart de nos quartiers sont le produit d’une époque désormais révolue : les années 60. Or, les défis d’il y a 60 ans ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Face à l’urgence climatique et à la nécessité de la transition écologique et sociale, il est temps de repenser en profondeur notre façon de concevoir l’espace public.
En effet, je ne peux pas me résoudre à ce que la qualité architecturale, urbaine, paysagère et le Beau demeurent le privilège de quelques-uns.
Je ne peux pas me résoudre à ce que des centaines de milliers de Français vivent dans des espaces, parfois laissés à l’abandon, qui ne correspondent plus aux exigences d’aujourd’hui et qu’ils devraient subir malgré eux.
C’est tout le sens de cette consultation : imaginer – et construire – des lieux attractifs, des lieux qui rendent heureux et, plus encore, des lieux qui rendent fiers.
Ce programme répond à l’ambition première de mon ministère : faire de la culture un objet du quotidien partout et pour tous. Car au fond, la culture c’est une formidable façon de s’éduquer, de se structurer, de se respecter et d’être ensemble.
Et la ministre de la Culture est aussi la ministre de l’Architecture. Tout comme l’urbanisme, je ne considère pas l’architecture comme une simple réponse technique.
C’est un instrument puissant au service du vivre ensemble, qui façonne notre rapport à la ville, notre sentiment de sécurité, tout ce qui finalement fait notre qualité de vie.
Dix sites ont été sélectionnés à travers toute la France. Du quartier de la Grâce de Dieu à Caen où je me suis rendue jusqu’à Marseille en passant par Sedan, Corbeil-Essonnes, Pessac ou encore Manosque, partout nous expérimentons des solutions concrètes, adaptées aux réalités locales.
Pour que les transformations soient efficaces et visibles rapidement, nous avons choisi des interventions relativement circonscrites. C’est aussi une occasion de démontrer que des réalisations modestes, si elles sont bien conçues, peuvent avoir un impact déterminant sur la vie des quartiers.
Notre volonté est claire : travailler avec les meilleurs professionnels et créer une forme d’émulation des acteurs locaux autour de ces projets. Faire dialoguer différentes générations pour croiser les regards et apporter des solutions pérennes au service des habitants.
C’est pourquoi l’un des axes forts de la stratégie nationale pour l’architecture que j’ai initiée et que je mets en œuvre porte sur les écoles d’architecture.
En effet, l’architecture, ce sont des besoins. Et pour répondre à ces besoins, il nous faut des professionnels. L’objectif que j’ai donné, c’est une augmentation de 20% du nombre d’étudiants sur dix ans.
Cela implique des projets d’extension des écoles existantes ou le développement d’antennes, en particulier dans les régions qui n’ont pas d’école d’architecture. Je suis prête à considérer ces hypothèses.
Mais vous le savez, je suis aussi attachée à l’égalité des chances et ce doit être une réalité concrète aussi dans nos écoles d’architecture.
Une des clefs, à mon sens, c’est l’apprentissage. Certaines écoles le font d’ores et déjà, avec d’excellents résultats. Ce qui fonctionne doit être généralisé.
C’est d’abord un moyen pour les étudiants de disposer d’une rémunération, dès le début de leur master. Pour beaucoup qui, sans être nécessairement boursiers, ont tout de même du mal à joindre les deux bouts, cette possibilité de l’alternance c’est une vraie solution.
Mais, c’est aussi et surtout le meilleur moyen de les préparer à la vie professionnelle qui les attend.
C’est pour cette raison que j’ai demandé à mes équipes et aux écoles de travailler vite pour que toutes les écoles d’architecture proposent d’ici deux ans une formation en alternance. A horizon 5 ans, toutes les écoles accueilleront 20 % d’étudiants issus de filières professionnelles ou technologiques.
Et parce que je crois que nous devons faire encore plus pour l’égalité des chances dans nos écoles, je veux que toutes les ENSA rejoignent le programme « parcours égalité des chances » dès 2026. C’est ce que nous devons à nos étudiants.
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Pour en revenir au programme « Quartiers de demain », je voudrais féliciter chaleureusement les équipes qui ont été retenues et que nous dévoilons aujourd’hui.
Chacune de ces équipes écoutera les acteurs, portera sa vision singulière, offrira sa manière de repenser l’existant, sa façon de proposer une transformation durable et ambitieuse des espaces.
Chacune entrera en dialogue avec les commissions locales et mettra en débat et en dessin les attentes et les opportunités de chaque lieu.
S’il y a un mot pour qualifier ces équipes, c’est bien la diversité ! Un tiers d’entre elles sont internationales, la moitié est composée de jeunes professionnels. Toutes et tous viennent d’horizons différents mais partagent le goût de l’excellence - on n’y compte pas moins de 5 Grands prix de l’urbanisme, 1 Prix national du paysage, aussi 10 lauréats des Albums des jeunes architectes et paysagistes, 8 lauréats du Palmarès des jeunes urbanistes : c’est une immense fierté !
C’est à vous désormais de mener ce travail de transformation sans jamais oublier d’y impliquer les principaux concernés, ceux qui y vivent et qui formeront des jurys citoyens pour choisir le projet le plus conforme à leurs attentes.
Vous l’aurez compris, cette rencontre nationale marque une première étape, mais notre mobilisation ne s’arrête certainement pas là ! L’année 2025 sera une année cruciale pour l’architecture, toujours avec en toile de fond la volonté de transformer nos quartiers populaires.
Dans les prochains mois, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine accueillera la « Manufacture des Quartiers », un atelier collaboratif réunira concepteurs, élus et citoyens. Un laboratoire pour confronter les idées aux réalités du terrain. En octobre, les journées nationales de l’architecture résonneront, elles aussi, avec le sujet qui nous occupe aujourd’hui puisque le thème retenu est « Architectures du quotidien ».
Dès décembre 2025, les travaux réalisés dans le cadre de « Quartiers de demain » feront l’objet d’une exposition dédiée. Elle permettra de présenter tous ces projets, pour partager ces expériences avec d’autres territoires, d’autres élus, d’autres concepteurs.
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Mesdames et messieurs les élus, les bailleurs, les maîtres d’ouvrage vous avez une responsabilité immense. Vous êtes les premiers acteurs de cette transformation et c’est une opportunité unique !
Aux architectes, aux paysagistes concepteurs et aux équipes dont ils sont mandataires, je veux vous dire une chose : soyez ambitieux !
Pensez la ville de demain avec audace et créativité, faites bouger les lignes de la création : celles des formes, celles des usages, celles des procédés de construction et des matériaux, celles de la participation, celles de la place de la nature ; toujours au service de celles et ceux qui y habiteront au quotidien.
Je mesure l’ampleur de la tâche, mais je sais pouvoir compter sur votre talent pour l’accomplir avec brio !
Enfin, je veux le redire, derrière votre travail, il y a l’idée que le beau est un droit. Un droit pour tous. Et pour cette raison, ce programme ne se limitera pas à dix quartiers. Il a vocation à inspirer une nouvelle manière de concevoir nos villes, nos logements, nos lieux de vie !
C’est une perspective magnifique : belle réussite à tous !