Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture, fait part de son émotion à l’annonce du décès d’Etel Adnan, poétesse et peintre libanaise.
Etel Adnan a produit une œuvre foisonnante, lumineuse et pleine de couleurs qui associe les mots, les signes calligraphiques et picturaux dépassant les frontières des formes d’art traditionnelles.
Née au Liban en 1925 d’un père syrien musulman avec qui elle parle turc et d’une mère grecque chrétienne avec qui elle parle français, Etel Adnan a grandi au sein d’un mélange de cultures et de traditions. De son pays natal, Etel Adnan conserve une immense passion pour la nature et les paysages qui marque l’ensemble de son œuvre littéraire et picturale.
Après des études de philosophie à la Sorbonne puis dans les plus grandes universités américaines (Berkeley, Harvard), elle enseigne, entre 1958 et 1972, la philosophie de l’art au Dominican College de San Rafael, en Californie. Ces années américaines marquent profondément son travail. Fascinée par les chaînes de montages côtières, au nord de la baie de San Francisco, Etel Adnan publie en 1986, Voyage au mont Tamalpaïs et en fait un motif récurrent dans son œuvre.
Au début des années 1970, elle retourne habiter à Beyrouth et devient journaliste au sein du titre francophone, Al-Safa où elle défend ses convictions politiques. Elle y dirige également le département Culture.
Profondément humaniste et engagée, Etel Adnan s’oppose à toutes les guerres dans de nombreux textes. Elle va jusqu’à remplacer la langue française par la langue anglaise dans ses écrits, par opposition à la guerre en Algérie. Plus tard, elle mène des combats contre la guerre civile au Liban (Sitt Marie Rose, 1978), la guerre du Vietnam et la guerre israélo-palestinienne.
Toute sa vie, Etel Adnan ne cesse d’écrire des essais et des poésies où ses phrases simples dessinent un univers lyrique immense et joyeux qui célèbre partout la liberté.
Dans chacun de ses pays de résidence, Etel Adnan noue des relations d’amitié avec les poètes et les artistes d’avant-garde, comme ceux de la Beat Generation. Ces expériences nourrissent son œuvre et tissent des ponts entre les perceptions du monde de chacun.
Pour la première fois à la Documenta de Kassel de 2012 l’œuvre d’Etel Adnan est exposée dans une foire d’art contemporain à grande audience. Depuis une dizaine d’années, ses textes manuscrits et ses toiles, indissociables, sont exposés dans les plus grands musées du monde, du musée Guggenheim à New York, au Mudam de Luxembourg, en passant par le Centre Paul-Klee de Berne ou encore la Fondation Luma à Arles.
Du 6 novembre 2021 au 21 février 2022, le Centre Pompidou-Metz lui offre une carte blanche intitulée « Écrire c’est dessiner » où la poétesse-peintre donne corps à son rêve d’entremêler calligraphie, langues et peinture.
Signe de la permanence de son message artistique, elle portait, avec le compositeur Arthur Lavandier, un projet présélectionné dans le cadre du programme Mondes Nouveaux lancé par le Ministère de la Culture dans le cadre du volet culture de France Relance, autour de son texte théâtral et poétique Maria Medici.
Roselyne Bachelot-Narquin rend hommage à cette grande artiste plasticienne et poétesse de la nature et du monde, une des « meilleures amies de l’univers ».