Le rideau est tombé sur Philippe Tesson, patron de presse théâtral dont les intuitions grandioses ont imprégné avec panache le paysage médiatique et le monde culturel des soixante dernières années.
Profondément marqué par la guerre pendant son adolescence, Philippe Tesson en retiendra pour valeur cardinale la liberté : contre la prison, où était son père, contre les idées reçues qui nous enferment et contre l’inertie qui nous étouffe. Passionné par les idées, il comprend vite préférer le pouvoir des mots à l’exécutif et se dirige, après une thèse, vers le journalisme qu’il ne quittera plus.
Pendant plus de quinze ans, Philippe Tesson est ainsi le rédacteur en chef mordant du journal Combat, où il forme son goût des avis tranchés et son attachement au format quotidien. Patron de presse en devenir, il fonde avec Marie-Claude, son épouse, le Quotidien du médecin avant de le décliner d’une profession à l’autre… jusqu’à créer l’emblématique Quotidien de Paris.
Au milieu des volutes de tabac, son équipe de plumes acérées y commentera la vie des idées et la scène politique des années 1970-1980 dans un style corrosif et jubilatoire. Passionné par le théâtre dont il connaît chaque page, il tient en parallèle pendant soixante ans des chroniques théâtrales à Combat, dans l’Express, pour Le Canard Enchaîné puis dans les pages du Figaro Magazine, et fait, dans les dernières années, un pas de plus vers le 6e art en achetant le Théâtre de poche à Montparnasse et la librairie spécialisée Le Coupe Papier.
Homme de débat et incomparable analyste du monde culturel, Philippe Tesson n’aura eu de cesse pendant toute sa carrière de réveiller les colonnes de presse écrite et d’électriser les plateaux. Des Nouvelles littéraires au magazine télévisé « Ah ! Quels titres » en passant par le « Masque et la Plume », il est tout à la fois le critique, l’invité et l’animateur de mille pièces géniales où il joue tous les rôles.
Avec son regard bleu perçant et son style enlevé, il fut pour tous une voix connue, malicieuse et piquante, qui ne laissait jamais indifférent et qui continuera, longtemps, à nous inspirer.
J’adresse à sa famille, ses enfants Sylvain, Stéphanie et Daphné, et à ses proches mes plus sincères condoléances.