Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture, souhaite rendre hommage à Jean-François Jaeger, galeriste d’exception, qui a joué un rôle crucial dans l’émergence des avant-gardes artistiques européennes, américaines, mais aussi asiatiques, pendant près de soixante-dix ans.
C’est au décès de sa grande-tante en 1947, que Jean-François Jaeger devient à l’âge de vingt-trois ans directeur de la Galerie Jeanne Bucher Jaeger, fondée en 1925. Femme de passion et de conviction, elle en avait fait l’un des foyers artistiques parisiens les plus vivants de l’entre-deux guerre, haut-lieu du cubisme et du surréalisme.
Animé par l’importance de sa mission, et par ce qu’il qualifiait lui-même de « gourmandise » pour les arts, Jean-François Jaeger n’a cessé de promouvoir avec dévotion ses artistes, fidèle à l’esprit de rigueur insufflé par Jeanne Bucher.
Gagnant la confiance et l’estime des artistes historiques de la maison comme Vieira da Silva, Arpad Szenes ou encore Nicolas de Staël, il ne tarde pas à attirer de nouveaux créateurs remarquables tels Roger Bissière, Jean Dubuffet, et Louise Nevelson. Dans les années 1970, Gérard Fromanger et Louis le Brocquy rejoignent également sa galerie.
Il investit alors dans de nouveaux espaces qui lui permettent des présentations d’une envergure inédite, comme celles qu’il consacre aux Arts Premiers, ou encore à l’Art public et environnemental, avec notamment Jean-Paul Philippe et Dani Karavan.
Animé par une curiosité insatiable, qui dépasse les limites de l’art occidental, Jean-François Jaeger ouvre les portes de sa galerie au japonais Kunihiko Moriguchi, maître de la peinture traditionnelle sur textile (le Yūzen), aujourd’hui reconnu comme un “Trésor national vivant” dans son pays, ainsi qu’au Maître taoiste Chen, invité à présenter ses incantations magiques (les Fu) lors de cérémonies traditionnelles du thé.
Soutien inlassable des artistes de la galerie, il est devenu au fil du temps une référence critique indispensable à la compréhension de leurs œuvres, et n’a cessé d’être sollicité pour son expertise, que ce soit pour de grandes expositions internationales ou pour la constitution de leurs Catalogues raisonnés.
Jean-François Jaeger avait été rejoint par sa fille Véronique Jaeger en 2003 au sein de sa galerie.
Roselyne Bachelot-Narquin adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.