Madame la préfète de région,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil régional, cher Bruno Retailleau,
Madame la vice-présidente du conseil départemental, chère Catherine Touchefeu,
Madame la maire et présidente de métropole, chère Johanna Rolland,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame la directrice, chère Sophie Lévy,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je suis très heureuse et très honorée d’être ici pour cette inauguration. Je suis plus largement très heureuse de retrouver Nantes, une ville que je connais depuis de longues années. Depuis toujours, en fait, ou, en tout cas, c’est l’impression qu’elle me fait, comme à beaucoup d’autres. Parce que j’ai arpenté la rue de la Grange-au-Loup, avec Barbara. Parce que j’ai vu la place Graslin, le quai de la Fosse et le passage Pommeraye avec les yeux de Jacques Demy. Parce que je suis une fidèle de la Folle Journée de René Martin, depuis sa création ou presque.
Mais au-delà de mon attachement tout personnel à Nantes, si je suis là comme ministre aujourd’hui, c’est parce que ce musée et cette métropole sont des modèles de ce que nous devons réussir en matière culturelle.
Nantes a su se réenchanter par la Culture. Ce territoire doit être aujourd’hui un modèle pour la France entière.
Car c’est l’ambition du Président de la République : il a dit sa volonté de réinspirer et de réenchanter le pays par la Culture. Elle sera, avec l’Éducation, le premier chantier de ce quinquennat. Nous avons pour cela des engagements de méthode : la Culture a vocation à être un axe transversal qui irrigue toutes les politiques, et non un simple compartiment de l’action publique. Nous avons des engagements de mesures, également, en tête desquelles la généralisation de l’éducation artistique et culturelle pour les enfants, qui sera ma priorité pour le quinquennat.
Il y a aussi l’ouverture accrue des bibliothèques et la création d’un Pass Culture pour les jeunes de 18 ans. Je sais qu’il suscite parfois quelques doutes et je veux profiter de ce moment pour dire à la fois sa force symbolique et son originalité. Force symbolique, parce qu’il va envoyer un signal puissant à la jeunesse. L’idée, c’est de souder toute une génération par la Culture, au moment où elle est fragilisée par les grands défis de la société : le chômage, le terrorisme, l’urgence écologique. Et l’originalité, c’est que le choix part du jeune : il sera libre et responsable d’aller au théâtre, au cinéma, au musée, voir ce qu’il veut.
Il y a donc une ambition pour la Culture aujourd’hui. C’est une chance pour la France, car la Culture a été trop souvent, négligée, oubliée des politiques publiques dans notre pays. Elle est encore, à beaucoup d’endroits, une variable d’ajustement, c’est-à-dire la cerise sur le gâteau quand les choses vont bien, le coup d’éclat, mais la première tête que l’on coupe en période creuse. Aujourd’hui – grâce à l’ambition exprimée par le Président de la République, et je suis là pour la porter – nous avons une occasion historique de réaffirmer le contraire. La Culture n’est pas un luxe, mais une ardente nécessité.
Ici, à Nantes, vous l’avez compris depuis longtemps.
Ici, la Culture n’est pas une parure. Ici, elle n’est pas un supplément d’âme. Ici, la Culture est le socle de tout. Elle a servi la renaissance de ce territoire, au moment où beaucoup auraient choisi de la mettre de côté. L’ambition culturelle de cette ville a été portée par Jean-Marc Ayrault au sortir des années 1980, après notamment la fermeture des Chantiers Dubigeon. Ces chantiers auraient pu rester le stigmate d’un déclin ; c’est le cas des friches industrielles dans beaucoup d’endroits. Ils sont aujourd’hui, grâce aux Machines de l’île, grâce à Royal de luxe, le symbole d’un nouveau départ.
La Culture a été un ressort de développement. L’ouverture de nouveaux lieux et de manifestations culturelles a fait naître une nouvelle économie locale. Elle a relancé le tourisme : on va aujourd’hui à Nantes en week-end culturel, comme on va à Paris, à Rome ou à Barcelone. Elle a plus largement fait venir des entreprises qui ne sont pas dans le champ culturel mais qui ont reçu le signal d’une ville qui entreprend, qui se modernise, qui innove. Elle a fait venir aussi de nouvelles populations, venues à Nantes trouver un environnement de vie.
La Culture a été également un ressort de rayonnement, pour la ville. Nantes a toujours été une ville-carrefour, par le commerce, par l’activité portuaire. Au lieu de se recroqueviller, en même temps que les chantiers navals fermaient, Nantes a choisi de rester tournée vers le reste de la France et vers le monde grâce à la Culture. Elle est aujourd’hui profondément internationale, profondément européenne, grâce à son réseau de lieux et de manifestations culturels.
La Culture a été ici un ressort de cohésion et de sens pour la population. Elle a permis à la ville de rester solidaire et unie, au moment où les défis économiques et sociaux pouvaient la diviser. Elle a fait naître le sentiment d’un patrimoine commun et la vie culturelle a été pensée de façon participative. Je pense notamment au Voyage à Nantes de Jean Blaise. Je pense au Lieu Unique. Je pense à l’île de Nantes.
L'inauguration qui nous rassemble aujourd'hui n’est donc pas un acte isolé. C’est une nouvelle pierre à l’édifice. Ce musée, c’est en quelque sorte un modèle dans le modèle.
Il incarne tout ce que doit être un lieu culturel : à savoir un lieu de passerelles.
Passerelle entre le public et les arts, d’abord, évidemment. Il a beaucoup manqué aux Nantais. Je sais combien sa réouverture est attendue. J’en veux en tout cas pour preuve le fait que le « réveil au musée », programmé demain à 5h30 du matin, affiche complet ! La rénovation a su donner naissance à un vrai musée du XXIème siècle, qui met le public au cœur du projet, comme on l’entend beaucoup. C’est un musée qui s’adapte aux nouvelles contraintes, aux nouveaux rythmes de vie avec des ouvertures en nocturne, pour ceux qui travaillent. C’est un musée qui s’ouvre à tous, avec des politiques tarifaires favorables, notamment pour les jeunes, et même une gratuité exceptionnelle pour les trois jours à venir, à l’occasion de la réouverture. C’est un musée qui répond aux nouveaux usages, aussi, avec de forts investissements en matière de numérique. C’est enfin un musée qui répond aux nouvelles attentes en matière de médiation, dont on sait aujourd’hui qu’elle est une demande forte du public. La politique d’ouverture de ce musée est emblématique de celle que nous voulons porter au niveau national, non seulement sur les musées, mais sur l’ensemble des lieux culturels, et notamment des bibliothèques.
Ce lieu est ensuite une modèle de passerelle entre patrimoine et création. Ces deux volets ont longtemps été dissociés, dans les politiques culturelles, alors qu’ils sont inséparables. La création sera le patrimoine de demain et elle doit faire vivre le patrimoine d’hier. Ce musée assure et assume cette connexion à tous les niveaux : dans son architecture, avec la superbe et audacieuse intégration du « Cube » au bâtiment historique et, évidemment, dans sa collection, qui en fait un établissement de référence à l’échelle internationale, pour son extrême richesse et son extrême diversité. Le musée l’a enrichit au fil du temps. Elle traverse aujourd’hui les âges et les arts, allant de la peinture à la vidéo, en passant par la sculpture, la photographie, allant de l'installation de Susanna Fritscher, qui magnifie l’espace du Patio, à Courbet, Ingres ou Delacroix.
Ce musée fait la passerelle entre l’art contemporain et l’art ancien. La passerelle entre la mémoire et le temps présent. C’est le rôle de la Culture : nous relier au fil de l’Histoire.
Enfin, ce musée sert de passerelle entre les territoires, grâce à la coopération de plusieurs institutions culturelles, qui font circuler leurs œuvres. Je voudrais remercier toutes celles qui ont accepté́ d’en prêter ou d’en déposer exceptionnellement à l'occasion de cette réouverture. Tous les grands musées nationaux, parmi lesquels le musée du Louvre, le musée d'Orsay, le musée d'art moderne de la ville de Paris, le Musée national Picasso-Paris, ainsi que le Centre national des arts plastiques (CNAP) ont permis d'enrichir la collection et de renouveler l'accrochage.
Ce musée fait passerelle entre les territoires, aussi, grâce à la politique partenariale qui lui a permis de voir le jour. C’est un superbe exemple coopération : je veux évidemment saluer la mobilisation de la Ville de Nantes et de Nantes Métropole, qui font preuve d’un engagement sans faille pour la Culture. Je veux saluer aussi la participation de la région, du département et également de l’Union européenne, qui ont apporté des financements. Je veux enfin vous dire combien c’est une fierté pour l’État d’avoir contribué à la réussite de ce projet en région. J’y suis extrêmement attachée : je l’ai dit à plusieurs reprises, je serai la ministre de la Culture des territoires. L’Etat ne se désengagera pas, bien au contraire. Je veillerai à ce que son soutien irrigue la France entière.
Pour terminer, un grand merci à Sophie Lévy, aux conservateurs, aux chefs de service et à toutes les équipes du musée pour leur travail. Bravo et merci encore pour ce magnifique musée.
Ici, à Nantes, on sait que « la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs », pour reprendre les mots bien connus d’André Breton. Ce musée contribuera à la rythmer.
Je vous souhaite de nombreux visiteurs et beaucoup de succès.
Je vous remercie.