Monsieur le Vice-président, cher Julien Dray,
Madame la Présidente du CNC, chère Frédérique Bredin,
Madame la Présidente de la Cinémathèque des Réalisateurs, chère Pascale Ferran,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je suis évidemment très heureuse d’être parmi vous ce matin, à la Gaîté lyrique, pour le lancement de la cinétek.
Je voudrais d’abord vous dire merci.
Merci à Pascale Ferran, à Cédric Klapish et à Laurent Cantet d’avoir eu, sur un trottoir comme vous le racontez, au sortir d’une réunion de la SRF, cette illumination.
Avec la cinétek, non seulement vous rendez accessible de grands classiques du cinéma qu’il est si difficile de dénicher sur le Net, mais vous partagez, avec chacun de nous, les films que vous aimez et ceux qui vous ont inspiré.
Regarder Mouchette de Bresson, en ayant à l’esprit l’œuvre de Jacques Audiard, et mieux encore, en écoutant son commentaire de l’œuvre ;
Visionner les Tontons Flingueurs ou le Fanfaron de Dino Risi, puis se replonger dans OSS 117 de Michel Hazanavicius ;
Ou ne pas vraiment s’étonner de trouver Paris, Texas de Wim Wenders et L’âge d’or de Buñuel parmi les chefs-d’œuvre qui habitent Agnès Varda… Pardon de ne pas évoquer chacun de vous aujourd’hui : c’est qu’il y a tant à dire et qu’il y a encore tant à voir !
C’est un cadeau merveilleux que vous faites à tous ceux qui aiment le cinéma.
Il n’est pas sans rappeler l’esprit de la Film Foundation, créée par un très grand réalisateur, lui-même très grand cinéphile, Martin Scorsese. Ses films et ceux qui l’inspirent sont d’ailleurs à l’honneur cette année, grâce à la Cinémathèque et au Festival Lumière.
Merci aux 26 réalisateurs, du monde entier, qui ont envoyé leur liste et se sont associés au projet.
Merci aux membres et partenaires qui ont contribué à la richesse de son catalogue – 400 films aujourd’hui, dont près d’un tiers inédits en vidéo à la demande ; Permettez-moi de saluer la Société des Réalisateurs de Films, LMC/UniversCiné, Arte, l’INA, la Cinémathèque de Toulouse, l’ARP, Gaumont, Lobster et StudioCanal.
Contre la standardisation des goûts et la puissance de l’algorithme, il faut nourrir la cinéphilie du public.
C’est ce que vous faites, lorsque vous mettez à la disposition de tous, comme aujourd’hui, de grands classiques qui viennent entretenir la culture de chacun, nourrir un goût pour l’inattendu, susciter la curiosité.
Lorsque le gouvernement s’engage, d’une façon qui est sans précédent, en faveur de l’éducation artistique et culturelle, il apporte avec vous une réponse. Les collectivités y contribuent aussi très largement, à l’image de la Région Ile-de-France, avec Lycéens et apprentis au cinéma.
Former le goût de chacun, par la cinéphilie, c’est agir pour que les Français continuent de rêver de cinéma. C’est relever le défi des publics, qui devient plus aigu, quand le numérique bouleverse les équilibres..
Ce défi vous le relevez également en contribuant à développer l’offre en vidéo à la demande.
Je suis déterminée, vous le savez, à lutter contre l’offre illégale, et à renforcer l’offre légale.
C’est pourquoi avec le CNC, nous avons développé le référencement de l’offre accessible en VàD. La base s’étoffe chaque jour davantage : elle est en train d’intégrer les séries. Une nouvelle version sera bientôt mise en ligne.
Avec les parlementaires, nous avons aussi posé dans la loi, le principe de la recherche d’une exploitation suivie de l’œuvre audiovisuelle, conforme aux usages de la profession.
Je suis très heureuse que des initiatives comme celle de la Cinétek proposent au public une offre si riche, et souvent inédite en vàd.
La force de notre modèle, c’est la diversité du cinéma. Elle fait notre richesse, autant que notre fierté. Il suffit de regarder les œuvres que vous avez choisies dans vos listes pour la savourer à nouveau.
Pour la préserver et la nourrir, nous devons continuer de travailler ensemble, en préservant notre modèle de financement du cinéma, en relocalisant la production, et en assurant le renouvellement de la création, c’est-à-dire en formant de nouvelles générations de cinéastes.
Votre cinéphilie vous a formés. La cinéphilie du public, que vous prenez soin aujourd’hui d’entretenir et d’élargir, formera à son tour une prochaine génération de créateurs.
Mes chers amis,
Avec la Cinétek, vous nous donnez beaucoup.
En choisissant des films, et en les commentant, vous offrez à chacun de nous la possibilité de suivre votre cheminement créatif, à travers les œuvres qui vous ont marqués et qui vous ont façonnés.
Vous nous aidez à mieux percevoir l’élaboration d’un style, l’évolution des techniques, mais aussi la permanence des motifs à travers l’histoire du cinéma.
Rien de ce qui fait la condition humaine, ses joies et ses doutes, ses plaisirs et ses peines, n’est étranger au cinéma. Mais chaque cinéaste les a donnés à voir à sa façon.
Chacun d’entre vous nous aura offert un regard par lequel nous pouvons entrer, pour nous ouvrir davantage au monde, davantage à l’autre, et davantage à nous-mêmes.
Nous aimons le cinéma parce qu’il nous met un instant dans la peau d’un autre et nous fait vivre une autre expérience du réel.
Nous aimons le cinéma parce qu’il nous extirpe aussi du réel, pour mieux y retourner. Comme le disait Billy Wilder : « vous devez rêver pour vous lever le matin. » Et le cinéma y contribue très largement.
Je vous remercie.