L’ouverture du module à l’Hôtel de Ville de Paris pour aborder les enjeux de résilience économique et de cohésion sociale
Accueillis dans la salle Xavier Lacoste à l’Hôtel de Ville de Paris, les auditrices et les auditeurs de la session 21-22 ont entamé leur première journée de travail consacrée à poser les cadres, à la fois économiques et institutionnels, de ces enjeux. Après une ouverture de la journée de travaux par Marie Villette, secrétaire générale de la Ville de Paris, Aude Accary-Bonnery, secrétaire générale adjointe du Ministère, est intervenue sur les grands paramètres du financement de la culture dans le contexte post-crise COVID. Elle a notamment détaillé l’impact économique de la crise sur le secteur culturel, et exposé les questionnements encore en cours sur ses conséquences à moyen terme.
La matinée s’est poursuivie avec un dialogue très stimulant sur la manière de repenser le pacte culturel républicain en prenant en compte les relations entre territoire, identité et langue. Il a été mené par Paul de Sinety, délégué général à la langue française et aux langues de France, et Rachid Santaki, romancier et journaliste, initiateur depuis 2013 des « Dictées géantes », événements fortement fédérateurs permettant de réunir des publics très divers autour d’un défi festif et inclusif. Ce débat a permis de montrer combien l’objectif de garantir à tous, sur le territoire, un égal accès à la langue française est un des premiers chemins d’accès à la culture et un puissant levier d’émancipation.
L’après-midi a ensuite été rythmée par les interventions de Laurent Roturier, président de l’association des DRAC et directeur régional des Affaires culturelles d’Île-de-France, et de Frédéric Hocquard, président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) et adjoint à la maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne. Face à la fragilisation des acteurs culturels et des citoyens, ils ont rappelé les moyens permettant d’articuler des actions du ministère de la Culture et des collectivités territoriales dans l'animation culturelle des territoires. Ils ont également tous deux souligné la nécessité de repenser les « communs » et l’importance de la participation citoyenne à la vie culturelle.
Enfin, une table ronde autour des modes de financement et de gestion des lieux culturels, concernant les approches respectives, les convergences et la complémentarité des voies possibles, a clos la journée. Ce sont pour cette séquence des auditrices et auditeurs de la troisième session du CHEC qui ont dialogué sur ces enjeux qu’ils ont chacun à traiter, depuis leurs positions professionnelles respectives : Ophélie Deyrolle, présidente du tiers-lieux « WIP & co », Stéphanie Carnet, conseillère danse, musique et économie du spectacle vivant à la DRAC Bretagne, Stefano Arnaldi, directeur de la culture et du patrimoine de la Ville de Reims, ainsi que Béatrice Hanin, directrice de la Scène nationale de Saint-Nazaire.
Les auditrices et les auditeurs se sont ensuite retrouvés au ministère de la Culture afin de continuer leur travaux de groupe.
Une seconde journée au Théâtre Gérard Philippe et au 6b, lieux situés en périphéries urbaines à Saint-Denis : comment prendre soin des territoires à partir des territoires ?
L’équipe du CHEC s’est rendue dès le lendemain à Saint-Denis, ville périphérique candidate pour devenir la Capitale européenne de la culture 2028, et dont la candidature conjointe avec Plaine Commune et le Département de la Seine-Saint-Denis porte le nom de « Périféeries 2028 », en référence à sa situation géographique. La Ville de Saint-Denis a en effet un important patrimoine et une grande vitalité culturelle à faire valoir, et cette seconde journée passée au Théâtre Gérard Philippe (TGP) et dans un lieu singulier d’invention culturelle, le 6b, a permis de mieux comprendre sur le terrain tous les enjeux de démocratie culturelle.
Tout d’abord, les auditrices et les auditeurs ont eu la chance de se retrouver le matin dans la salle Roger Blin du TGP, labellisé Centre dramatique national depuis 1983. Julie Deliquet, directrice du théâtre, a ouvert la journée par une allocution d’accueil rappelant les grands projets participatifs de la structure autour des enfants, de la place des femmes ainsi que de l’accompagnement des projets amateurs de la Ville de Saint-Denis.
Les échanges se sont prolongés avec Alizée Noguer-Porte, directrice de La Fabrique des Impossibles - association culturelle créée en 2010, coordonnant la conception de projets culturels participatifs qui interrogent la notion d’espace public -, Pascal Lebrun-Cordier, professeur à l’université Paris 1, urbaniste culturel et directeur artistique, ainsi que François Lorin, directeur des relations publiques et de la billetterie du TGP, pour une table ronde autour des droits culturels. Ils ont ainsi présenté les projets et les actions dans lesquels ils se sont engagés pour donner corps à ces droits, devant permettre l’émergence d’un véritable espace démocratique, notamment dans les territoires métropolitains périphériques.
Avant de se rendre au 6b pour la pause méridienne, les auditrices et les auditeurs ont eu la chance d’assister à la présentation du projet du Sentier métropolitain par Jens Denissen, responsable de la coordination territoriale au Sentier Métropolitain du Grand Paris. Ce dernier a animé une balade urbaine du TGP au 6b, en révélant les espaces caractéristiques et les différentes strates de l'histoire de Saint-Denis, afin de redécouvrir la banlieue autrement.
Une fois arrivés au 6b, les auditrices et les auditeurs ont assisté à la présentation de ce site atypique de création et de diffusion artistiques et culturelles. Ils ont pu échanger dans les jardins de la friche avec Rémi Jacquot, administrateur du 6b, ainsi qu’avec plusieurs artistes membres de la gouvernance collective du 6b. Ce lieu, qui existe et se réinvente régulièrement depuis 2010 dans un ancien immeuble de bureau délaissé, propose à la fois des espaces de travail à 180 artistes résidents impliqués dans la vie du lieu, et des propositions culturelles ouvertes à toutes et tous sur un territoire dynamique, en pleine mutation urbaine.
Enfin, la journée s’est terminée par une table ronde entre Rémi Jacquot, Juliette Bompoint (directrice de Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, de la coopérative Main 9-3.0 et directrice de Périféeries), Saïdo Lehlouh (chorégraphe, danseur et codirecteur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne), Julien De Saint Jores (directeur de l’Association Suivez la Flèche ! à Saint-Denis), ont donné aux participants de la session 21-22 des éclairages concrets de la vitalité artistique et culturelle des territoires dits « périphériques ». À la suite de ces riches échanges, certains participants du CHEC sont retournés au TGP afin d’assister à la représentation de la pièce « Huit heures ne font pas un jour » de Rainer Werner Fassbinder et mise en scène par Julie Deliquet.
Les auditrices et les auditeurs de la troisième session se retrouveront lors du prochain module, du 18 au 20 novembre à Paris puis à Bruxelles, afin d’aborder les enjeux internationaux des politiques culturelles et les objectifs culturels de la présidence française de l’Union européenne qui débutera en janvier 2022.
Partager la page