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Discours

Discours de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de la remise de décorations à



Mme Anne COX CHAMBERS, mécène, présidente de Cox Entreprises (Commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur)M. Hubert HEILBRONN, mécène, président d’honneur de l’Association des amis de la BnF (Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres)Mme Luz CASAL, chanteuse espagnole (Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres)et Mme Leïla MENCHARI, directrice artistique chez HERMÈS (Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres)

Messieurs les Ambassadeurs (François de ROSE, doyen des ambassadeurs, Mohamed RAOUF NAJAR, ambassadeur de Tunisie en France)
Madame l’Ambassadeur, Madame la Présidente, chère Anne COX CHAMBERS,
Monsieur le Président, cher Hubert HEILBRONN,
Chère Luz CASAL,
Chère Leïla MENCHARI,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
« Il faut cultiver notre jardin » : cette invitation bien connue, lancée par CANDIDE et par VOLTAIRE à la fin du célèbre conte philosophique, m’est venue spontanément à l’esprit lorsque j’ai choisi de vous réunir aujourd’hui pour vous rendre hommage. Pas seulement parce que Mesdames Anne COX-CHAMBERS et Leïla MENCHARI possèdent, l’une dans le Sud de la France, l’autre de l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie, des jardins qui sont parmi les plus beaux qui existent. Pas seulement parce que nous fêtons cette année le 250e anniversaire de la parution de Candide, en France, ainsi que, par exemple, à la Bibliothèque publique de New York, comme doit le savoir le bibliophile émérite qu’est Hubert HEILBRONN. Mais aussi parce que cette image voltairienne du jardin me semble parfaitement correspondre à ce qu’est, dans le fond, la culture : non pas quelque chose de figé, mais un processus dynamique, vivant, actif, celui de se cultiver, de cultiver autrui, de se cultiver grâce à autrui. C’est aussi l’idée du croisement, de la greffe, si importante dans l’art du jardin et qui répond à cette nécessité, dans la culture de l’esprit, de l’imagination et de la sensibilité, de l’apport de l’autre et de sa différence. Cette ouverture sur l’ailleurs, c’est elle qui permet de se renouveler sans cesse, d’être à la fois, comme un jardin, un lieu de refuge et un horizon, un terroir et un territoire à développer et à explorer.
Deux grands mécènes d’abord, l’une grande amie américaine de la France, l’autre éminent bibliophile et fin lettré français.
Deux grandes artistes aussi : l’icône et, j’oserai dire, la fleur et l’oiseau rare de la chanson espagnole d’aujourd’hui, francophile de surcroît et chère au cœur des Français, je veux bien sûr parler de Luz CASAL. Et puis, l’artiste sans égale des vitrines d’Hermès et de la soie, qui sait entrelacer l’art de vivre français et le rêve tunisien. Telles sont les personnalités d’exception que j’ai choisi d’honorer aujourd’hui.
Ce sont, avant tout, quatre acteurs essentiels du jardin sans frontières des cultures d’aujourd’hui, quatre créateurs d’identités fortes parce qu’en perpétuel devenir et en échange constant. Ils montrent que la culture française n’est pas repliée sur elle-même comme tel petit village gaulois dont j’ai remarqué çà et là des vestiges sur la place de la Concorde, que notre culture n’est pas davantage figée dans la pose de l’arrogance – un travers qui lui parfois été reproché… –, mais ouverte sur le monde et prête à implanter dans son terreau très riche de nouvelles racines.
Chère Anne COX CHAMBERS,
C’est une grande joie et un immense honneur, pour moi, de vous accueillir aujourd’hui, au nom de la République française, dans les salons du ministère de la Culture et de la Communication. Je suis très heureux de pouvoir, par cet hommage, vous exprimer notre reconnaissance envers une généreuse mécène, une très chère amie de la France et, pour tout dire, une grande dame.
Le prestige de votre nom est connu de tous. Votre histoire familiale, celle de votre père, est à elle seule une épopée, comme seuls savent nous en conter les Etats-Unis. Le cinéphile ne peut s’empêcher de penser à l’ascension d’un Citizen Kane, sans le tragique de la chute bien heureusement. D’abord professeur, devenu l’un des plus grands personnages du monde de la presse et de la politique, James Middletown COX fut, en 1920, le candidat à la présidence de la République avec, pour colistier, un certain Franklin ROOSEVELT. Vous avez hérité de lui, non seulement l’empire de presse COX Enterprises, que vous dirigez d’une main sûre, mais aussi des valeurs fortes d’humanisme et de solidarité, et une énergie sans pareille.
Je pense à votre engagement politique, lorsque vous avez été ambassadeur des États-Unis en Belgique de 1977 à 1981, sous la Présidence de Jimmy CARTER, ou lorsque vous avez, à plusieurs reprises, soutenu le Parti démocrate et, tout récemment, le Président Barack OBAMA…
Je pense aussi, bien sûr, à votre engagement dans la vie économique, avec le succès que l’on sait ! Je ne pourrai énumérer ici toutes les responsabilités que vous avez exercées à la tête des plus grandes entreprises, de la Bank of the South à Coca Cola, en passant notamment par la Chambre de Commerce d’Atlanta dont vous avez été la première femme jamais élue au conseil d’administration, car vous êtes aussi, à votre manière, une pionnière. Mais je laisse à Umberto ECO, qui a pour cela carte blanche tout près d’ici, au musée du Louvre – un musée qui vous est cher, j’y reviendrai – le soin de dresser la « liste vertigineuse » de ces hautes fonctions, qui font de vous l’une des femmes les plus actives et les plus puissantes du monde. Et c’est d’ailleurs ce qui fait de moi l’un des hommes les plus honorés de France aujourd’hui, je le dis sans flagornerie...
Je pense enfin – last but not least ! – à votre engagement au service de la culture. Vous soutenez, comme peu de mécènes avant vous, de grandes institutions telles que le Museum of Modern Art, le Whitney Museum ou, bien sûr, le High Museum of Art d’Atlanta, aux destinées duquel vous présidez depuis plusieurs décennies. Unique en son genre, il est aujourd’hui considéré comme le musée le plus important du Sud-Est des États Unis et fait preuve d’une vitalité remarquable.
Vous êtes aussi, je le disais pour commencer, une ardente francophile. Alors que vous avez vos racines à Atlanta, vous passez, je crois, près de la moitié de votre temps dans notre pays que vous aimez, notamment dans votre maison des Alpilles et dans ce jardin magnifique que j’évoquais, qui est un peu votre jardin secret et un havre de paix pour vos amis. Par votre générosité et votre passion pour les arts et pour toutes les formes de la culture, vous contribuez à enrichir ce Jardin de la France qui est aussi le vôtre.
Toute votre action témoigne de cet amour pour la France. Je pense notamment à votre engagement au sein de la prestigieuse Fondation franco-américaine, à travers votre soutien au programme des « Young Leaders ». Mais je pense aussi, j’y viens, au partenariat sans équivalent que vous avez su créer entre le musée d’Atlanta et le Louvre. Dans l’aile du High Museum qui porte votre nom, ont eu lieu, en 3 ans, pas moins de 9 expositions des collections du musée parisien, auxquelles vous offrez ainsi une visibilité exceptionnelle et dont vous rapprochez ainsi les trésors du public américain. En outre, la mise en œuvre de ce programme culturel permettra, au Louvre, le réaménagement des salles du mobilier du XVIIIe siècle.
Cette passion pour la France et pour la culture, elle vous a aussi conduite à vous engager en faveur de la science. Présidente de la Pasteur Foundation de New-York, vous soutenez ses activités avec une générosité et une fidélité admirables. Vous avez permis à de jeunes chercheurs américains de venir accomplir des séjours dans des laboratoires de l’Institut Pasteur, contribuant de façon déterminante à la vitalité de ce centre de recherches. Et votre passion pour Pasteur a permis la restauration de la petite salle à manger du musée Pasteur qui, pour la première fois, grâce à vous, est rouverte aux visiteurs. Vous avez figuré parmi les éminents récipiendaires du prix de cette Pasteur Foundation qui a été remis, par ailleurs, à des personnalités aussi prestigieuses que le Président CLINTON ou le Président MANDELA pour leur œuvre généreuse en faveur de la santé publique dans le monde.
Grande mécène et irremplaçable amie de la France, vous savez mettre votre générosité au service d’un dialogue entre nos deux cultures qui n’en forment qu’une seule, dans une sorte de jardin suspendu au-dessus de l’Atlantique...
Anne COX CHAMBERS, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous remettons les insignes de Commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Cher Hubert HEILBRONN,
Vous êtes, vous aussi, un grand mécène et vous êtes sans doute celui qui incarne le mieux aujourd’hui la figure du bibliophile. Vous me faites un peu penser à ce philosophe de REMBRANDT, à l’abri d’un escalier en spirale qu’on devine à l’image de ses méditations. Ou encore à MONTAIGNE dans sa bibliothèque aux poutres décorées de citations célèbres. Et même à cette figure d’un roman d’Anatole FRANCE dont votre cher PROUST aimait tant les monologues inspirés, ce Sylvestre BONNARD, qui respirait et qui rêvait dans la « cité des livres » gardé, comme il se doit, par un chat tutélaire. Et je pense encore, bien évidemment, au Nom de la Rose et à cette figure du bibliothécaire qui est aussi celle de BORGES. Vous êtes vraiment ce qu’on appelle un « homme de livres » et vous témoignez ainsi, à l’ère de la numérisation, qui est aussi une chance bien sûr, du charme inaltérable du livre, cet objet qui, de génération en génération, capte et conserve toujours un peu de l’âme de ceux qui l’ont eu entre les mains.
La bibliophilie est un art, car les livres ne sont pas des objets comme les autres. Et vous possédez pleinement cet art de rassembler et d’acclimater les esprits dans cette vaste conversation silencieuse qu’est aussi un peu une bibliothèque. Vous êtes plus qu’un simple collectionneur, vous êtes aussi un grand lecteur, et vous connaissez l’influence muette des livres, vous savez vous laisser hanter par leurs conciliabules secrets, qui, si souvent, formulent la trame de nos pensées.
Cet amour des livres vous anime et vous engage. Vous le montrez par votre action à la tête de l’Association des Amis de la Bibliothèque nationale de France, dont vous êtes le Président d’Honneur et qui a puissamment contribué au rayonnement international de la France.
C’est pourquoi aussi vous avez créé, il y a tout juste 20 ans, le prix qui porte votre nom et celui de vos enfants, au sein de la Demeure historique. Il encourage la restauration et la conservation d’archives, de manuscrits et de livres anciens, ces mémoires enfouies, personnelles et collectives, qui dorment parfois au fond du grenier familial et qui constituent de véritables trésors : vous avez su, par là, faire advenir la réminiscence de notre passé.
Grand lecteur de PROUST, dont vous avez généreusement fait don d’une édition rare à la Bibliothèque nationale de France, vous savez que la Recherche du Temps perdu ne conduit au Temps retrouvé que par un long et patient travail de remémoration.
Ce dialogue entre les temporalités et cette exigence de mémoire, il vous a aussi conduit à apporter une contribution importante au Mémorial de la Shoah, au service duquel vous mettez vos compétences d’administrateur et votre sensibilité d’homme de culture. Votre fils vous y a rejoint et c’est là, je crois, un bel exemple de transmission d’une mémoire vive.
Cultiver son jardin, je le disais, suppose de l’enrichir du passé, mais aussi de l’ailleurs. Je pense à vos activités internationales, non seulement comme administrateur de grandes institutions bancaires et d’assurances, mais aussi par un dialogue entre les peuples et les religions, que vous avez su soutenir par la création d’un prix de l’Amitié entre juifs et chrétiens. Mécène de la culture, vous montrez par là que vous êtes aussi un mécène de la paix.
Dans votre magnifique discours prononcé à la grande Synagogue de la rue de la Victoire, en hommage aux juifs français morts pour la France pendant la première guerre mondiale, vous exprimez, par des mots très justes et très émouvants, le sens de votre engagement, qui trouve sa pleine réalisation au sein de ce que vous appelez les « Lumières de la République ». Vous êtes un de ceux qui avez le mieux compris le mariage entre les deux messianismes, qui est, bien plus qu’un mariage de raison, la cohérence profonde de deux projets émancipateurs pour l’humanité.
Par votre action humaniste en faveur de notre patrimoine jusque dans ses formes matérielles et presque vivantes, mais d’un patrimoine ouvert et porteur d’amitié entre les civilisations, vous contribuez de façon déterminante à enrichir ce Jardin intérieur que nous avons tous en partage. C’est pourquoi j’ai tenu aujourd’hui à vous rendre cet hommage d’estime et de reconnaissance.
Cher Hubert HEILBRONN, au nom de la République française, nous vous faisons Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Chère Luz CAZAL,
Nous passons à présent des Lumières à la lumière, puisque c’est simplement par votre prénom « Luz » que les Espagnols ont coutume aujourd’hui de vous nommer. Par là, ils témoignent de l’intimité que vous avez réussi à établir immédiatement avec eux comme avec tous ceux qui vous ont entendu, et qui fait de vous, comme tous les grands artistes, une personne qui leur semble familière, et qui pourtant sait conserver tout son mystère.
Je me souviens avec émerveillement, comme, je pense, beaucoup d’entre nous ici, comme aussi d’innombrables personnes en France et dans le monde, du choc inattendu qu’a provoqué en moi votre interprétation de Piensa en mi. C’était, bien sûr, dans Talons aiguilles, de Pedro ALMODOVAR, et c’est resté le symbole d’une présence vocale et humaine unique, qui est une grâce et un talent, mais qui témoigne aussi d’un travail acharné auquel j’ai le plaisir de rendre hommage aujourd’hui au nom de la France et de son public.
On rêverait de vous entendre chanter tout à l’heure, a capella, et ce serait après tout une excellente façon pour vous de faire un discours… Et j’ai entendu dire que vous alliez peut-être enregistrer un album en français…
Car, si vous êtes particulièrement chère, vous le savez, au cœur des Français, vous le leur rendez bien par une francophilie qui nous touche profondément : amatrice passionnée de Juliette GRÉCO, d’Edith PIAF, d’Etienne DAHO avec lequel vous êtes liée d’une grande amitié, vous nous faites l’immense plaisir de venir chanter en France : avant-hier encore au Théâtre du Châtelet – le jour même de votre anniversaire ! – vous avez su combler les attentes du public, qui gardait un souvenir mémorable de votre tournée en France et de vos concerts mythiques à l’Olympia et à la Cigale, il y a quelques années.
Le dialogue entre la chanson espagnole, dont vous êtes devenue l’icône incontestée et adulée, et la chanson française que vous aimez profondément, elle passe aussi par des reprises, qui sont à la fois des relectures et des hommages: je pense non seulement aux versions espagnoles de chansons de votre ami Etienne DAHO (Duel au soleil) et de Francis CABREL (Octobre), mais aussi à la version française d’un succès de Marie LAFOREST (Je voudrais tant que tu me comprennes) ou à la collaboration avec Henri SALVADOR, qui a composé la musique de Tiempo al tiempo. Ce sont là des croisements et des entrelacements, qui contribuent à notre amitié et, d’une certaine façon, à cette Europe culturelle si importante à mes yeux.
Ce dialogue que vous savez mener, c’est aussi celui du patrimoine et de la création : je pense bien sûr aux boléros traditionnels mexicains et cubains de votre dernier album, La Pasión, dont vous avez su respecter le caractère de sensuelle authenticité, et que vous avez à cœur de transmettre aux jeunes générations, nouant ainsi une alliance d’élection entre le passé, le présent et l’avenir, et renouant avec le triomphe de vos débuts. Je pense en particulier à « Historia de un amor », dont les accents envoûtants ne vont cesser de nous habiter et de nous faire rêver… C’est, enfin, un dialogue entre les genres, entre lesquels vous n’établissez pas de frontière ni de hiérarchie, mais que vous faites communiquer par une alchimie dont vous avez le secret...
Vous excellez autant dans l’écriture de paroles que dans la composition et, bien sûr, l’interprétation : tous ces talents conjugués, qui font de vous une ambassadrice exceptionnelle de la culture espagnole auprès de nous et dans le monde entier, j’ai souhaité leur rendre aujourd’hui l’hommage qu’elles méritent comme aux fleurs les plus suaves et les plus subtiles de notre jardin musical.
Chère Luz CAZAL, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Chère Leïla MENCHARI, chère Leïla,
Votre ami Michel TOURNIER évoque à votre sujet la « Reine mage », qui le fascine : l’écrivain a su trouver des mots justes pour vous décrire… Nous nous connaissons depuis bien longtemps, chère Leïla, et je crois pouvoir dire que nous sommes de vrais amis ; vous vous souvenez que j’ai même eu le bonheur de publier quelques-uns de vos si beaux textes dans Une saison tunisienne, il y a je crois une quinzaine d’années. Et j’ai grand plaisir, aujourd’hui, à vous rendre hommage comme ministre de la Culture et de la Communication, à vous qui êtes, je dirais, ministre du goût et de l’élégance, ambassadrice du luxe et du raffinement…
Depuis 30 ans, au rythme des saisons et plus rapidement encore, vous avez su vous sans cesse inventer ces vitrines pour les enchanter. Vous savez pratiquer cet art qui est bien plus qu’un simple ordonnancement d’objets, et qui constitue en réalité la mise en scène d’une véritable pièce de théâtre muette et dont les passants sont les spectateurs émerveillés. On mesurera la délicatesse extrême et l’imagination requise par votre travail si l’on considère que vous essayez de construire l’écrin du luxe. Comment faire pour faire vivre ce luxe sans être écrasé par lui ? Chacune de vos installations résout cette équation particulièrement ardue, faite d’équilibre, d’un sens inné de cette chose pour laquelle les Grecs avaient un seul mot, qui voulait dire à la fois « ordre » et « parure », ce qu’ils appelaient « kosmos ». Aujourd’hui, bien évidemment, ce terme ne s’applique plus, et, en un sens, c’est dommage, qu’aux merveilles de l’univers.
Oui, c’est bien le mot de « merveilles » qui me vient à l’esprit en pensant à votre travail, car vos vitrines font miroiter – et c’est la moindre des choses pour vous qui servez Hermès, le dieu des voyageurs – une véritable invitation au voyage, sur cette route de la soie dont Marco Polo a ramené son Livre des Merveilles.
Dans ce lieu étroit qu’est la vitrine et en jouant avec toutes les facettes de la transparence, vous réussissez le tour de force de nous faire voyager.
Transcendée par la contrainte, par cette unité de lieu de la vitrine, vous savez nous conter des histoires, et c’est de manière tout à fait subtile et juste, qu’une magnifique anthologie photographique de ces événements éphémères que vous avez généreusement offert aux yeux et aux imaginations des passants depuis trente ans, s’intitule Contes nomades. Car vous êtes un peu la conteuse des Mille et une vitrines et la Shéhérazade qui, tous les jours, a une nouvelle histoire du luxe à nous raconter.
Fidèle à cette attraction de l’Orient, ce pays des origines, vous entretenez une prédilection particulière pour cette matière qui faisait rêver les voyageurs, je veux parler bien sûr de la soie, la plus fine, la plus douce, la plus intime et la plus élégante, et permettez-moi de vous dire que vous l’avez choisie à votre image. L’autre substance qui vous attire, c’est le cristal, cette transparence qui, un peu comme la conteuse des Mille et une nuits, promet sans cesse les trésors insaisissables qu’elle ne sait peut-être faire vivre que dans ses reflets. Vos vitrines savent ainsi nous faire miroiter tout un monde. BAUDELAIRE disait : « Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle… », et j’ai envie de dire que « Vous mettez l’univers entier dans vos vitrines… », chaque saison, mais aussi les charmes de chaque civilisation.
Ce sont, en fin de compte, des jardins de verre, des jardins d’hiver et toute saison, des lieux où notre regard se repose de l’agitation de la ville. Il y passe un rayon de votre merveilleux jardin tunisien, près de Hammamet, dont vous êtes, selon les mots de votre ami Michel TOURNIER, « la veilleuse attentive et fidèle ».
Et j’ai appris avec intérêt et avec plaisir que vous avez créé à partir des essences de votre jardin, il y a quatre ans, à l’occasion de l’Année européenne de la Méditerranée, un parfum que vous avez intitulé justement « Un jardin de Méditerranée », chez HERMÈS bien sûr, est-il nécessaire de le préciser. Vous nous permettez ainsi de nous promener toujours avec un souvenir de jardin dans la ville, avec, sur nous et autour de nous, une évocation de ce monde méditerranéen qui est un peu notre berceau, mais aussi une ouverture sur l’avenir.
Chère Leïla MENCHARI, au nom de la République française, nous vous remettons les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

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