Braque, Matisse, Picasso, Léger, Sonia Delaunay, Calder, Dubuffet, entre autres maîtres réunis pour une exposition autour de la couleur. Un tour, gratuit, de l’art moderne en moins de quatre-vingt jours, et 35 000 visiteurs, pour 14 chefs-d’œuvre du Musée national d’art moderne – dont plus d’un tiers venu de l’extérieur du département, et un cinquième de scolaires, avec notamment quasiment tous les élèves de l’enseignement primaire de Chaumont et les deux-tiers des collégiens, en bénéficiant de l’expérience du Centre Pompidou en matière de médiation, qui propose pour l’occasion des dispositifs inédits dans les espaces modulables et nomades conçus par Patrick Bouchain.
Ces chiffres parlent d’eux-mêmes. L’étape inaugurale du Centre Pompidou Mobile à Chaumont a été une réussite.
Je voudrais souligner ce matin un aspect essentiel de ce musée itinérant : il ne s’agit pas de créer des événements éphémères. Certes, les chapiteaux reprennent la route ; mais l’étape du Centre Pompidou à Chaumont aura permis de construire des partenariats durables avec les collectivités.
Avec un tiers des visiteurs qui ne sont pas du département, il y a une dynamique exogène que l’opération de Chaumont a permis de mettre à jour. J’en veux pour preuve la fréquentation de la dernière édition du salon du livre de Chaumont, les diverses programmations culturelles autour du thème la couleur, et la fréquentation des musées de la ville, en l’occurrence le musée d’Art et d’Histoire et le musée de la Crèche avec son exposition sur la sculpture polychrome et la peinture andines, italiennes et espagnoles de XVIIème et XVIIIème siècles, qui ont vu leur fréquentation doubler à l’occasion de la présence du Pompidou Mobile.
Au-delà de l’appui de mon ministère, le succès de cette première phase de l’opération doit également beaucoup à l’implication du ministère de l’Education nationale, mais aussi au mécénat de la Fondation Total, du Groupe GDF Suez, des Galeries Lafayette et des Assurances La Parisienne, et avec le soutien, pour l’étape de Chaumont, de la Caisse des dépôts et consignations, d’ANDRA, de JC Decaux, de Keolis et du Journal de la Haute-Marne. Je tiens à remercier chaleureusement tous ces partenaires.
J’attache, vous le savez, un grand prix aux opérations qui permettent d’assurer une meilleure irrigation de nos territoires, afin que nous puissions donner une nouvelle dynamique à la démocratisation culturelle. Le Plan musées en régions s’intègre clairement dans cette logique. Le Centre Pompidou-Metz également, avec son remarquable succès de fréquentation depuis son inauguration en mai 2010 par le président de la République : la remarquable structure conçue par Shigeru Ban accueille désormais un vaste public, également européen, en dépassant largement les prévisions initiales. Bientôt il y aura le Louvre-Lens. En 2013, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée ouvrira à Marseille, qui sera alors capitale de la culture.
Mais il fallait également concevoir des initiatives qui soient adaptées à des villes moyennes.
Démocratisation culturelle et conquête de nouveaux territoires : cette ambition est au cœur des actions que j’ai lancées en faveur d’une culture partagée. C’est celle du Centre Pompidou mobile, cette très belle initiative portée par Alain Seban. Parallèlement à l’aventure du Centre Pompidou-Metz, à celle aussi de la première saison d’« Un jour, une œuvre, un artiste » dans les communes franciliennes, dont j’ai eu le plaisir de souligner la réussite au Perreux il y a quelques jours, l’un des grands navires amiraux de la culture dans la capitale joue la carte de l’itinérance en région, dans les villes moyennes, en défendant une ambition de contact direct avec l’œuvre à travers un musée nomade, proposant une sélection venant d’une des collections d’art moderne les plus prestigieuses au monde. Investir le lieu des forains pour mieux faire franchir le seuil des musées : c’est une très belle idée, que nous avons concrétisée avec les collectivités, à commencer donc par Chaumont.
Chaumont, c’est aussi une ambition pour le graphisme, un domaine par définition pluridisciplinaire, les expositions temporaires aux Silos, la maison du livre et de l’affiche, son Festival international qui, avec 23 ans d’existence, est une référence dans le domaine. C’est d’ailleurs la volonté de mon collègue Luc Chatel, maire de Chaumont, de transformer sur cet acquis sa ville en une capitale internationale du graphisme, à l’instar de Saint-Etienne pour le design, en créant un Centre international du graphisme, qui verra le jour à la fin de 2013.
Le lien, désormais, est établi. Le Centre Pompidou, comme la Ville de Chaumont, souhaitent poursuivre leur collaboration. La première concrétisation de cette dernière, c’est la Convention sur un événement concernant le graphisme contemporain, dont la première aura lieu au mois de mai 2012. Son commissariat sera confié conjointement à la Ville de Chaumont, au Musée national d’art moderne – centre de création industrielle et au Département du développement culturel du Centre Pompidou, avec une alternance annuelle prévue du lieu d’accueil, entre Chaumont et Paris. La complémentarité des collections est à l’évidence un atout, avec celles de Chaumont qui concerne la Belle Epoque avec le fonds Dutailly et la création contemporaine avec son concours international, et celles du Musée national d’art moderne qui concernent les années 1970 et 1980.
Des opérations comme le Centre Pompidou Mobile permettent d’aller vers de nouveaux publics ; elles décloisonnent à l’évidence l’expérience muséale et contribuent à lutter contre le mur de verre de l’intimidation sociale. Elles sont également capables de susciter de nouvelles dynamiques pour le maillage culturel des collectivités partenaires et de nouveaux partenariats pour nos établissements publics. Nous avons là, je crois, les deux dimensions d’une opération inédite dont je suis heureux aujourd’hui de souligner le succès, avant les prochaines étapes prévues dans la région Nord-Pas-de-Calais - à Cambrai, avec là aussi une très forte attente, puis à Boulogne-sur-Mer.
Je vous remercie.