C’est un grand plaisir pour moi d'être avec vous pour faire le bilan de notre
action dans le domaine des services culturels innovants et lancer l'appel à
projets 2012 « services numériques culturels innovants ». Je suis
notamment reconnaissant aux porteurs de projets qui ont répondu à
l’édition 2010 de cet appel d’être parmi nous, et en particulier aux
responsables de quatre de ces expérimentations qui vont nous faire leur
présentation dans quelques instants.
J'ai fait de la numérisation et plus largement de l’accès numérique au
patrimoine culturel et à la création une priorité d'action de mon Ministère.
Avec le développement du numérique, ce ne sont pas seulement des
possibilités inédites pour la diffusion des oeuvres culturelles qui ont vu le
jour, mais aussi de nouvelles pratiques. C'est l'accès « en mobilité » aux
contenus culturels ; c'est une interaction plus grande entre les institutions
culturelles et les publics, qui peuvent annoter, échanger via les réseaux
sociaux, voire contribuer à l'enrichissement des savoirs grâce aux
technologies collaboratives. Les frontières traditionnelles entre patrimoine
et création s’estompent avec ce développement de la participation des
utilisateurs. Les potentialités paraissent considérables.
Nous devons saisir cette chance pour encourager la démocratisation
culturelle, notamment auprès des nouvelles générations qui ont grandi
avec Internet.
C'est donc dans cet objectif que le ministère de la Culture et de la
Communication a mis en place le dispositif des « services numériques
culturels innovants », qui vise à soutenir des expérimentations de
nouveaux services culturels grâce au numérique.
Il s'agit bien ici d'une démarche de politique culturelle, dans une logique de
culture partagée, qui vise à mettre le numérique au service des contenus et
des publics.
Tous les contenus culturels sont visés : beaux-arts, art contemporain, arts
visuels, photographie, musique, danse, littérature, théâtre, patrimoine dans
toutes ses composantes : l'histoire, les monuments, les objets,
l'archéologie…
Il s’agit également de s’adresser à tous les publics. Le numérique, en
s'affranchissant des supports, permet de mieux s'adapter aux situations
d'usage et à des besoins spécifiques : de l'amateur éclairé aux scolaires,
mais aussi les familles, les jeunes, les touristes, les experts et les
chercheurs, les personnes en situation de handicap, les publics éloignés...
Avec le numérique, c'est la diffusion qui change d'échelle. Une ère
nouvelle s’ouvre, à l'échelle mondiale, pour la culture et pour ses publics.
Je veux que ce dispositif soit donc un outil au service de la diversité
culturelle, qui favorise la découverte et la connaissance, qui élargisse le
champ des possibles de nos explorations et de nos désirs de savoir. Le
numérique, c'est aussi un renforcement de la proximité, grâce auquel
chacun peut retrouver ses référents culturels les plus proches, dont la
visibilité se retrouve accrue, avec également la démultiplication de services
personnalisés.
Le développement d'une offre culturelle numérique doit être évidemment
au coeur de la stratégie des institutions culturelles au XXIème siècle. Pour
partager l'innovation et les nouvelles technologies du numérique, ce sont
des partenariats inédits qu'il faut envisager et favoriser, entre entreprises,
laboratoires de recherche, institutions culturelles, entre les collectivités
territoriales et l'État. Toutes les structures culturelles sont concernées :
monuments, musées, archives, bibliothèques, centres d’arts,
cinémathèques… Et au premier chef, les établissements publics du
ministère de la Culture. Ces collaborations sont aujourd’hui favorisées par
les convergences technologiques et le développement de nouveaux
modèles économiques ; notre dispositif doit être un levier pour les
expérimenter en situation réelle. Pour les institutions culturelles, il s'agit
également de repenser l'articulation entre le « monde réel » - « aller au
musée », « visiter un monument », « assister à un spectacle » - et les
possibilités offertes par les univers virtuels, en termes de complémentarité,
d'ouverture à de nouveaux publics. Ce sont les notions de partage et de
communauté culturelle qu'il nous faut réinventer.
Plusieurs pistes particulièrement fructueuses ont déjà été testées en 2010.
On les trouve sur « Culture Labs », la plate-forme d'innovation du Ministère
« Culture Labs »1. Elles seront illustrées par les quatre porteurs de projets
qui vont s'exprimer tout à l'heure. On y découvre de nouvelles perspectives
pour les visiteurs des collections de nos institutions culturelles, avec le
projet des Archives départementales de l'Aube, ou encore la reconstitution
en trois dimensions du château-fort de la Ville de Cherbourg ; les
possibilités offerte par la réalité augmentée, avec l’application pour
smartphone et web développée par École nationale supérieure de création
industrielle ; les usages du Web 2.0 qui favorisent la participation des
publics et des usages éducatifs avec l’encyclopédie multimédia du cinéma,
qui couvre tous les usages d’extraits de films, développé dans le projet
Moviepedia. C'est un échantillon du futur qui nous est offert. Il illustre la
diversité et la richesse des projets que nous devons encourager et
accompagner.
Grâce à ce nouvel appel à projets lancé en 2012, doté d'1,4 M€, nous
allons pouvoir amplifier nos efforts et continuer à innover pour proposer de
nouveaux services numériques culturels à nos concitoyens. Les enjeux
sont multiples : il y va de notre contribution à l'aménagement des territoires
en matière de services culturels numériques et conséquemment à leur
attractivité, du développement d'un tourisme culturel, et du renforcement
de l'éducation artistique et culturelle. J’ai également souhaité que des
grands groupes soient présent, tels qu’Orange, Alcatel-Lucent ou bien sur
Vivendi, qui investissent dans la recherche et le développement en matière
d’innovation culturelle, afin qu'ils prennent connaissance de ces initiatives
et de ces expérimentations qui poursuivent un but de service public
numérique.
Nos nouveaux environnements numériques, c'est aussi la manière dont
nous effectuons désormais nos démarches administratives sur Internet,
nos façons de nous déplacer, de communiquer, de photographier... Les
expérimentations qui seront menées en 2012 doivent permettre d'inscrire
les nouvelles pratiques culturelles numériques dans la continuité de ces
services, voire en leur coeur.
Je vous remercie de votre attention, et je passe maintenant la parole à
Guillaume Boudy, secrétaire général du Ministère, qui est à l'initiative du
dispositif que nous lançons aujourd'hui, et dont le Service des politiques
culturelles et de l’innovation sera le maître d’oeuvre.
Discours
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion du lancement de l’appel à projets services numériques culturels innovants 2012
Monsieur le secrétaire général, cher Guillaume Boudy,
Monsieur le directeur général des patrimoines, cher Philippe Belaval,
Mesdames et messieurs les représentants des établissements publics,
Mesdames et messieurs,
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