Je suis fier et heureux de vous recevoir aujourd'hui dans les salons du
 ministère de la culture et de la communication à l'occasion de la signature
 du contrat d'objectifs et de moyens 2011-2015 de France Télévisions. Le
 moment est d'importance puisqu'il s'agit pour l’État et la société d'arrêter
une feuille de route commune pour les cinq prochaines années.
Le contrat d'objectifs et de moyens, ou COM, est l'acte fondateur de la
 gouvernance des sociétés nationales de programmes. Il formalise la
 rencontre d'une politique publique et d'une stratégie d'entreprise, il fixe à
 travers une série d'objectifs quantitatifs et qualitatifs le cadre d'action de la
 société et offre une visibilité pluriannuelle pour la gestion et le financement,
au bénéfice à la fois de France Télévisions et de l'État.
Il était naturel que l'arrivée de M. Rémy Pflimlin à la présidence de France
 Télévisions, le 22 août 2010, amène l’État et la société à élaborer un
 nouveau COM couvrant la période 2011-2015. En conséquence, la société,
 ainsi que les trois ministères signataires du COM : le ministère de la culture
 et de la communication; le ministère de l'économie, des finances et de
 l'industrie de François Baroin; le ministère du budget, des comptes publics
 et de la réforme de l’État de Valérie Pécresse, mais aussi le ministère en
 charge de l'Outre-mer, ont négocié pendant plusieurs mois avant d'aboutir
 à un projet de texte commun. Je veux ici remercier les différentes
 administrations qui ont participé à ces discussions. Je veux également
 saluer France Télévisions, en la personne de son président M. Rémy
 Pflimlin, pour la qualité des échanges qui ont permis d'élaborer ce COM et
 que l'entreprise a menés en toute transparence, dans un souci constant de
concertation.
Au terme de cette phase de négociation, un projet de texte a été transmis
 pour avis aux commissions parlementaires chargées de la culture et des
 finances, et communiqué au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Après
 avoir recueilli un avis favorable des commissions compétentes de
 l'Assemblée nationale, la version définitive du texte a été adoptée par le
 conseil d'administration de France Télévisions le 19 octobre dernier, signée
 par le ministre de l'économie des finances et de l'industrie, ainsi que par la
 ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l’État. Il nous
 appartient donc aujourd'hui, cher Rémy Pflimlin, de parachever cette
oeuvre collective.
Avant cela, je tiens à revenir brièvement sur les grandes lignes de ce
Contrat 2011-2015, qui consacre une stratégie ambitieuse et responsable.
Le COM affiche la volonté de France Télévisions, soutenue par l’État, de
 s'adresser à tous les publics. Il est essentiel en effet d'offrir à l'ensemble
 des citoyens, quels que soient leur âge, leur milieu, leur origine ou leur
 région, une offre de programmes de service public, riche et variée. Il en va
 de la légitimité de la télévision publique, plus que jamais essentielle dans
un paysage médiatique foisonnant.
Or, comme dans d'autres pays européens, la télévision publique, bien
 qu'ayant maintenu un niveau d'audience élevé1, a vu son public devenir en
 moyenne plus âgé et moins populaire que celui des autres chaînes de
 télévision, désormais plus nombreuses. Reconquérir l'ensemble des
 publics en maintenant la spécificité de ses programmes, tel est l'enjeu
stratégique de France Télévisions.
Pour ce faire, France Télévisions a l'ambition de renforcer sa présence
 dans l'univers de la télévision numérique terrestre, en affirmant les
 identités de ses antennes, en bénéficiant de la complémentarité des
 chaînes du « bouquet » France Télévisions, et en investissant
 massivement dans la création originale, la seule à même d’exister et de
rassembler dans un univers où l’offre de programmes s’est démultipliée.
Elle compte également s'appuyer sur la relation privilégiée qui l'unit au
 public, à travers sa dimension régionale, tant en métropole qu'en outremer,
 pour imposer sa spécificité, faire oeuvre de service public, créer du
lien entre nos concitoyens.
Pour toucher tous les publics, France Télévisions doit également renforcer
 sa présence dans l'univers numérique, où la prédominance du format vidéo
 s'accompagnera probablement d'une baisse de l'usage de la télévision
 traditionnelle au profit de la consommation à la demande. À ce titre, les
 chaînes de télévision se doivent de rester des prescripteurs et des
 espaces de création. France Télévisions s'appuiera sur ses domaines
 d'excellence pour s'affirmer dans cet univers : l'information, le sport,
l'ancrage régional, la création originale.
Nous avons eu il y a quelques jours l'occasion de mesurer par nousmêmes
 les avancées considérables réalisées par l'entreprise en la matière,
 avec le lancement de la plateforme France TV Info, appelée aussi « Pi »,
 qui offre des services réellement innovants, en matière de suivi en direct
 des flux d’information, et d’interactivité avec les rédactions de France
 Télévisions. A cette image, l'ensemble des contenus du groupe seront en
 outre mieux partagés, disséminés, disponibles sur les réseaux
numériques.
Ce COM marque donc la volonté du groupe public, mais également son
exemplarité.
Exemplarité s'agissant du soutien à la création audiovisuelle, car l'enjeu
 est double : offrir au public des oeuvres modernes, créatives, capables de
 renouveler la fiction française et de fédérer le public, mais également
concevoir un véritable partenariat avec les producteurs et les créateurs.
Vous le savez, en complément des dispositions du cahier des charges qui
 impose à l'entreprise de consacrer un certain pourcentage de son chiffre
 d'affaires à la création, le COM garantit en valeur absolue un montant
 d'investissement annuel minimum, qui s'établit à partir de 2012 à 420 M€
pour la création audiovisuelle et à 60 M€ pour le cinéma.
Outre cet engagement qui fait de France Télévisions le premier
 contributeur français à la création audiovisuelle, l'entreprise s'engage en
 direction du renouvellement des formats et des écritures : en témoigne la
 signature au mois de juin dernier d'une charte pour le développement de la
 fiction, avec les organisations représentatives des producteurs et des
 auteurs audiovisuels, et qui met ainsi en pratique l’une des préconisations
 de l’excellent rapport que m’a rendu Pierre Chevalier sur le développement
 de la fiction, en avril dernier. Dans le domaine du cinéma, France
Télévisions poursuivra sa politique de diversité.
Exemplarité également car France Télévisions doit être ambitieux dans
 l'exposition de programmes culturels, notamment musicaux, comme dans
 l'exposition d'une grande diversité de sports, tout en assurant la couverture
des grands événements qui fédèrent nos concitoyens.
Ces engagements de l’État et de France Télévisions traduisent une
 conviction profonde que je souhaite partager avec vous : la puissance du
 média audiovisuel reste forte, et il conserve un important pouvoir de
 prescription, à l’heure où les usages incluent de manière croissante les
 contenus que l’on dit délinéarisés. Les bouleversements qui traversent le
 paysage audiovisuel rendent d’autant plus centrales les missions
 assumées par le service public, dans un paysage qui s’atomise, où la
 logique qui prévaut n’est plus celle de la rareté de l’offre de programmes,
 mais au contraire celle de l’hyper-choix. La première des réponses aux
 transformations majeures que connaît le paysage audiovisuel consiste à
mes yeux à miser sur des programmes forts et sur la création originale.
La profusion de programmes doit conduire les acteurs audiovisuels à
 privilégier la production d'oeuvres ambitieuses, de "marques fortes",
 susceptibles d’être déclinées sur de multiples supports de façon à
 constituer un "univers" et non un simple programme. Les chaînes
 publiques, qui contribuent massivement au financement et à la visibilité de
 la création, ont parfaitement saisi la nécessité de faire évoluer leur offre. Il
 s’agit bien de répondre aux attentes et aux usages des nouveaux publics,
 tant par leurs contenus que par leurs modes de diffusion. Votre
 intervention lors du Forum d’Avignon, cher Rémy Pflimlin, démontrait que
France Télévisions entend se montrer pionnière et innovante en la matière.
Mon but est de vous donner les moyens de ces ambitions.
Les objectifs fixés dans le COM sont pérennes et ne sauraient être remis
 en cause au motif des audiences de quelques programmes, sur lesquels
 certains commentateurs portent leur attention, sans même relever les
 succès importants enregistrés par le groupe, notamment en termes
d’informations, de fictions ou de sport.
Exemplarité enfin sur la question de la diversité qui doit être au coeur des
 préoccupations et de la stratégie de l'entreprise, à l'antenne comme en
 interne. Il ne s'agit pas de traiter cette problématique de manière
 superficielle, en la réduisant à une question d'apparence, mais bien
 d'orienter toute l'organisation de l'entreprise pour modifier en profondeur
 les comportements et changer les regards portés sur la société dans
 toutes ses composantes.
 Enfin, tout en menant de front ces différents chantiers, France Télévisions
 achèvera la mise en oeuvre de l'entreprise commune, pour conjuguer les
forces de chacune des chaînes et répondre aux grands défis audiovisuels.
Une organisation optimisée, entre mutualisation des fonctions supports et
 autonomie éditoriale des antennes, doit progressivement porter ses fruits
 et, par un fonctionnement à la fois responsable et efficace, contribuer à
donner à la société les moyens de son développement.
Dans la continuité de la réforme de l'audiovisuel public de 2009, qui a
 permis à France Télévisions de s'émanciper en partie de la contrainte
 publicitaire, le COM trace des perspectives claires et garantit la pérennité
de la stratégie de l'entreprise pour cinq ans.
Témoin de l’engagement de l’État, les ressources publiques consacrées à
France Télévisions augmentent de plus de 2% par an sur la période.
Priorité est donnée aux dépenses de programmes, qui augmenteront plus
 rapidement que les ressources, au rythme de +2,8% par an. Dans le même
 temps, les dépenses hors programmes seront maintenues constantes en
 valeur, gage des efforts de gestion que le groupe s’engage à déployer sur
la période.
Le budget 2012 de France Télévisions fait par ailleurs l’objet d’un examen
 par le Parlement, comme c’est le cas chaque année, et actuellement dans
 le cadre du Projet de loi de finances pour 2012. Les mesures adoptées par
 les parlementaires sont bien entendu souveraines, et l’issue du débat
 parlementaire sera prise en compte par le Gouvernement et France
 Télévisions. A ce stade, les dispositions proposées par le Gouvernement
 pour 2012, concernant l’ensemble des sociétés de l’audiovisuel public, et
 donc aussi France Télévisions, dans le cadre de l’effort national
 d’économies, ne remettent pas en cause les équilibres globaux du COM,
sur la période 2011-2015, ni les ambitions qu’il porte.
En ces temps d'incertitudes économiques, la feuille de route stratégique du
 COM constitue pour France Télévisions un atout considérable qui lui
permettra de relever les nombreux défis de l'avenir.
Je vous remercie.