Je dois dire que je suis particulièrement heureux de me trouver aujourd’hui parmi
vous, « de l’autre côté du miroir » en quelque sorte, à l’occasion de la remise de ce
prix que j’ai eu la chance de recevoir moi-même il y a quelques années (en 1997), et
qui m’avait, à l’époque, « donné des ailes ». Alors, ma présence aujourd'hui, comme
ministre de la Culture et de la Communication, est une façon de rendre, avec
gratitude, un peu de ce qui m’avait été donné.
Je tiens tout d’abord à féliciter la lauréate, Adélaïde de CLERMONT-TONNERRE,
pour ce premier roman dont le titre énigmatique de « Fourrure » n’avait, je dois
l’avouer, pas manqué de m’intriguer, et que j’ai pris le temps de parcourir. J’ai pu en
goûter le style à la fois sobre et évocateur, l’imagination foisonnante, et la
construction, complexe mais entièrement maîtrisée, qui emprunte, pour le
renouveler à la source vive de l’autobiographie, un procédé littéraire familier au
XVIIIe siècle : celui du manuscrit découvert de façon posthume, et qui révèle des
secrets enfouis dans le replis du temps, et de la mémoire tant personnelle que
collective. Ce roman me semble exemplaire d’une littérature à la fois exigeante et
tout entière tournée vers son public, et en cela, il illustre parfaitement l’ambition
portée sans relâche par ce Prix de la Maison de la Presse. L’époque à laquelle se
situe son récit ne pouvait d’ailleurs mieux convenir au Prix, créé justement en 1970
et dont nous avons donc la joie de célébrer aujourd’hui le 40e anniversaire.
Depuis quatre décennies, il met en lumière une littérature d’excellence qui n’a pas
peur d’être populaire, mais aussi le rôle indispensable de passeurs que jouent les
Maisons de la Presse auprès du public, de tous les publics. Ces médiateurs de
proximité, qui permettent à chacun de se frayer un chemin personnel vers les livres
et vers la culture, constituent un maillon et un relai essentiels de ce que j’appelle la
« culture pour chacun » – pour chacun quels que soient ses origines et ses horizons
géographiques, culturels, sociaux – pour chacun sur l’ensemble de notre territoire
sans oublier les périphéries des villes ni les zones rurales, qui participent au
dynamisme de notre vie culturel.
Ce prix, qui symbolise le travail au jour le jour des libraires et des maisons
de la presse, participe de notre engagement collectif et déterminé au profit
de la « lecture pour chacun ». C’est pour réaliser cet objectif que j’ai lancé,
en mars dernier, un vaste plan de 14 mesures pour la promouvoir, et que
j’ai présenté hier les contours d’« A vous de lire ! », la nouvelle fête de la
lecture qui se tiendra dans toute la France durant 4 jours, du 27 au 30 mai
prochain. Je sais que nombre de librairies et de Maisons de la presse en
sont des partenaires actifs et enthousiastes, et je les remercie, ainsi que le
Syndicat National des Dépositaires de Presse et la SEDDIF (filiale de
PRESSTALIS) pour leur implication au quotidien, en faveur d’une culture
véritablement partagée.
À l’heure où la presse connaît d’importantes difficultés auxquelles mon
ministère travaille à apporter les réponses les plus adaptées, la
conjugaison des activités de presse et de librairie – dont témoignent les
Maison de la presse, mais aussi de façon emblématique, ce Prix et sa
lauréate – m’apparaît comme tout à fait cruciale.
Vous savez toute l’importance que les pouvoirs publics accordent aux
diffuseurs de presse, et en particulier aux spécialistes que représentent les
Maisons de la Presse, premier réseau culturel de proximité à promouvoir la
presse et le livre.
Depuis 2007, grâce aux efforts de toute la filière, soutenue par l’Etat,
notamment au travers des aides allouées par le PLAN DÉFI 2010 et par
les dispositifs spécifiques du FISAC [Fonds d’intervention pour la
sauvegarde de l’artisanat et du commerce], la France est repassée au
dessus de la barre des 30.000 points de vente. Et je suis heureux de
constater que, malgré l’année noire qu’il a connue en 2009, le réseau des
diffuseurs de presse conserve le terrain reconquis ces dernières années,
avec un solde net de points de vente, quasiment à l’équilibre.
Bien évidemment, ces grands indicateurs ne doivent pas cacher les
difficultés du réseau des librairies et des Maisons de la Presse. Pour
encourager leurs efforts en 2010, et dans la perspective des mesures
prises après les Etats Généraux de la Presse Écrite, le soutien public à la
modernisation des points de vente a été reconduit à hauteur de 12 Millions
d’euros. Je constate d’ailleurs que les Maisons de la Presse ont eu
largement recours à ce fonds, signe du souci qu’elles apportent à la qualité
de l’accueil de leurs clients. La nouvelle convention FISAC doit bientôt être
prolongée pour les trois prochaines années, et je souhaite que ce dispositif
s’applique explicitement aux diffuseurs de presse, afin qu’ils puissent en
profiter pleinement.
Toutes les discussions actuellement consacrées à la réorganisation de la
filière de la vente au numéro ne me font pas perdre de vue l’objectif
clairement affiché à l’issue des Etats Généraux : celui de « replacer le
diffuseur de presse au centre de tout ». La réorganisation du réseau de
dépositaires, la rationalisation de l’activité des messageries doivent
permettre, à terme, de dégager suffisamment de moyens pour revaloriser
d’autant la rémunération des marchands de presse, à un niveau
comparable à celui qui se pratique chez nos voisins européens. Les efforts
destinés à rendre plus attractif le métier n’ont d’ailleurs pas été vains :
dans le cadre du PLAN DÉFI 2010, ils se sont traduits par une
augmentation qui peut aller, sur certains segments, jusqu’à 4 ou 5 points.
Mais il ne faut pas s’arrêter là et nous ne nous y arrêterons pas.
Pour l’heure, cependant, j’en reviens au livre et à notre chère Lauréate,
pour lui souhaiter bonne chance, ainsi qu’à son remarquable roman, qui a
séduit déjà de très nombreux lecteurs. Et je me réjouis que le passeport
d’excellence qui lui est remis aujourd’hui puisse contribuer à amplifier
encore son succès. Je suis certain que ce récit soyeux et étincelant saura
circuler d’imaginaire en imaginaire, et susciter d’intenses expériences de
lecture, à la fois intimes et partagées.
Je vous remercie.
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l’occasion de emise du Prix 2010 de la Maison de la Presse à Adélaïde de CLERMONT-TONNERRE pour son premier roman, « Fourrure »
Monsieur le Président du Syndicat National des Dépositaires de Presse, SNDP,Stéphane D’ALTRI O DARDARI,Monsieur le Directeur de la SEDDIF, Dominique GAUTIER,Monsieur le Président du Jury du Prix 2010 de la Maison de la Presse , JeanD’ORMESSON,Monsieur le Président-Directeur général de La Monnaie de Paris, ChristopheBEAUX,Madame la Lauréate du prix Maison de la Presse, Adélaïde de CLERMONTTONNERRE,Messieurs les Nominés,Mesdames et Messieurs les responsables des Maisons de la Presse,Mesdames, Messieurs,Chers amis,
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