« C’est une affaire de tout un peuple », disait Aimé Césaire, un patrimoine culturel vivant, partagé et célébré par tous les Martiniquais. La yole ronde est apparue entre le 17e et le 18e siècle pour répondre aux besoins des pêcheurs qui s’aventuraient de plus en plus au large. Ils avaient besoin d’un bateau rapide, léger et stable, pouvant résister aux eaux agitées de l’Atlantique et être facile à manœuvrer sur la plage. Sans lest ni dérive ni gouvernail et avec un faible tirant d’eau, la yole correspondait parfaitement à leurs attentes.
Une transmission orale de la construction et de la navigation
La navigation de la yole demande aux équipiers de la coordination, une grande agilité ainsi qu’un effort physique important. Sa construction se fait de tête, sans plan ni maquette. Elle est réservée à des artisans initiés et était autrefois le privilège des fils, neveux et cousins des charpentiers de marine, qui étaient pour la plupart également pêcheurs. Aujourd’hui, la transmission se fait toujours oralement par les charpentiers de marine, dans le cercle proche ou par compagnonnage.
Le sport le plus populaire de Martinique
Au fil des années, l’usage de la yole s’est déporté vers le transport, puis vers la régate. Les premières courses informelles ont lieu dans la seconde moitié du 19e siècle, sous forme de défis lancés entre marins-pêcheurs. Ce sont ces courses qui ont contribué à la sauvegarde de la yole, alors menacée de disparition par des embarcations plus modernes. Depuis, la yole est devenue un sport très populaire, indissociable de l’île.
Depuis les années 1980, plusieurs courses amicales sont organisées chaque année par la Fédération des yoles rondes de la Martinique. Le Tour des yoles rondes de Martinique, qui se tient depuis près de 40 ans, est l’événement sportif le plus populaire et le plus attendu de l’île. Une dizaine d’embarcations participent à cette compétition qui se déroule en plus ou moins sept étapes, réunissant habitants de l’île et visiteurs de passage. Véritable symbole de la Martinique, la « yole ronde de la Martinique : construction maritime et art de la navigation » a été incluse à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2017, puis sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco en 2020.
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