Dans les campings, les villages de vacances, les centres de loisirs ou les zones rurales isolées… cet été encore, la création artistique s’invite là où on ne l’attend pas forcément. Porté par le ministère de la Culture, l’Été culturel propose une programmation vivante et accessible, conçue pour toucher tous les publics, et en particulier ceux éloignés des lieux culturels traditionnels.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus de 30 000 personnes, dont 15 000 enfants et jeunes, ont ainsi partagé un moment avec un artiste : spectacle, atelier, résidence… autant de formes de rencontres, dans des cadres conviviaux et décontractés. Les campings sont à l’honneur pour cette édition 2025, avec de nombreux spectacles jeune public en itinérance. Mais l’action s’étend aussi aux résidences artistiques, implantées au cœur des vacances dans des structures à vocation sociale et solidaire.
Avec plus de 500 propositions culturelles, 700 artistes mobilisés et une enveloppe régionale de 1,3 million d’euros, l’Été culturel affirme son ambition : faire de l’art un bien commun, à portée de toutes et tous, sur l’ensemble du territoire. En rapprochant les artistes des lieux de vie, le dispositif favorise des échanges inattendus entre professionnels de la culture, vacanciers, familles, enfants, animateurs ou personnels soignants. Loin des salles de spectacle, l’art devient expérience partagée, catalyseur de lien social et de curiosité. Et les vacances deviennent une occasion de créer, découvrir et s’émouvoir ensemble. Voici quelques temps forts à ne pas manquer de cette saison pas comme les autres.
Une conférence dansée sur les déchets en escale dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône
Avec Rébut de détails, le duo Itinérances / Pôle 164 propose une conférence dansée hybride, mêlant théâtre, écologie et création chorégraphique.
Présentée dans les campings à Saint-Martin-de-Crau (13), Valensole (04) et Moustiers-Sainte-Marie (04), cette performance engagée est suivie d’ateliers de transformation d’objets du quotidien, d’improvisation et d’exploration du geste chorégraphique. L’objectif : éveiller les consciences tout en rendant l’art joyeusement accessible et poétique.
Photographie et territoire avec Manon Monchaux à Saint-Bonnet-en-Champsaur
La Communauté de communes Champsaur-Valgaudemar, en partenariat avec l’association Vivian Maier et le Champsaur, le centre social Planète Champsaur Valgo, le centre de loisirs Les Petits Dragons et l’ASCR Saint-Jean-Saint-Nicolas, propose une immersion dans la photographie contemporaine menée par Manon Monchaux.
À travers le projet Un miroir entre l’urbain et la ruralité, la photographe investit les paysages alpins, les refuges de montagne et les lieux de vie du territoire pour composer une œuvre visuelle mêlant introspection et exploration collective. Randonnées photographiques, ateliers, conférences participatives et création de carnets reliés mobilisent un large public, des enfants aux seniors, y compris les personnes en situation de handicap.
Restaurants, sentiers (comme celui de la Maison de la Botanique) ou café-théâtre L’Écrin des Artistes deviennent alors des espaces de médiation artistique où l’on questionne l’image, la mémoire et le regard porté sur le territoire.
Danse et théâtre pour raconter son territoire à Pontis, Saint-Sauveur et Eygliers
Avec le projet Traces en Mouvement, Histoires Partagées, la Compagnie Antipodes (chorégraphe Lisie Philip, comédienne Lucile Jourdan) investit plusieurs sites du Pays d’Art et d’Histoire en partenariat avec Euroscope, des centres de loisirs, centres sociaux, maisons de retraites et habitants volontaires.
Chaque semaine, un groupe intergénérationnel explore un site atypique, entre nature et patrimoine, pour y créer une performance alliant danse contemporaine, théâtre, écriture et expression corporelle. Le projet valorise les lieux de vie ruraux et les histoires locales, tout en tissant du lien entre les générations.
La robe à l'envers rend hommage à la première femme à courir le marathon de Boston dans les Alpes-Maritimes (06) et le Var (83)
Le collectif La Robe à l’Envers sillonne les campings des Alpes-Maritimes et du Var avec « Si j’arrête », un spectacle tout-terrain de théâtre-marionnette qui rend hommage à Kathrine Switzer, première femme à courir le marathon de Boston malgré l’interdiction.
Ce récit de résilience et d’émancipation est interprété par deux comédiennes et une marionnette, au cœur du public, avec des moments de participation active. En parallèle, des ateliers d'expression émotionnelle, de cohésion de groupe et de manipulation de marionnettes sont proposés pour renforcer l’expérience artistique et collective. Le projet, né d’une résidence en territoire, est conçu pour aller là où la culture ne va pas d’ordinaire, et toucher tous les publics, quels que soient leur âge ou leur parcours.
Les artistes Elena Bosco et Pénélope Hervouet et Elena Formantici feront escales dans trois campings : Les Rouges-Gorges à Guillaumes (06470), Les Roches Fines situé à Roquestéron (06910) et Le Domaine des Naïades domicilié à Grimaud (83310)
Un parc d’attractions littéraire : leLivrodrome installé au Camping municipal de Martigues
Autre temps fort de cet été culturel, le Livrodrome a fait escale au Camping de l’Arquet à Martigues. Véritable parc d’attractions littéraire, cet événement ludique et pédagogique a réuni plus de 800 personnes. Jeunes vacanciers, centres sociaux et maisons de quartier ont pu rencontrer auteurs et artistes comme Bertrand Puard ou Pauline Barzilaï, et participer à une quinzaine d’ateliers autour de l’écriture, de la BD, du livre numérique ou encore de la réalité virtuelle.
Grâce aux chèques livre distribués, une dynamique économique vertueuse a également été enclenchée, avec 90 % des 5 000 € investis convertis en achats dans les librairies partenaires.
Quand le hip-hop raconte Camus… à Draguignan (83)
La compagnie Métiss Arts initie le projet Camus est Hip-Hop, entre misère et soleil dans les centres de loisirs et le centre social Les Colettes à Draguignan.
Cette résidence mêle création chorégraphique, médiation culturelle et ateliers de danse hip-hop autour des valeurs d’égalité, de tolérance et de fraternité. Les enfants créent leur propre performance et les artistes développent leur spectacle au théâtre de l’Esplanade, dans un processus ouvert au public et participatif.
Cinéma coopératif avec le collectif Chuglu au Val et à Néoules, en Provence verte (83)
À l’initiative de la Communauté d’agglomération Provence Verte, le collectif marseillaisChuglu imagine Les arbres qui descendent de la montagne, en partenariat avec l’association BilboK et le centre social La Passerelle du Val d’Issole.
Les enfants deviennent les complices de jeunes arbres en quête d’aventure dans un film co-écrit, enrichi de sculptures et d’une performance poétique. Dans une atmosphère de bienveillance, le projet mêle travail de l’image, des sons et des objets pour parler d’écologie, d’imaginaire et de coopération avec créativité et légèreté.
Médias et théâtre contre les fakes news à Apt et à Cavaillon (84)
L’association Vélo Théâtre accueille le collectif L’Agonie du Palmier pour Cabale, un projet d’éducation aux médias en partenariat avec Le Village (structure d’insertion sociale) et le centre de loisirs Bosque.
Les participants adolescents d’Apt et adultes, en situation de précarité à Cavaillon, créent un journal sonore mêlant vraies et fausses informations. Ces contenus deviennent ensuite la matière d’un travail théâtral qui alimentera une future création prévue pour 2026. Restitution publique, séances d’écoute et rencontres artistiques ponctuent cette résidence exigeante et accessible.
Bédoin (84) – Théâtre visuel et récits d’identités avec la Cie Camous
Au pied du Mont Ventoux, le village vacances Les Florans affilié à l’UNAT accueille la Compagnie Camous pour Histoires d’ici ou d’ailleurs, une résidence portée par l’association Entre Pont.
Cette création mêle théâtre visuel, marionnettes, ombres, clown et récit poétique. Les artistes Laurie Camous et Dalila Brocart interrogent la mémoire, l’héritage et l’identité à travers leurs propres histoires, marquées par des migrations entre la France et l’Algérie.
Le public familial (4–18 ans et plus) est invité à fabriquer collectivement, à écrire, manipuler, jouer derrière le castelet. Ces ateliers favorisent expression de soi, cohésion et découverte artistique.Un temps de restitution est proposé en fin de résidence, sans obligation de se produire, dans un respect total du cheminement de chacun.
Ces projets illustrent la capacité de l’Été culturel à mobiliser les énergies locales : associations, artistes, structures sociales et socio-éducatives, collectivités, professionnels du livre… En investissant les lieux du quotidien : campings, centres de vacances, sentiers, cafés ou places de village, sans oublier ceux qui ne peuvent pas se déplacer en maisons de retraites et centres de soins la culture devient mobile, inclusive et vivante.
Cet événement national a aussi pour mission de soutenir les artistes, en particulier les jeunes talents, en leur offrant des occasions de se produire, de partager leurs créations et d’être justement rémunérés.
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