Une galerie contemporaine pour la cathédrale d'Angers

Pourquoi un ouvrage de protection du portail occidental ?

La cathédrale Saint-Maurice d’Angers écrit une nouvelle page de son histoire avec la construction d’une galerie contemporaine par l’architecte japonais Kengo Kuma en avant de la façade ouest.

Ce projet d’envergure, porté par le ministère de la Culture via sa Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) des Pays de la Loire, répond à une nécessité : il s’agit d’abriter des intempéries et du soleil les sculptures polychromées du 13^ème siècle qui ornent le portail médiéval et qui avaient fait l’objet d’une restauration à l’initiative de la DRAC en 2018. L’édification de cette galerie s’inscrit dans une recherche d’harmonie avec le patrimoine exceptionnel de la cathédrale, tout en offrant un dispositif adapté aux enjeux de préservation des monuments historiques.  

Un concours international remporté par Kengo Kuma

La DRAC Pays de la Loire a lancé un concours international en 2020, attirant des agences du monde entier. C’est finalement le projet de l’architecte de renommée internationale Kengo Kuma, et de son agence Kengo Kuma & Associates, qui a été retenu. Connue pour son approche sensible et respectueuse des contextes historiques, l’agence propose une galerie qui conjugue monumentalité gothique de la cathédrale et élégance contemporaine.

Rayonnement de la cathédrale d’Angers

Construite au 11ème siècle, la cathédrale d’Angers, du haut de la montée Saint Maurice, domine la ville par sa silhouette familière. Le parti-pris esthétique et culturel audacieux de la galerie qui viendra protéger les sculptures relève d’une architecture résolument contemporaine.  A l’endroit de la façade occidentale, la création de Kengo Kuma, à la fois respectueuse du caractère sacré et patrimonial du site, témoigne d’une grande recherche esthétique, et d’une volonté d’ouverture qui s’inscrit dans une démarche pleinement culturelle. A l’issue de ce projet, l’interaction inédite entre l’édifice religieux et le paysage urbain, entre passé et présent sera une fierté pour le territoire, et un terreau fertile pour le tourisme à l’échelon national et international.

Programme des travaux

Travaux réalisés

Une première campagne de fouilles archéologiques

La première campagne de fouilles archéologiques, à partir du printemps 2024 et d’une durée de 6 mois, s’est inscrite dans une démarche préventive. Elle a été financée par l’Etat – DRAC des Pays de Loire, qui a missionné l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) pour fouiller le parvis, en prévision de la construction du portail. Ce sont 182 tombes au total qui ont été découvertes, d'époques médiévale et moderne. Parmi celles-ci, certaines sépultures sont dans un état de conservation remarquable et abritent encore des objets significatifs, comme une bulle papale, ou des restes organiques.

Les fouilles ont également mis au jour des vestiges de la galerie médiévale, qui protégeait le portail du 13ème au début du 19^ème siècle, et qui a été détruite. Des emmarchements de la façade romane ont été découverts, ainsi qu’une voie médiévale. Cette première phase de fouilles a ainsi enrichi notre compréhension de la cathédrale et de son environnement. Enfin, À gauche du portail, contre les fondations de la cathédrale, une structure circulaire à la fonction énigmatique est apparue : il s’agit d’une fosse liée à un four à cloche qui daterait de l’époque moderne, et qui a servi à fabriquer plusieurs cloches de la cathédrale.

L’étape du prototypage 

Plusieurs prototypes ont été réalisés afin de s’assurer de la faisabilité technique de l’ouvrage, et de sa présentation matérielle (couleur, aspect, joints). En février dernier le prototype de l’archivolte a été présenté et validé par l’architecte et par la maîtrise d’ouvrage (DRAC), dans les locaux de l’usine de préfabrication Jousselin à Chazé-Henry. Cette étape a permis de passer à la production finale des 660 pièces, qui seront assemblées au printemps 2025, et qui vont constituer l’ouvrage, construit dans un béton de site (c’est-à-dire un béton travaillé à partir des matériaux du site). L’agence de Kengo Kuma a effectué des recherches importantes pour obtenir une tonalité du matériau qui soit en harmonie avec la pierre de l’édifice religieux. Le béton fibré à ultra haute performance (BFUP) sera quant à lui utilisé en couverture de l’ouvrage.

Travaux à venir

Les travaux ont démarré au mois de mars, par le forage des micropieux, et ils incluent une phase de fouilles archéologiques, rendue nécessaire par les découvertes faites en 2024.

Deuxième phase de fouilles archéologiques

Cette seconde campagne de fouilles archéologiques s’inscrit dans la continuité de la première, et se déroulera du 31 mars au 30 avril 2025. Elle a notamment pour objectif de fouiller des sépultures remontant au 10-12ème siècle. Les archéologues procéderont à leurs recherches entre le 7 et le 30 avril.

Les étapes marquantes du chantier

La réalisation des travaux à partir du printemps 2025 comporte la mise en place des éléments qui vont recevoir la structure. Celle-ci est préfabriquée dans les ateliers de l’entreprise Jousselin et amenée pièce à pièce. Elle sera construite de bas en haut par empilement de chacun des modules : installation des piedroits (voiles porteurs) des arcades, pose des archivoltes pour compléter l’arc, puis pose de la toiture. Ce chantier implique l’intervention de différents corps de métier, selon les catégories de travaux. S’agissant de patrimoine bâti, plusieurs d’entre eux relèvent des métiers d’art, comme par exemple les métalliers chargés de la fabrication des grilles.

La phase du chantier qui sera consacrée à l’installation des archivoltes (arcs décoratifs qui encadrent le tympan du portail) sera particulièrement spectaculaire, de même que l’installation des voiles tympans. La phase de travaux relatifs aux installations techniques, à l’automne 2025, permettra également de ménager des moments très visuels, en particulier lorsque le dispositif d’éclairage sera installé dans les 3 porches de la galerie contemporaine.

Il est à noter qu’en parallèle, la ville d’Angers a engagé la rénovation de la place Monseigneur- Chappoulie et des rues adjacentes, afin d’harmoniser le tissu urbain des abords avec la galerie nouvellement créée.

Etape finale

Ce programme de travaux permettra l’usage pour les fêtes de Noël 2025, avec un accès public qui sera assuré. La livraison du projet est prévue en janvier 2026, date à laquelle l’inauguration est programmée.

Un temps d’inauguration plus festif est envisagé au printemps 2026, la cathédrale Saint Maurice constituant un symbole fort de l'histoire de la ville d’Angers, qui bien sûr doit pouvoir remplir sa double fonction d'accueil des fidèles, des touristes et des amoureux du patrimoine.

Valorisation et médiation

L’Etat et l’ensemble des partenaires travaillent de concert pour communiquer sur les différentes phases de ce chantier exceptionnel, et des points presse seront fixés régulièrement. Des visites de chantier sont envisagées, ainsi que des actions d’éducation artistique et culturelle avec la Ville d’Angers, à destination des publics scolaires.