L'Obélisque de Louxor, plus ancien monument de Paris
Monolithe de granit sculpté, l'Obélisque de Louxor est érigé au centre de la place de la Concorde depuis 1836. Il a été offert en 1829 par l’Égypte en reconnaissance du travail du Français Jean-François Champollion pour le déchiffrement des hiéroglyphes, réalisé en 1822.
Obélisque avant et après restauration (©DRAC Île-de-France)
L’Obélisque de Paris se situe dans l’alignement parfait que constitue l’axe historique de Paris : du Louvre à l’Arche de la Défense en passant par le jardin des Tuileries, l’Arc de Triomphe et l’avenue des Champs-Élysées.
Le monolithe date du XIIIe siècle avant notre ère, mesure 23 mètres de hauteur et pèse 222 tonnes, auxquelles il faut ajouter les 240 tonnes du piédestal. Il est constitué d'un granit rose très pauvre en quartz (une syénite) provenant de Syène (l'actuel Assouan). Dans ces mêmes carrières, on a trouvé un obélisque inachevé. Il ornait, avec un autre obélisque toujours en place, l’entrée du temple de Louxor à Thèbes.
Les quatre côtés de l’Obélisque de la Condorde sont gravés de hiéroglyphes, scènes d’offrandes à la gloire de Ramsès II. Le sommet est surmonté d'un pyramidion, aussi pointu qu'étincelant, de 3,60 m de haut revêtu de bronze, d'une teinte proche de l'électrum employé dans l'ancienne Égypte. Ce revêtement, installé en mai 1998, sur proposition de l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt, est censé remplacer un précédent ornement sommital, emporté lors d'invasions en Égypte au VIe siècle.
Le piédestal de l'Obélisque est réalisé en cinq blocs de granit rose issus des carrières de l'Aber-Ildut, en Bretagne. Il a été conçu dans le cadre du réaménagement général de la place de la Concorde par Jacques Ignace Hittorff au XIXe siècle. Deux de ses faces montrent le prélèvement, le transport et le remontage de l'Obélisque, les deux autres portent une inscription rappelant le patronage du projet par Louis Philippe et faisant allusion à l'engagement égyptien de la France depuis Napoléon Ier.
Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte, offre à Charles X et à la France, en 1829, les deux obélisques érigés devant le temple de Louxor. Mais seul celui de droite (en regardant le temple) est abattu et transporté vers la France. Le président François Mitterrand annonça officiellement le 26 septembre 1981 que la France renonce définitivement à prendre possession du deuxième obélisque, resté sur place, restituant ainsi sa propriété à l'Égypte.
L'obélisque de Louxor restauré retrouve toute sa splendeur (©DRAC Île-de-France)
Les plans pour l'abattage sont établis par Armand Florimond Mimerel, ingénieur de la Marine. La révolution de 1830 faillit tout remettre en cause, mais Méhémet Ali confirme son don en novembre 1830. C'est Champollion qui est chargé par le roi de choisir le premier des deux obélisques qui devait rejoindre la France. Jean-François Champollion choisit le plus occidental, celui de droite en entrant dans le palais, le plus intéressant de son point de vue de par ses inscriptions, et l’autre étant fissuré.
Champollion est un spécialiste des langues anciennes auquel on doit, par l’étude de correspondances entre différentes écritures, notamment sur la pierre de Rosette, l’identification des hiéroglyphes en tant qu’écriture et leur déchiffrement en 1822.
Un navire, spécialement construit à cette fin, le Louxor, entreprend le périlleux voyage de Louxor à Paris. Le roi Louis Philippe décide de l'ériger au centre de la place de la Concorde à Paris. Il y remplace un monument en l'honneur de Louis XVI, décapité en ce même endroit lors de la Révolution française. Le choix d'un monument totalement étranger à l'histoire nationale était destiné à empêcher les querelles de mémoire et les tentatives d'appropriation de ce haut lieu de la Révolution française par telle ou telle faction. L'obélisque est érigé en grande pompe devant 200 000 personnes, le 25 octobre 1836, par l'ingénieur Apollinaire Lebas à l'aide de machines élévatrices et de gigantesques cabestans, véritable prouesse technique.
Une restauration minutieuse de janvier à juin 2022
L’Obélisque de Louxor est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 13 avril 1937. Le monument est propriété de l’État français et affecté à la DRAC Île-de-France (service déconcentré du ministère de la Culture placé sous l'autorité du préfet de région), qui a notamment pour mission la conservation, la restauration et la valorisation du patrimoine francilien protégé (4 000 édifices et 18 000 objets mobiliers). A ce titre, les travaux de restauration sont réalisés sous la maîtrise d’ouvrage de la DRAC (Conservation régionale des monuments historiques) et la maîtrise d’œuvre de l’architecte en chef des monuments historiques (François Chatillon).
L'obélisque de Louxor se cache derrière l'échafaudage (©DRAC Île-de-France)
Le chantier a débuté mi-novembre 2021 par l'installation des échafaudages et débutera en janvier 2022 mais il fait l'objet de préparatifs depuis plus d'une année avec le mécène Kärcher et les équipes du ministère de la Culture, afin d'élaborer les protocoles adéquats de restauration. Durant cette phase préparatoire, des tests de nettoyage du monolithe, du piédestal et du socle ont été organisés, sous le contrôle du Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). Plusieurs méthodes ont été testées, dans le respect d'un protocole consistant à valider l'innocuité des technologies proposées par Kärcher, examiner la rugosité post-nettoyage par scan 3D et comparer l'état de surface du granit avec un échantillon de granit sain d'Assouan. Les analyses du LRMH ont conclu à l'utilisation de deux méthodes différenciées : la vapeur chaude pour le socle et le piédestal, le micro-sablage pour le monolithe
Suivi scientifique par le LRMH (©DRAC Île-de-France)
L’opération comprend la restauration du monolithe, de son piédestal, de son podium et de la grille de clôture. Elle intègre une phase de consolidation des zones desquamées du monolithe et un nettoyage adapté aux différents matériaux composant le monument :
- révision et réparation des feuilles d’or du pyramidion
- micro-sablage à basse pression pour le monolithe
- vapeur d’eau et éponge pour le piédestal
- éponge pour les décors gravés et dorée
- vapeur d’eau et micro-sablage pour le podium
Consolidation et nettoyage du monolithe (©DRAC Île-de-France)
La présentation du podium sera améliorée par la reprise des joints et le goujonnage de la pierre formant bordure extérieure . La grille et les portillons font l’objet d’une révision et d’une reprise des peintures et la pointe manquante sur la grille sera restituée. Les restaurateurs permettront un rendu homogène de l’ensemble et reprendront les parties dorées à la feuille d’or.
Dorures du piédestal et du pyramidion (©DRAC Île-de-France)
La bâche et les palissades de chantier décorées par un jeune artiste diplômé des Beaux-Arts de Paris
Dans le cadre de la convention de mécénat avec Kärcher, un partenariat a été noué avec l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, qui a permis de lancer un appel à projet auprès des étudiants et diplômés de l'école. Un jury, composé de représentants du ministère de la Culture, des Beaux-Arts de Paris, du musée du Louvre, de l'architecte en chef des monuments historiques et de l'entreprise mécène s'est réuni à la DRAC Île-de-France le 29 novembre. Parmi les 11 candidatures reçues, 3 artistes ont été sélectionnés et leur projet soumis à la ministre de la Culture.
L'artiste retenu est Jonathan SOBEL, diplômé de l'école en 2021. Sa proposition, visible depuis le 24 décembre, est un monolithe jaune (soleil égyptien) et gris (ciel parisien) présentant les effigies de Ramsès II (1304-1213 avant J.-C.), Méhémet Ali (1769-1849), Charles X (1757-1836) et Jean-François Champollion (1790-1832), quatre grands hommes liés à la création et la destinée du monument, comme sérigraphiés dans une matière révélant à l’observateur attentif des formes et caractères qui sont autant d’indices de cette histoire.
La bâche devait refléter l’histoire du monument et son caractère universel en rendant hommage à Champollion et au déchiffrement des hiéroglyphes, dont le bicentenaire est célébré en 2022. Elle s’intègre avec harmonie à l’architecture de la place de la Concorde tout en tenant compte des dimensions de l’échafaudage et en respectant les règles techniques en termes de sécurité.
Installation de la bâche décorative (©DRAC Île-de-France)
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Photos presse à télécharger ©dr
Revue de presse
Ouest France du 9 janvier 2022
Le Parisien du 23 janvier 2022
France Culture du 29 janvier 2022
Reportages télé
TF1 Grand format du JT de 20h du 11 janvier 2022
France 2 Grand angle JT de 20h du 28 janvier 2022
M6 Info sur Facebook du 31 janvier 2022
Podcast
France Inter du 9 décembre 2021
Radio France International du 13 décembre 2021
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