Une cathédrale aux enjeux monumentaux
La Cathédrale Saint-Pierre est unique en son genre : en plus de son patrimoine gothique remarquable et de sa hauteur sous voûte inégalée, elle est surtout réputée pour être inachevée. C’est en raison de cette dernière caractéristique que l’édifice a présenté par le passé des fragilités structurelles, nécessitant en 1993 la pose d’étais traversants de part et d’autre la nef de la cathédrale.
« Il faut imaginer que la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris pourrait se glisser sous la voûte de la cathédrale de Beauvais », rappelle Régis Martin, Architecte en chef des monuments historiques et maître d’œuvre du chantier.
Par un principe combiné "tirants-butons", ces immenses poutres permettaient d’empêcher les piliers de la cathédrale de trop se rapprocher et de s’effondrer sur eux-mêmes (effet des butons), mais également de trop s’éloigner (effet des tirants). Un véritable travail d’équilibriste, qui a fait ses preuves au long cours.
En parallèle de ce soutien, de nombreux travaux de sécurisation ont été menés par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France depuis plusieurs années, notamment au niveau de la charpente, pour rééquilibrer durablement la structure et pouvoir se passer des étaiements.
Un travail véritable d’orfèvre en jeu
C’est chose faite : les étaiements sont devenus inutiles, la cathédrale étant désormais parfaitement stable par elle-même.
Commence alors une nouvelle phase du chantier entamée début mars 2025, à savoir la dépose des poutres après plus de 30 ans à arpenter les hauteurs de l’édifice. Pour ce faire, les dispositifs devront être progressivement desserrés, de façon échelonnée, jusqu’à pouvoir retrouver à l’horizon 2028 la cathédrale Saint-Pierre dans toute son authenticité, voire la découvrir sous un nouveau jour pour toute une génération d’habitants et d'habitantes.
L’opération de desserrage relève d’un travail d’orfèvre, nécessitant la fermeture au public pour garantir aux artisans les meilleures conditions de réalisation. « C’était un moment crucial puisque c’est le moment de vérité, celui où on retire la dernière cale, du dernier étais, qui permet de retrouver l’équilibre général de l’édifice » précise Régis Martin, Architecte en chef des monuments historiques. Une période de surveillance de trois mois succède à ce premier desserrage, permise par de nombreux appareils enregistrant et évaluant les réactions de l’édifice.
Des monuments pas si figés dans le temps
Les cathédrales ne sont pas des édifices statiques : la cathédrale Saint-Pierre respire, et connaît d’infimes mouvements, notamment selon les saisons. Le rôle des travaux est de s’assurer que la structure retrouve ces mouvements dans les proportions attendues, ce qui est désormais le cas grâce aux nombreux travaux de consolidation effectués.
D’ici 2028, il sera de nouveau possible d’admirer cette hauteur sous voûte, unique en Europe, sans obstacle.
En attendant vous pouvez suivre les différentes phases de restauration de la Cathédrale avec la série "Une nouvelle ère pour Beauvais", mais également profiter des nombreuses festivités à venir en cette année d'anniversaire des 800 ans de la cathédrale :
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