Du 6 au 8 juin 2025, le ministère de la Culture donne « Rendez-vous aux jardins ». Des milliers de parcs et jardins ouvrent leurs portes pour découvrir notre patrimoine vert et ceux qui en prennent soin. Pour cette 22e édition, la thématique « Jardins de pierre – Pierres de jardins » est à l’honneur.
En Hauts-de-France, 200 événements rythment les Rendez-vous aux jardins, et mettent en lumière la diversité des jardins de la région, la richesse d’espèces végétales, de savoir-faire, d’histoires locales, d’ambiances paysagères variées et d’expériences sensorielles uniques, invitant à la découverte d’un patrimoine vivant et inspirant.
Pour Sandrine Platerier, chargée de la protection des Monuments historiques, correspondante Villes et Pays d’Art et d’Histoire et correspondante Jardins à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Hauts-de-France, les Rendez-vous aux jardins sont aussi l'occasion de mettre en lumière le travail sans faille des jardiniers et jardinières, ces mains expertes qui « participent à l’équilibre délicat entre nature et culture, permettant aux jardins de révéler toute leur beauté et leur histoire ». Entretien.
Qu’est-ce qui rend les Rendez-vous aux jardins si uniques dans les Hauts-de-France ?
Sandrine Platerier : Les Rendez-vous aux jardins marquent, pour notre région, le début d’une saison culturelle et patrimoniale particulièrement foisonnante. Cet événement national invite à la contemplation, à la flânerie, à la découverte ou à la redécouverte de notre patrimoine paysager.
En Hauts-de-France, il révèle toute la richesse et la diversité de nos jardins. Des vastes parcs paysagers aux jardins plus modestes, des jardins d'artistes aux collections botaniques, des jardins historiques aux jardins plus contemporains, c’est toujours une invitation à ralentir, à observer, à sentir, à habiter autrement notre territoire. Chaque année, les Rendez-vous aux jardins ouvrent en douceur la saison estivale, juste avant la Fête de la musique : une belle manière d’entrer dans la saison en prenant le temps, en explorant les secrets des jardins et en s’y aventurant, décelant chaque recoin inattendu.
Le thème 2025, « Jardins de pierres, pierres de jardins », résonne particulièrement bien ici, où les jardins dialoguent souvent avec des édifices protégés ou des vestiges historiques, et mettent en valeur le lien étroit entre végétal et minéral, les liens subtils entre l’architecture et la nature, du bâti au vivant.
Mais ce patrimoine ne serait rien sans les jardiniers, véritables artisans du lieu, dont les gestes minutieux et attentionnés façonnent chaque jour ces espaces. Ils ouvrent les jardins, entretiennent au quotidien les massifs, défanent les roses, taillent les buis avec patience et savoir-faire. Ces mains expertes participent à l’équilibre délicat entre nature et culture, permettant aux jardins de révéler toute leur beauté et leur histoire. Ils accueillent les visiteurs avec enthousiasme et ont à cœur la transmission de leur savoir.
En Hauts-de-France, 32 jardins sont labellisés « Jardins remarquables ». Quel est le rôle de ce label dans la valorisation du patrimoine vert de la région ?
Sandrine Platerier : Le label « Jardin remarquable », attribué par le ministère de la Culture, constitue un formidable levier de reconnaissance et de valorisation. Il distingue des jardins qui conjuguent intérêt botanique et/ou historique, composition paysagère, entretien de qualité et ouverture au public. En Hauts-de-France, ce label concerne plus d’une trentaine de jardins, témoignant du dynamisme des propriétaires, publics comme privés, qui s’engagent pour la transmission de ce patrimoine vivant. Grâce au label « Jardin remarquable », ces lieux deviennent non seulement des espaces à contempler, mais aussi à explorer et à vivre pleinement.
Pour cette 22e édition des Rendez-vous aux jardins, plusieurs « Jardins remarquables » proposent une programmation originale. C’est par exemple le cas des Jardins de Valloires à Argoules, qui accueillent une veillée du patrimoine aux airs de déambulation théâtrale. À Bailleul, le Conservatoire botanique national invite à une journée de découverte autour des plantes sauvages, tandis que le domaine de Chantilly permet de flâner entre perspectives classiques et ambiance romantique. D’autres sites comme Reflets de jardin à Penin, le parc du Louvre-Lens ou encore le domaine de Rambures et son incomparable roseraie, illustrent parfaitement la richesse et la diversité du patrimoine vert régional.
Quels projets régionaux se distinguent cette année autour du thème « Jardins de pierres, pierres de jardins » ?
Sandrine Platerier : En Hauts-de-France, plusieurs projets ont su s’approprier cette thématique avec originalité. Qu’il s’agisse d’interpréter la pierre comme matière sculptée, comme mémoire bâtie ou comme support d’installation artistique, les propositions sont aussi variées que sensibles. Je pense notamment aux nombreux châteaux de la région, où les jardins dialoguent avec les façades ou les ruines, dans une mise en scène à la fois patrimoniale et végétale. Les remparts, loin d’être de simples vestiges, sont ici envisagés comme des composantes à part entière des paysages. Ils abritent une faune et une flore spécifiques, parfois rares, et deviennent des milieux écologiques à protéger autant que des témoins historiques à valoriser.
On en trouve un bel exemple à Château-Thierry, avec le jardin Jacopin, adossé aux vestiges médiévaux. À Esquelbecq, le jardin du château, remarquable par ses buis taillés et fruitiers centenaires, prolonge l’art de vivre flamand. À Morvillers-Saint-Saturnin, le parc du château de Digeon fait coexister jardin à l’anglaise, potager et arbres majestueux dans un décor intime, tandis que le château d’Hardelot, lui, met en avant une certaine sensibilisation à l’environnement et à la biodiversité. D’autres sites offrent une lecture tout aussi inventive du thème : le jardin du Familistère de Guise fait dialoguer nature et mémoire grâce à ses fontaines symboliques et au mausolée de Godin. À Cambrai, le jardin public devient un espace narratif peuplé de légendes et de sculptures, tandis qu’à Dunkerque, le jardin de sculptures du LAAC mêle végétal et art contemporain dans un paysage inspiré par le vent et les dunes. Le domaine de Chaalis et ses ruines gothiques ou encore le parc rocaille de la Roseraie de Sains-en-Amiénois complètent cette programmation riche.
Tous ces projets, à leur manière, traduisent l’imagination et l’engagement des acteurs et actrices du territoire pour faire du jardin un lieu de culture, de découverte et d’expérience sensorielle.
Pour en savoir plus sur la programmation en Hauts-de-France, consultez la carte interactive des Rendez-vous aux jardins 2025.
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