Suite à la prescription du Service régional de l'archéologie (SRA) de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes (DRAC ARA), une fouille préventive a démarré en février 2025.
Située à l'emplacement de l’ancien ossuaire, l'opération dirigée par le Service archéologique de la Ville de Lyon (SAVL) a révélé des vestiges exceptionnels enrichissant les connaissances archéologiques de la cité Lugdunum à l’époque antique.
Des vestiges d’exception
Durant l’Antiquité, la colline de Fourvière est le cœur administratif et financier de la cité Lugdunum. De fait, de nombreux vestiges antiques déjà découverts depuis plus d’un siècle ont confirmé cette spécificité. Le théâtre et l’odéon ne sont qu’à un jet de pierre du cimetière de Loyasse, ou encore les thermes monumentaux place Abbé Larue.
Tout ceci augurait donc une fouille prometteuse et les résultats d’aujourd’hui sont à la hauteur des attentes des spécialistes. En effet, les archéologues du
SAVL
ont mis au jour les vestiges d’une enceinte avec une porte monumentale marquant l’entrée de Lugdunum, associée à une vaste voie dallée remarquablement conservée.
Cette découverte fait suite à une opération archéologique également menée par le
SAVL
en 2023 à l’emplacement du futur ossuaire du cimetière. Cette fouille avait révélé les fondations d’enceintes antique et médiévale.
Construite au milieu du Ier siècle de notre ère, la porte monumentale composée d’une tour d’un diamètre de 8 mètres, est traversée par un passage pour les piétons et un autre pour les charrettes.
Au droit de cet édifice, une chaussée dallée mise au jour est remarquablement conservée. Elle se compose de dalles de granite massives solidement ancrée dans un radier maçonné afin de compenser la pente naturelle de la colline et d’asseoir le virage qu’elle amorce en descendant vers le quartier de Vaise. Le mobilier archéologique découvert en place a permis de dater l’ensemble du milieu du Ier siècle de notre ère.
Cette entrée monumentale associée à la voie dallée constitue le flanc septentrional de la cité antique qui ouvrait sur la voie dite de l’Océan, en direction de la Manche.
Un témoignage de la bataille de Lyon (197)
Un fossé coupant la voie dallée a été observé lors de l’intervention archéologique. Sa position stratigraphique, associée au matériel archéologique piégé dans le sédiment, a permis d’établir une datation entre les IIe et IIIe siècle de notre ère. Cet ouvrage, seul témoignage archéologique actuel de la bataille de Lyon, pourrait correspondre à un aménagement défensif creusé pour défendre l’entrée à la cité par Clodius Albinus afin d’empêcher les troupes de Septime Sévère de pénétrer dans la ville. En effet, entre 195 et 197, Septime Sévère et Clodius Albinus s’opposent au sujet de la succession au trône d’empereur. La sanglante discorde se solde par la victoire de Septime Sévère qui, pour punir les Lyonnais de leur soutien à Clodius Albinus, autorise ses troupes à saccager la ville.
Cette découverte constitue le seul témoignage archéologique actuel de cette bataille de Lyon.
Enfin, la voie disparaît du paysage en servant d’espace dépotoir daté de la fin du IIIe siècle de notre ère.
L’opération archéologique au cimetière de Loyasse a permis de révéler de somptueux vestiges antiques enrichissant l’histoire de Lyon. Devant le caractère exceptionnel de ces découvertes, la Ville de Lyon a décidé de les conserver en les ré-enfouissant pour les préserver, tout en poursuivant le chantier d’aménagement du cimetière.
Une étude est en cours pour la valorisation future de ces vestiges.
Aménagement : Ville de Lyon
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Service archéologique de la Ville de Lyon
Responsable scientifique : Cyrille Ducourthial, SAVL
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