Le site archéologique de Saint-Romain-en-Gal
L’antique colonie romaine de Vienna, fondée dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C., occupait le territoire qui, aujourd’hui, est partagé entre trois communes (Saint-Romain-en-Gal, Sainte-Colombe et Vienne) et deux départements (l’Isère et le Rhône). Les récentes fouilles d’archéologie préventive entreprises par Archeodunum dans la commune de Sainte-Colombe entre 2016 et 2018 montrent bien l’extension de la ville romaine au sud de la rive droite.
L’actuelle ville de Vienne conserve dans son tracé urbain les marques du passé romain, avec des vestiges imposants, comme le temple d’Auguste et Livie, le théâtre, l’Odéon ou la spina du cirque, alors que le quartier de la Plaine à Saint-Romain-en-Gal était, jusqu’au milieu du siècle dernier, dépourvu de vestiges monumentaux.
Sur la rive droite du fleuve, une importante quantité de mosaïques a été mise au jour, mais les seuls vestiges en élévation étaient et sont encore ceux du palais du Miroir : cet édifice, classé monument historique en 1840, n’a jamais fait l’objet de fouilles stratigraphiques. Il est interprété comme un grand complexe thermal équipé d’un réseau de tunnels partiellement explorés.
Depuis sa découverte, le site a fait l’objet de nombreuses fouilles archéologiques qui ont permis d’accroître les connaissances relatives à ce quartier de la Vienna romaine. L’équipe archéologique départementale (1981-2012) a entrepris des fouilles programmées afin d’assurer la formation d’étudiants en archéologie des universités françaises.
Des fouilles qui alimentent nos connaissance sur l'histoire de la cité
Lors de la campagne 2025, archéologues et étudiants ont exploré d’emblématiques quartiers antiques sous le regard des visiteurs du site.
Ce fut une session de fouille riches en découvertes. En effet, dans le secteur dénommé « zone ouest », un mausolée de forme circulaire a été mis au jour : érigé aux alentours de 50 ap. J.-C., d’un diamètre intérieur de 15 m, il devait s’élever à plus de 6 m de haut pour être visible par tous ceux transitant ou arrivant dans la colonie romaine de Vienna, notamment depuis le Rhône. Cette singularité architecturale rappelle le mausolée d’Auguste (27 av J.-C – 14 ap. J.-C), à Rome, appuyant ainsi le fait que ce monument était dédié à un membre élitaire, lié au pouvoir impérial.
Dans le secteur dit « zone ouest », trois boutiques datées des Ier-IIe siècle ap. J.-C ont été exhumées. Elles appartiennent à un édifice commercial comptant au moins huit commerces et ouvrant sur un portique qui abritait les clients des intempéries. Ce vaste bâtiment à destination commerciale avait été identifié en 1989 et 1990 lors de la création du musée et de son parc.
La fouille réalisée cet été a montré que ce complexe économique fut détruit par un incendie, lequel a paradoxalement préservé les structures artisanales en bois calciné. Deux boutiques dotées d’un bassin étaient manifestement occupées par des foulons, activité consistant à laver les étoffes de laine en les foulant au pied, au premier rang desquelles la toge blanche que les citoyens portaient durant leurs activités civiques. Une troisième échoppe équipée d’un four, de verrier ou à vocation culinaire, a été mise au jour.
La qualité des vestiges et du mobilier associé (vases, amphores, céramiques, aiguilles, tablette à écrire), alliée à la diversité des activités artisanales observées, précisent l’activité économique de ce quartier de l’antique Vienna.
Les fouilles conduites en collaboration avec les universités d’Aix-Marseille, Marie-et-Louis-Pasteur à Besançon et le CNRS se poursuivront lors des étés 2026 et 2027.
Elles permettront de répondre aux nombreuses questions suscitées par ces nouvelles découvertes archéologiques sur le site de Saint-Romain-en-Gal.
Aménagement : Département du Rhône
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (DRAC Auvergne Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal
Responsables scientifiques : Giulia Ciucci, Benjamin Clément et Émilie Alonso
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