3.Beaufort (Savoie) : maison forte dite maison Blanc
La maison forte dite maison Blanc est un rare exemple de maison privée bourgeoise savoyard ayant eu un usage public et dont les éléments architecturaux de décoratifs principaux ont été conservés.
- XIVe-XVIIIe siècles -
inscription au titre des monuments historiques le 25 janvier 2022 de la maison forte dite maison Blanc avec sa parcelle.
© F. de Peyronnet-Dryden DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Les origines de la « maison-forte » du quartier des tours sont méconnues ; peut-être s’agit-il à l’origine d’une possession de l’archevêque de Tarentaise. Située dans le « quartier des tours », appelé ainsi en raison de l’existence de nombreuses maisons bourgeoises munies de tours, signes de leurs privilèges anciens, elle est à partir du XVIIIe siècle la propriété de notaires, la famille Blanc, qui y effectue des travaux d’aménagement, notamment en reliant deux maisons indépendantes à l’origine pour en faire une seule bâtisse.
Le représentant le plus célèbre de cette famille est Pierre Blanc (1806-1896), surnommé « le vieil Allobroge », qui siègera au parlement sarde et ensuite sera député de la Savoie à la Chambre des députés française. Il est l’ancêtre du propriétaire actuel.
L’édifice est construit sur un axe nord-ouest / sud-est, parallèlement à la pente, l’accès principal s’effectuant au pied d’une tour.
Il est entouré de l’église Saint-Maxime et d’autres maisons anciennes, et est bordé d’un petit jardin d’agrément en terrasses, au sud-est, ainsi que de deux autres terrasses formant jardin. La poutre faîtière de la charpente conserve encore inscrite la date de 1756.
Le bâtiment, dont le sous-sol est quasiment entièrement constitué de caves anciennes taillées dans la roche, est structuré en trois parties :
- une partie rectangulaire au sud-est de l’ensemble, sans doute la plus ancienne, sur le dénivelé de la pente : cette partie semble être restée telle quelle depuis son acquisition au XVIIIe siècle, mêlant l’architecture d’origine et des consolidations ou modifications effectuées suite à une série d’incendies (fin XVIIe-début XVIIIe siècle). On y trouve un escalier ancien de belles dimensions, voûté d’arêtes soignées, et d’anciennes ouvertures au chambranle enduit avec de la greïa. Cette partie mériterait une étude archéologique ;
- le corps du bâtiment central auquel est accolée la tour, s’inspirant du modèle seigneurial, qui comporte un escalier hélicoïdal : les intérieurs ont été remaniés en plusieurs endroits, ils conservent cependant quelques éléments intéressants (plafonds comportant pour partie des voûtes d’arêtes à la sarde, boiseries, trumeaux, ferronneries de qualité). Dans cette partie se trouvent notamment l’ancienne étude de notaire avec le placard original du XVIIIe siècle, et le grand salon, comportant des boiseries, des papiers peints et des dessus de portes (grisailles) originaux ;
- une petite extension d’une simple travée à l’angle nord datant du XVIIIe siècle et reliée au corps précédent, comportant essentiellement des chambres à coucher.
Cette maison, lieu d’activité juridique et d’autorité judiciaire, et dont en témoignent encore les espaces intérieurs, représente d’une manière typique la réussite d’une famille de notables beaufortains aux XVIIIe et XIXe siècles et en est un rare exemple qui soit resté conservé.
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