Avignon - Lycée agricole François Pétrarque
- département : Vaucluse
- commune : Avignon
- appellation : Lycée agricole François Pétrarque
- adresse : Montfavet, route de Marseille
- auteurs : Roland BECHMANN, Pierre BISCOP, Charles ANDRE, François GIRARD (architectes)
- date : 1966-1969
- protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 16 novembre 1989
- label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001
Le lycée François Pétrarque a été construit de 1966 à 1969 à la périphérie est de la ville d’Avignon, au lieu-dit Cantarel, dans une zone alors essentiellement agricole, sur un terrain plat souvent balayé par le mistral, ponctué de haies d’arbres coupe-vent délimité au nord par la RN 7. L’établissement était réservé aux jeunes gens et jeunes filles qui se destinaient aux carrières du monde agricole alors en plein essor dans le Comtat Venaissin.
Edgar Pisani, ministre de l’agriculture, charge l’architecte Roland Bechmann de la conception du complexe, dont le programme devra comprendre des salles de classe et laboratoires, des bâtiments d’internat accompagnés d’une infirmerie et d’un réfectoire, mais aussi un ensemble socioculturel et sportif destiné à recevoir un public étranger à l’établissement, l’ouvrant ainsi au monde extérieur. Le programme est nettement plus avancé que celui des constructions contemporaines de l’Éducation Nationale. Nettement plus avancée également la conception architecturale résolument moderne, empreinte de "brutalisme" tant dans l’agencement du plan et le jeu des volumes que dans le traitement de surface, traduisant ainsi la liberté étonnante laissée au maître d’oeuvre.
Roland Bechmann associe à la réalisation son collaborateur François Girard, Pierre Biscop et Charles André, architectes avignonnais, assurant le suivi de l’opération. Le 1% du budget de la construction réservé à une oeuvre d’art se traduit par le décor polychrome du sculpteur S. Guillou, associé au céramiste L. Mélano, dérobant au mistral l’entrée principale. La destination agricole de l’édifice est affirmée par le bas relief en ciment moulé, réduction d’un dessin d’origine d’H. Guastalla. Il présente le plan du lycée au milieu d’un foisonnement végétal et animalier qui n’est pas sans évoquer les peintures gothiques de la chambre du Cerf au palais des papes d’Avignon.
Architecte, historien et chercheur, mais également écrivain (L’Arbre du ciel) et auteur de cédérom (Le Carnet de Villard de Honnecourt), Roland Bechmann, après des études d’histoire à la Sorbonne et d’architecture aux Beaux-Arts, dont il sort diplomé en 1944, exerce tout d’abord avec son père Lucien Bechmann. À partir de 1950, il crée son Atelier d’Aménagement et d’Architecture (AAA). Le souci d’intégrer l’architecture dans son environnement naturel guide ses réalisations et l’amène à fonder en 1965 la revue Aménagement et Nature. Sa production variée –maisons individuelles, maisons transportables, immeubles collectifs, banques, constructions industrielles, équipements intérieurs – est toujours conduite par la recherche de la fonctionnalité et la mise à profit des contraintes et de l’environnement.
On soulignera sa participation active à la résistance du Vercors en 1943-1944.
S’écartant de la composition académique traditionnelle, axée et symétrique, et de la typologie "moderne" des barres alors en faveur dans les constructions scolaires et universitaires, le plan en ailes de moulin distribue les fonctions spécifiques autour d’un noyau central affecté aux services généraux et à l’accueil, passage quasi obligé pour se rendre dans les classes, les réfectoires, les unités d’habitation et le gymnase. Au nord, reliées par un couloir central, les salles d’étude s’ouvrent sur de petits patios protégés, fermant leurs murs extérieurs au vent. À l’ouest, sur pilotis, l’internat des étudiants présente au soleil ses trois niveaux de balcons éclairant d’étroites chambres. Au sud c’est l’internat des petits, dont les pièces sont protégées d’une trop forte lumière par des brise-soleil de béton moulé préfabriqués parfaitement adaptés à l’orientation des locaux. À l’est le gymnase et le centre socioculturel sont accompagnés d’un amphithéâtre à hublots coulissant sur le ciel et dont le fond pouvait s’ouvrir sur le paysage, accueillant aussi bien les lycéens que le public extérieur. La présence de patios internes plantés d’essences diverses dans le noyau central et dans le centre socioculturel, l’utilisation du toit terrasse, la construction de l’internat sur pilotis, le traitement en béton brut des surfaces tant internes qu’externes, font référence aux formules mises au point par Le Corbusier, notamment au monastère de la Tourette. On signalera particulièrement les multiples escaliers en béton animant le nu des murs et les gargouilles, tels de monumentales sculptures.
- Rédacteur : Martine Audibert, drac paca crmh, 2001
- Source : Fonds R. Bechmann, Institut Français d’Architecture
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