Marseille 7e - Notre-Dame du Roucas Blanc
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Marseille
- appellation : Notre-Dame du Roucas Blanc
- adresse : 341 chemin du Roucas Blanc
- auteur : Pierre GENTON (architecte)
- date : 1961-1963
- protection : édifice non protégé
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 28 novembre 2000
Ce complexe religieux a été réalisé sur le site d'une ancienne bastide du XIXe siècle, adossée à une colline qui domine la mer, et qui a été conservée et intégrée dans le projet. Les commanditaires, les pères jésuites de Marseille, ont défini un programme permettant d'accueillir les futures prêtres, mais aussi des religieux et des laïcs à la recherche d'un lieu de retraite. En 1987, le centre fut légué à la Communauté du Chemin Neuf. Il garde pour l'essentiel sa vocation première et développe des formations chrétiennes.
Pierre Genton a été formé à Paris à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. En 1947, il étudie dans l'atelier d’ Auguste Perret et travaille simultanément dans l'agence de Le Corbusier sur le projet de l'Unité d'habitation de Marseille. Il soutient son diplôme en 1953 sur la base d'une commande réelle, l'église votive du corps expéditionnaire au Vietnam (léproserie de Djiring, inachevée). A partir de 1953, il s'installe à Lyon et acquiert une notoriété notamment dans la réalisation de programmes religieux tels que les églises de Bron-les-Essarts (1961), de Balmont-la-Duchère à Lyon (1964), de La Grand-Croix (1965), de Sainte-Marie aux Mines (1965) ; les centres paroissiaux de Notre-Dame Espérance à Villeurbanne (1964) et Illfurth (1964), le monastère de la Visitation à Vaugneray (1966) et le couvent Saint-Joseph à Aubenas (1965).
De facture résolument moderne, cet ensemble architectural fut réalisé dans cette période où les commandes de l'église catholique s'ouvrirent à l'art d'avant-garde, à l'initiative des révérends pères Régamey et Couturier. Comme pour l'église Notre-Dame de Balmont, l'architecte base sa composition sur un contraste affirmant la hiérarchie symbolique entre deux formes qui ont entre elles un rapport de figure et de fond. Le fond, c'est l'ensemble des services communs et des unités de résidence qui se développe depuis la bastide existante selon un axe adossé à la colline, et qui s'infléchit pour respecter la topographie des lieux. Lové dans la roche, cet ensemble définit l'écrin de la figure, un prisme allongé aux allures de pyramide inclinée, dont le mouvement dynamique simule un élancement vers le ciel (la "tente de la rencontre" évoquée dans l'ancien testament ?). A l'intérieur de ce volume qui abrite essentiellement la chapelle principale, cet élancement est réaffirmé, derrière l'autel, par une très grande fente verticale, un vitrail en pointe de flèche. L'esthétique générale, d'esprit brutaliste, associe le béton brut de décoffrage à des remplissages en briques jointoyées laissées apparentes. Les façades des unités de services et de chambres jouent du rapport entre la répétitivité d'un rythme vertical modulaire et la plastique horizontale de brise-soleils, en béton préfabriqué, projetés en avant et comme suspendus. La pureté du volume prismatique de la chapelle est renforcée par le choix constructif et plastique de voiles en béton (celui de la toiture est précontraint pour résoudre les problèmes d'étanchéité).
- Rédacteur : Jean-Lucien Bonillo, ensa Marseille, 2002
- Source : 20 monuments du XXème siècle, exposition patrimoine moderne en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, eaml, 2002
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