Seul le prononcé fait foi
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui à la Paris Games Week.
J’y tiens beaucoup parce que le jeu vidéo, c’est une pratique culturelle qui compte pour les Français.
Je sais bien qu’on entend encore trop souvent des propos condescendants, qui rappellent d’ailleurs ce qui peut se dire encore sur le rap ou la BD.
La réalité, ce sont 38 millions de Français qui jouent.
Ce sont nos enfants bien sûr, avec la quasi-totalité des moins de 25 ans qui pratiquent, et même tous les jours pour un quart d’entre eux.
Ce sont les femmes aussi, puisque la moitié des joueurs sont des joueuses.
Bref : on joue aux jeux vidéo partout, à tous les âges et dans tous les milieux.
Et le jeu vidéo, c’est aussi une filière d’excellence, une filière d’avenir qui s’appuie sur des créateurs et des créatrices extraordinaires.
Une filière qui crée des emplois sur tout le territoire, et 60% hors d’Île-de-France.
Le jeu vidéo occupe une place toujours plus importante dans le quotidien des Français et dans notre vie culturelle, et le ministère de la Culture est en première ligne pour vous soutenir.
D’abord avec le Fonds d’aide au jeu vidéo du CNC, les prêts de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, les investissements en fonds propres de Bpifrance, les aides des régions ou encore le plan France 2030.
Et puis, bien sûr, avec le crédit d’impôt pour le jeu vidéo, qui est la colonne vertébrale de notre politique.
Ce crédit d’impôt, nous l’avions créé en 2007 pour sauver la filière, alors que deux emplois sur trois avaient été détruits.
C’est cette mesure qui permet à toute la filière de continuer à créer, à innover, à se structurer. C’est vital !
Et ça marche. Les quelque 200 studios qui bénéficient du crédit d’impôt ont permis à notre industrie du jeu vidéo de retrouver sa croissance. En 10 ans, le chiffre d’affaires a plus que doublé, pour atteindre près de 4 milliards d’euros.
En termes d’emplois, nous sommes passés de 3500 emplois en 2010 à 14 000 aujourd’hui. Ce sont des emplois permanents, hautement qualifiés, particulièrement attractifs pour nos jeunes.
Et d’ailleurs, nous devons aussi cette réussite aux excellentes formations dont la France s’est dotée. Désormais, la moitié des jeunes en sortie d’école trouvent des débouchés professionnels en France, parfois tout près de leur école, là où se sont développés des bassins d’emplois.
Cette politique du jeu vidéo, c’est un succès français, et c’est important de le dire aujourd’hui, alors que le jeu vidéo français présente encore un potentiel de développement considérable, tout en restant trop vulnérable.
Dans le monde entier, d’autres pays ont développé des politiques très agressives pour attirer les acteurs du secteur, parfois au mépris des règles de libre concurrence, et tout ceci dans un contexte international difficile.
Je vous le dis : l’État est plus que jamais à vos côtés. Pour vous soutenir, mais aussi pour mieux vous accompagner face aux aléas extérieurs, car c’est un vrai enjeu de souveraineté.
D’autant que les difficultés économiques présentes s’ajoutent aux nombreux défis structurels qui existaient déjà.
Je pense à la question de la diversité sociale des profils et des talents.
Je pense à la parité.
Je pense à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, dans une industrie qui ne compte que 22% de femmes, mais où celles-ci peuvent connaître des situations de discrimination ou de harcèlement.
Je pense aussi bien sûr à la transition écologique et au développement de l’intelligence artificielle.
Pour relever ces défis, il faut d’abord mettre en place des plans de formation ambitieux, au bénéfice de tous les salariés du secteur, en tenant compte des spécificités des métiers du jeu vidéo.
Je souhaite aussi continuer à structurer la filière. Nous sommes, j’ai envie de dire, au moment de la maturité : il nous faut notamment définir plus clairement les métiers, à travers le dialogue entre employeurs et salariés, mais aussi grâce à la formation continue.
C’est aussi pour faire rayonner cet écosystème que le ministère a lancé la marque « Game France », opérée par le CNC.
L’idée, c’est d’avoir une vraie bannière commune, une vraie Équipe de France, à la manière de ce qui peut être fait pour la French Tech. C’est de concevoir une véritable stratégie à long terme pour conquérir le marché international, en construisant une feuille de route avec tous les représentants de la filière, en renforçant la présence française sur les salons internationaux et en musclant notre communication collective. Et c’est aussi une logique de guichet unique, pour centraliser toute l’information disponible et gagner en efficacité, et on sait comme c’est important.
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Mesdames et Messieurs, la France va continuer de miser sur votre filière, parce que nous avons une industrie qui le mérite et qui fait briller notre pays dans le monde du jeu vidéo.
Mais aussi parce que tout cet écosystème très innovant nous permet de porter de grandes et belles œuvres de création.
Je pense bien entendu à Assassin’s Creed Mirage, le dernier-né d’une saga déjà mythique, entièrement développé à Bordeaux, dans les locaux d’Ubisoft.
La reconstitution de la Bagdad du neuvième siècle est tellement incroyable que c’est actuellement l’objet d’une exposition à l’Institut du Monde arabe.
Il y aurait bien d’autres exemples à donner, parce que le jeu vidéo aujourd’hui, c’est de la culture.
Et en tant que ministre de la Culture, vous pouvez compter sur moi pour être à vos côtés.
Je vous remercie.