Seul le prononcé fait foi
Madame la ministre d’État, chère Élisabeth Borne,
Monsieur le préfet, cher Alexandre Brugère
Madame la sénatrice, chère Isabelle Florenne
Mesdames les députées, chère Sabrina Sebaihi, chère Céline Calvez, chère Géraldine Bannier,
Monsieur le recteur, cher Étienne Champion
Monsieur le maire de Suresnes, cher Guillaume Boudy,
Madame la directrice générale des médias et industries culturelles, chère Florence Philbert,
Mesdames et Messieurs,
À la veille des grandes vacances, ce moment si propice à la lecture, je crois qu’il n’y avait pas de meilleure occasion pour parler, avec toi chère Élisabeth, du plaisir de lire et de la manière dont les jeunes l’appréhendent aujourd’hui.
Nous sommes dans un lieu qui propose des conditions d’accueil de très grande qualité aux lecteurs, dans une ville qui compte une part importante de logements sociaux. Une ville qui, avec ses écoles et sa médiathèque, a participé à « Cet été Je lis », opération lancée il y a quelques semaines pour que les élèves du primaire partent en congés avec des livres. C’est un bel exemple de collaboration entre l’approche culturelle et l’approche éducative de la lecture. Merci, monsieur le Maire, de votre accueil.
Mesdames et messieurs, les constats convergent : les jeunes lisent de moins en moins. L’étude annuelle du Centre national du livre le montre : près d’un sur cinq ne lit pas du tout dans le cadre des loisirs.
Le décrochage est encore plus important à l’adolescence et en particulier chez les garçons.
Chaque jour, les jeunes consacrent dix fois moins de temps à la lecture qu’aux écrans : 19 minutes en moyenne, contre 200 minutes c’est-à-dire plus de trois heures.
Face à ce constat, nous avons le devoir d’agir.
Nous pouvons déjà nous appuyer sur une politique publique de la lecture solide à plusieurs niveaux.
D’abord les collectivités territoriales, les communes et les départements, qui portent notre réseau de bibliothèques.
Entre 1980 et 2024, leur nombre a été multiplié par 9 : 16 000 médiathèques et points lecture sont animés par 30 000 salariés. C’est le premier réseau de diffusion culturelle du territoire et les collectivités territoriales leur consacrent chaque année 1,7 milliards d’euros.
Le Printemps de la ruralité que j’ai lancé l’année dernière a montré qu’elles couvraient largement les territoires ruraux et qu’elles étaient pratiquement les seules à le faire. Et elles le font grâce à la mobilisation remarquable de 60 000 bénévoles qui animent médiathèques et festivals de lecture.
Ensuite, il y a bien sûr les associations qui jouent un rôle fondamental dans le développement de la lecture. Certaines sont avec nous aujourd’hui, et je les en remercie. Elles interviennent là aussi aux côtés des médiathèques dont elles sont le plus souvent partenaires. En plus des réseaux nationaux, les associations locales y œuvrent, avec le soutien financier des DRAC.
L’autre atout qui est le nôtre, c’est évidemment la qualité de notre littérature contemporaine pour la jeunesse et la constante inventivité de ses éditeurs et de ses auteurs. L’édition française a su renouveler ses formes et ses propositions et ce segment est l’un de ceux qui résiste le mieux dans notre industrie du livre.
Pourtant le constat est clair, je l’ai partagé avec vous : la lecture recule.
Pour comprendre et pour agir, nous avons voulu avec la ministre d’État cet exercice inédit que sont les états généraux de la lecture. Ils s’intéresseront aux jeunes, du premier âge à leur sortie du lycée et mobiliseront l’ensemble de nos concitoyens autour de ce débat de société.
Le Premier ministre a partagé son discours de politique générale l’urgence de mener le combat pour diffuser le goût de la lecture.
C’est exactement ce que nous faisons avec ces états généraux.
En premier lieu, ils sont conçus pour donner la parole aux jeunes ; il faudra non seulement les mobiliser mais il faudra surtout les entendre. Nous sonderons la jeunesse et ses attentes par différents moyens et canaux, en lui demandant ce qu’elle pense de la lecture, et pas seulement de la lecture des livres.
Dans cet exercice, je souhaite que l’on mobilise les équipes du Pass Culture, je sais la relation de proximité qu’elles ont noué avec les jeunes et leur aide sera particulièrement précieuse.
En deuxième lieu, ces États généraux doivent être une contribution à la mise en œuvre des recommandations de la commission chargée d’étudier le rôle des écrans dans la vie des jeunes.
Mais la régulation des écrans n’est qu’un aspect de notre problématique car il faut aussi conduire les jeunes à la lecture. À nous donc d’offrir des occasions de lire, d’inciter les parents à partager des moments de lecture avec les enfants et de prendre exemple sur les initiatives de nos bibliothèques et de nos médiathèques.
En troisième lieu, il faut nous appuyer sur nos forces. Elles sont nombreuses et je viens de les énumérer.
Ces forces, il faut les mettre en commun. Tous les services publics, tous les acteurs de l’enfance doivent s’unir pour travailler ensemble au service de la lecture.
Parmi eux, il y a bien sûr les maires. Ce n’est pas un hasard si nous sommes venus voir l’un d’entre eux. À Suresnes comme ailleurs, le maire préside aux destinées des bibliothèques, mais aussi des écoles et des centres de loisirs où tant d’enfants des écoles terminent leurs journées. C’est en permettant à ces services de travailler tous ensemble que nous progresserons.
Enfin, ces états généraux doivent être guidés par quelques principes.
Le premier principe, c’est qu’il faut agir à chaque âge, dès la petite enfance lors 1 000 premiers jours mais aussi pendant la période d’apprentissage de la lecture, puis à l’adolescence qui est le moment du décrochage de la lecture. Le dispositif « Ma première carte de bibliothèque » que nous avons inauguré aujourd’hui invite les parents à prendre dès la petite enfance des habitudes de lecture, de texte ou d’images, avec leurs enfants.
Deuxième principe : il faut donner envie de lire aux jeunes là où ils se trouvent. Que ce soit dans leurs familles, dans les classes, pendant le temps péri ou extra-scolaire, nous irons vers eux.
Enfin, nous ne sommes pas tous égaux face à la lecture et certains y ont accès plus facilement que d’autres. Pour cette raison, il faut cibler davantage les classes populaires, les zones rurales et les quartiers prioritaires de la ville. Car si la baisse est générale, celle des classes populaires est proportionnellement plus importante.
Avec Élisabeth Borne, nous avons souhaité confier la responsabilité des travaux au directeur du livre du ministère de la Culture, Nicolas Georges. Excellent connaisseur du livre et de nos politiques publiques, il sera entouré pour ses travaux d’un comité de pilotage composé d’experts des métiers du livre, et d’enseignants.
Un point d’étape sera réalisé le premier week-end d’octobre lors de l’opération « Biblis en folie » portée par le ministère de la Culture, et la restitution de ces travaux aura lieu à la fin de l’année au moment du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil.
Mesdames et Messieurs, ces états généraux constituent le point de départ d’une ambition renouvelée pour la lecture et pour la jeunesse. A nous toutes et tous de nous en saisir pour renouer avec le goût et le plaisir de lire : nous comptons sur vous !