Rachida DATI, ministre de la Culture, se félicite de la perspective de l’entrée dans les collections du musée national de Céramique à Sèvres de deux pièces issues du prestigieux service de la laiterie de Rambouillet, destinées à la reine Marie-Antoinette, qui ont fait l’objet d’une décision ministérielle de refus de certificat d’exportation en 2022, après avis favorable de la Commission consultative des trésors nationaux.
Ces trésors nationaux témoignent d’une des plus ambitieuses commandes à la Manufacture de Sèvres et constituent, par leur qualité d’exécution, leur provenance prestigieuse et leur grande rareté des jalons incontournables dans l’histoire des arts décoratifs français. Le pot à lait « à anse relevé » et le sucrier rond, aussi nommé « jatte à sucre », font partie d’un service en porcelaine réalisé à la Manufacture de Sèvres et comprenant 65 pièces livrées en 1787 et 1788.
Cet ensemble, véritablement mythique et connu dans le monde entier en raison de sa destinataire, la reine Marie-Antoinette, et de son commanditaire, Louis XVI, était destiné à la laiterie du domaine de Rambouillet construite à la demande du roi pour son épouse. Novateur et emblématique du tournant néoclassique que connait la Manufacture de Sèvres dans les années 1780, le service est le fruit de la collaboration de plusieurs artistes : Jean-Jacques Lagrenée le Jeune (1739-1821) et Louis-Simon Boizot (1743-1809) en ont assuré la conception sous la direction du peintre Hubert Robert (1733-1808). La commande fut supervisée par le comte d’Angiviller, directeur général des Bâtiments du roi, responsable de la Manufacture de Sèvres, gouverneur et administrateur du domaine de Rambouillet.
Écrin très en vogue à la fin du XVIIIe siècle et véritable temple dédié au lait, les laiteries offraient un cadre à la fois luxueux et champêtre pour la consommation de laitages.
Ces deux pièces étaient auparavant connues uniquement par un dessin conservé dans les archives de la Manufacture de Sèvres. Leur redécouverte représente donc un événement majeur pour la connaissance du service.
Elles présentent un délicat fond violet rehaussé de motifs de chèvres et de guirlandes végétales, qui font écho au cadre dans lequel ces pièces étaient utilisées. L’originalité des pièces réside dans leurs formes, qui bousculent les codes des services habituellement fabriqués à la Manufacture en cette fin du XVIIIe siècle. Elles sont inspirées de céramiques antiques issues de la collection de Dominique Vivant Denon (1747-1825), acquises par Louis XVI et envoyées à Sèvres pour servir de modèles aux artistes de la Manufacture. De plus, leurs dimensions imposantes sont inédites pour de tels objets et invitent à s’interroger sur l’usage réel qui en était fait.
Le musée national de Céramique à Sèvres, lieu unique de création et de préservation d’un patrimoine exceptionnel, seul capable de retracer toutes les étapes du processus de création et de fabrication du service en lien avec la Manufacture, est l’institution qui conserve et présente au public le plus grand nombre de pièces de ce service dans le monde, cinq pièces. Depuis le XIXe siècle, il cherche à reconstituer ce service, témoin à la fois des derniers feux de la manufacture royale de porcelaine à la veille de la Révolution et commande prestigieuse destinée à la Couronne. Enrichir ce service permet de continuer d’écrire cette page d’histoire, vivifiée par la manufacture nationale de Sèvres qui continue de nos jours à fabriquer l’une des pièces les plus célèbres de ce service, le bol sein.
La Ministre se félicite que l'acquisition de ces pièces ait été rendue possible grâce au soutien du Fonds du patrimoine, géré par le service des musées de France, et l'important mécénat de Hantang Culture.
Rachida DATI, ministre de la Culture, déclare : « Je suis très heureuse, à l’occasion de la venue de Mme Jessica Yu en France, de pouvoir la remercier vivement de son mécénat en faveur de l’enrichissement du patrimoine national, qui vient s’ajouter à d’autres actions déjà réalisées, comme pour la restauration de loges de l’Opéra Garnier. Aujourd’hui, c’est autour de la porcelaine, un formidable trait d’union entre la France et la Chine, qu’elle s’est mobilisée. Je me réjouis que cette acquisition, très prochainement finalisée, ait reçu en complément un soutien déterminant du Fonds du patrimoine. L’entrée dans les collections du musée national de Céramique de ces pièces rares d’un service très renommé, notamment par son lien avec Marie-Antoinette, manifeste l’excellence du savoir-faire français qui se perpétue aujourd’hui encore dans la production de la Manufacture. »