Le mobilier de l’appartement de Le Corbusier, conservé aux derniers étages de l’immeuble Molitor à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), a été classé en tant qu’ensemble historique mobilier avec servitude de maintien dans les lieux, sur proposition de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France, par arrêté de la ministre de la Culture, Rachida Dati, le 20 février 2025.
L’appartement occupé par Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, jusqu’à sa mort, en 1965, se situe aux deux derniers niveaux de l’immeuble construit avec son cousin et associé Pierre Jeanneret à la porte Molitor, au début des années 1930, à la limite entre Paris (75) et Boulogne-Billancourt (92). La Fondation Le Corbusier, légataire universel de l’architecte, en charge de sa conservation, son entretien, et son ouverture au public initiée en 1991, en est propriétaire. Elle gère depuis la mort de l’architecte cet espace de vie et de travail, devenu lieu de mémoire. Entre 1965 et 1991, André Wogensky, chef d’agence de l’atelier de Le Corbusier rue de Sèvres, le loue à la Fondation pour y installer son agence et l’ouvre aux amateurs.
Des premières protections de l’édifice depuis 1972
L’immeuble Molitor bénéficie de plusieurs protections juridiques. L’appartement de Le Corbusier est classé monument historique en 1972, suivi de l’inscription de la façade et de la toiture. En 1990, cette protection s’étend aux façades, couvertures, courettes et hall d’entrée. Classé en totalité en 2017 (hors appartements privés), il reçoit en 2011 le label Maison des Illustres et rejoint en 2016 la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO dans la série transnationale qui comprend seize autres œuvres.
Un classement comme ensemble historique mobilier
Jusqu’à présent, le mobilier de l’appartement n’était pas protégé, bien qu’il fasse partie intégrante de l’œuvre, comme l’attestent les écrits de Le Corbusier. Depuis son décès, plusieurs éléments ont disparu, dont tapis, lampes, fauteuils, chaises et étagères Strafor.
L’aménagement intérieur de l’appartement illustre l’évolution de Le Corbusier. On y retrouve du mobilier intégré, comme les meubles de cuisine, placards et étagères, ainsi qu’un bureau ajouté en 1939. L’architecte innove en libérant certains éléments de l’espace architectural et en utilisant des matériaux comme le béton, le contreplaqué et le métal. Il fixe au mur des pièces comme le lit, tandis que sur la terrasse, les bancs en béton alternent entre fixité et mobilité, prolongeant l’architecture.
Le mobilier de l’appartement allie pièces anciennes, mobilier industriel et créations personnelles. D’abord adepte des objets-types, Le Corbusier conçoit dès 1925, avec Jeanneret, un « équipement de la maison » incluant des casiers standards. En 1928, avec Jeanneret et Perriand, il crée des meubles en tube d’acier, dont la chaise longue et le fauteuil grand confort. L’atelier regroupe fauteuils en rotin, chaises métalliques et table ovale. Le salon abrite un canapé de 1934 et une table en marbre. La chambre comprend un lit mural métallique restauré en 2008. Côté éclairage, subsistent une lampe-projecteur, une tige métallique avec globe en verre et des néons ajoutés après 1950.
Annexe : Liste des objets mobiliers classés au titre des monuments historiques
- Meuble d’horloger en bois naturel, composé de huit rangées de deux tiroirs, sous lesquelles se trouve un grand tiroir en partie basse ; soubassement peint en noir - anonyme, 19e ;
- Meuble d’horloger peint en blanc, composé de onze rangées de deux tiroirs de taille différente surmontant un grand tiroir en partie basse, les boutons sont en laiton, soubassement peint en noir - anonyme, 19e ;
- Table ovale reposant sur quatre pieds en gaine, plateau en deux parties, un tiroir en ceinture avec bouton en laiton - anonyme, 19e ;
- Chevalet de peintre réglable ; piétement en H reposant sur des roulettes - anonyme, 19e ;
- Bibliothèque double-face composée d’un côté de sept tablettes fixes et de l’autre côté d’un système de crémaillères et d’équerres pour étagères mobiles conçue par Le Corbusier, 20e ;
- Fauteuil grand confort, grand modèle conçu par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, 1928 ;
- Canapé, structure en acier avec système entrecroisé de ressorts, grand coussin pour l’assise et trois coussins pour le dossier, conçu par Le Corbusier, 1934 ;
- Chaise longue basculante avec système de ressorts, d’après un modèle conçu par Le Corbusier et Charlotte Perriand, 1954 ;
- Table basse « Tronc d’arbre » conçue par Le Corbusier, avant 1944 ;
- Étagère murale conçue par Le Corbusier, 1935 ;
- Table de salle à manger, plateau d’un seul tenant reposant sur deux pieds en corolle, conçue par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand , 1934 ;
- Deux fauteuils de bureau modèle B-9 - anonyme, avant 1937 ;
- Fauteuil de bureau, modèle 1224 ;
- Lit deux places conçu par Le Corbusier ; tubes et cadre métalliques peints, sommier Marine à lattes de métal et de ressorts, tête de lit - anonyme, 1934 ;
- Lampe projecteur d’applique - anonyme, 20e ;
- Rampe lumineuse, possiblement conçue par Le Corbusier, 20e ;
- Ensemble de 11 accessoires de salle de bains composé des éléments suivants :
- Trois porte-gobelets, provenant du Bon Marché ;
- Deux porte-éponges, provenant du Bon Marché ;
- Un crochet pour serviette et gant, provenant du Bon Marché ;
- Un porte-savon, provenant du Bon Marché ;
- Un porte-serviette, provenant du Bon Marché
- Un porte-serviette, provenant du Bazar de l’Hôtel-de-Ville
- Un porte-savon, provenant du Bazar de l’Hôtel de Ville ;
- Un porte-serviette de provenance inconnue ;
- Ensemble de trois miroirs rectangulaires avec cadre peint en terre d’ombre brulée conçu par Le Corbusier, 20e ;
- Miroir de rasage s’attachant au robinet - anonyme, 20e ;
- Deux bancs rectangulaires de terrasse en béton conçus par Le Corbusier, 20e.