Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, annonce l’entrée d’un trésor national dans les collections du musée du Louvre
Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, annonce l’entrée dans les collections du musée du Louvre d’une aiguière aux armes et emblèmes d’Isabelle d’Este, œuvre de Nicola di Gabriele Sbraghe, dit Nicola da Urbino (vers 1480-1537 ou 1538).
Pièce unique et d’une admirable qualité, l’aiguière a fait l’objet, après un avis favorable de la Commission consultative des trésors nationaux, d’une décision ministérielle de refus de certificat en date du 31 mai 2023, lui conférant le statut de trésor national. Réapparue la même année à l’occasion de la vente des collections Rothschild, dans lesquelles elle est connue depuis le 19e siècle, longtemps mythique pour les spécialistes, cette œuvre au programme iconographique complexe appartient à l’un des services de majolique les plus emblématiques de la Renaissance italienne, dont on connait seulement vingt-quatre éléments à travers le monde. Outre ses qualités d’exécution, ce service est célèbre pour avoir été réalisé pour Isabelle d’Este, marquise de Mantoue (1474-1539), personnalité renommée de son temps, collectionneuse et grande mécène des arts.
Cette aiguière constitue un objet caractéristique de la production de Nicola di Gabriele Sbraghe, signant Nicola da Urbino, peintre et chef d’un atelier actif dans la capitale du duché de 1520 à sa mort, qui a porté l’art de la majolique illustrée de scènes figurées (istoriato) à son plus haut niveau dans les années 1520, par ses compositions équilibrées et inspirées des œuvres des plus grands artistes de son époque, principalement Raphaël, lui aussi natif d’Urbino.
L’œuvre, revêtue du blason aux armes d’Isabelle d’Este, présente un décor peint en polychromie sur fond bleu, dont le vocabulaire décoratif est celui des « grotesques sur fond coloré » qui apparaît dans les majoliques à la fin du 15e siècle et connaît un grand succès jusqu’aux années 1560. Objet de prestige s’il en est, sans doute rarement utilisé en dépit de sa forme usuelle, ce chef-d’œuvre raconte aussi le succès que ces « images » énigmatiques, dotées d’une signification symbolique, parfois difficile à déchiffrer, eurent auprès d’une clientèle humaniste cultivée.
Résultant de l’une des plus prestigieuses commandes depuis le retour au pouvoir au duché d’Urbino de Francesco Maria Della Rovere en 1521, réalisée par le maître des peintres décorateurs d’Urbino, l’aiguière acquise, unique pièce de forme connue parmi le service, permet au Louvre, qui en détenait déjà trois pièces, de conserver ainsi la plus importante réunion au monde de vaisselle liée à Isabelle d’Este, l’une des grandes femmes de pouvoir du 16e siècle.
Cette acquisition a été rendue possible grâce à la générosité de la Société des Amis du Louvre, que la ministre de la Culture tient à remercier pour son engagement constant dans l’enrichissement des collections nationales, venant en appui de la politique ambitieuse d’acquisition portée par la présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars.